Des actions multidimensionnelles pour l’humanisation de la prison

Journée du détenu

Le Maroc qui célèbre le 9 décembre la Journée nationale du détenu a fait de l’humanisation des conditions de détention un axe majeur du respect des droits humains, en engageant des programmes et des initiatives de nature à préserver la dignité des pensionnaires de ces établissements, les aider et les accompagner pour retrouver la société en bons citoyens.

La Délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), organe chargé de l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique carcérale, a intensifié les efforts pour gagner le pari de l’humanisation des conditions de détention et l’intégration post-carcérale, en focalisant son travail sur l’éducation, l’alphabétisation, la formation professionnelle et artistique, s’appuyant sur l’organisation d’activités sportives, culturelles et religieuses.
Le cadre juridique et institutionnel au Maroc a connu de grandes réformes touchant différents domaines, dont la gestion pénitentiaire qui vit depuis des années au rythme de profondes mutations à la fois juridiques et institutionnelles, relève à ce propos Lhoussaine Rachid, avocat agréé près la Cour de cassation.

On enregistre, à partir des années 1999, un saut qualitatif dans la gestion pénitentiaire par la consécration des droits fondamentaux des détenus, l’adoption de règles minima de traitement des personnes incarcérées, la lutte contre la violence, la torture et les pratiques similaires et la définition de règles de conduite pour les fonctionnaires du secteur, souligne M. Rachid dans une déclaration à la MAP.

Sous cet angle, les établissements pénitentiaires se chargent de l’exécution des peines privatives de liberté, tout en conciliant la pénitence et la dissuasion des délinquants, a expliqué M. Rachid, précisant que cette dernière passe par leur réhabilitation à la réinsertion pour leur permettre de mener une vie responsable et de prévenir la récidive.
Les autorités en charge de ces établissements sont, à leur tour, conscientes qu’elles sont appelées à se conformer à un ensemble d’exigences se rapportant au respect des droits et de la dignité des détenus, qui demeurent des citoyens jouissant des droits garantis par la loi, fait-il observer.

En effet, ce développement juridique et institutionnel est illustré par différents programmes et initiatives mettant l’humanisation des prisons au centre des préoccupations. Une orientation qui s’est particulièrement manifestée avec le contexte sanitaire difficile de la Covid-19, durant lequel la DGPAR s’est employée à protéger la population carcérale par tous les moyens disponibles, notamment une vaste campagne de sensibilisation et de communication autour de l’importance de la vaccination.

Cette opération, qui a convaincu environ 92 % de détenus de se faire vacciner (chiffres de la mi-octobre 2021), a été la plus récente action d’une série de mesures d’envergure visant à prémunir les prisons et d’enrayer la propagation du nouveau coronavirus, dans le cadre d’un plan proactif ayant couvert différents aspects, notamment humain, financier, logistique, sanitaire, sécuritaire et de qualification.

De même, pour atténuer l’impact de la pandémie sur les fonctionnaires et les pensionnaires des établissements, la Délégation générale a lancé la plateforme électronique « PSY – DGAPR » destinée à l’accompagnement psychologique à distance et a pris des dispositions sécuritaires exceptionnelles pour lutter contre la covid-19, de sorte à intervenir avec la célérité et l’efficacité nécessaires à la préservation de la sécurité des détenus et des fonctionnaires sur un même pied d’égalité.

Au-delà de cette conjoncture, plusieurs initiatives sont menées dans le but de préserver la santé des détenus. On peut noter la création d’unités régionales d’hémodialyse au sein de certains établissements pénitentiaires, fruit d’un partenariat entre le ministère de la Santé, l’Initiative nationale pour le Développement humain (INDH), la DGAPR, la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus et la Fondation Amal pour l’hémodialyse et œuvres sociales.
Les autorités pénitentiaires veillent également à prévenir certaines maladies infectieuses, comme la tuberculose, qui fait l’objet de campagnes médicales de dépistage et de contrôles continus grâce auxquels la situation sanitaire relative à la tuberculose dans les établissements pénitentiaires est « maîtrisable ».

Il s’agit de contribuer aux efforts du Maroc dans la perspective de mettre fin à cette maladie dans l’horizon de 2030, sachant qu’il enregistre annuellement entre 27.000 et 30.000 nouveaux cas de tuberculose. Pour ce faire, la DGAPR a mis en place 17 laboratoires de dépistage aux côtés des deux unités qu’elle possède.
De plus, l’enseignement, outil très efficace de réinsertion des détenus, jouit d’un intérêt particulier permettant à plusieurs d’entre eux de suivre leurs études malgré l’incarcération. D’ailleurs, plus de la moitié des candidats purgeant une peine a pu obtenir son bac au titre de l’année scolaire 2020-2021 (54,55 %), dont 97 % avec les mentions de « Assez bien » à « Très bien ».

L’insertion par l’enseignement se matérialise encore plus à travers certaines initiatives, notamment l’Université dans les établissements pénitentiaires, dont la 9-ème édition a été lancée en octobre dernier. Lancée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette université automnale vise, entre autres, l’insertion socio-économique des détenus, leur participation au développement, la préservation de leur dignité et le renforcement de leur citoyenneté.

L’accent a également été mis sur la formation du personnel des établissements pénitentiaires aux valeurs des droits de l’Homme, qui constitue un préalable essentiel pour l’humanisation de l’univers carcéral. Ainsi, on relève une omniprésence des questions des droits humains dans les programmes de formation et d’instruction des cadres et fonctionnaires de la DGAPR, avec comme objectif de les former et de mieux les outiller pour une mise en œuvre effective des concepts de la réhabilitation et de la réinsertion.

Toujours dans le cadre des efforts visant à professionnaliser les métiers de l’administration pénitentiaire, un guide sur la gestion des grèves de la faim au sein des établissements pénitentiaires a été présenté, début juin, avec pour objectif de normaliser et standardiser le traitement de ces situations.

En se basant sur les acquis accomplis, le Maroc compte donner un nouveau souffle aux efforts d’humanisation de l’environnement carcéral, à travers l’élaboration d’un nouveau plan stratégique pour la période 2022-2026 visant à favoriser une nouvelle dynamique au sein de la DGAPR et atteindre des niveaux meilleurs d’efficacité.
Présenté en novembre devant la Commission de la justice, de la législation et des droits de l’Homme de la Chambre des représentants, ce plan émane du souci de la Délégation d’accompagner en permanence les changements politiques et sociaux que connait le Maroc.

De même, une stratégie nationale de santé en milieu carcéral pour la période 2022/2026 est élaborée en collaboration avec le ministère de la Santé et de la protection sociale, avec le soutien du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dans le but de renforcer la protection sanitaire des détenus et d’assurer leur accès aux services de soins.

Cette stratégie, qui vient consolider les acquis des stratégies antérieures, définit le cadre d’action commune de la Délégation et de l’ensemble des intervenants dans le domaine de la protection sanitaire des détenus, l’objectif étant de leur fournir une protection sanitaire appropriée durant toute la période d’incarcération et même après leur libération.

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