Des associations françaises accusées de complicité de génocide

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Le génocide en cours dans l’enclave palestinienne de Gaza ayant envahi toutes les sphères de la vie sociale et politique en France, un document de 70 pages renfermant une plainte contre X « pour complicité de génocide et incitation à la commission d’un génocide contre la population palestinienne à Gaza » a été déposée, ce mardi, auprès du Tribunal Judiciaire de Paris, par l’Union Juive Française pour la Paix (UFJP) et Urgence Palestine (UP), dûment représentées par Maîtres Damia Taharraoui et Marion Lafouge, contre des responsables des associations pro-israéliennes françaises  « Israël is forever » et « Tzav-9 ».

Ces associations sont accusées de « l’organisation, la participation et l’appel à participer à des actions concrètes de blocage de l’aide alimentaire à destination du territoire occupé de Gaza, notamment en empêchant physiquement le passage des camions aux postes-frontières contrôlés par l’armée israélienne ».

Le document soumis à l’appréciation des juges affirme qu’en Janvier, des citoyens français, présents en Israël, et appartenant aux associations pro-israéliennes précitées, avaient participé à des actions de blocage des rares camions qui transportaient de l’aide humanitaire destinée aux palestiniens de Gaza et contribué, ainsi, à aggraver leurs conditions d’existence.

Après avoir indiqué que « cette soumission délibérée de la population gazaouie à des conditions d’existence de nature à entraîner sa destruction, et plus particulièrement l’utilisation de la famine, caractérise, tant selon le droit international que selon le droit français, le crime de génocide », le communiqué y afférent, a, également, précisé que « si la qualification juridique de génocide peut choquer », elle reste, néanmoins, « la plus appropriée au regard des faits commis ».

En déposant, devant la justice française, cette plainte, qui est la première sous ce motif, qui reste le plus grave dans l’échelle du droit, et qui vient juste après le lancement, par la Cour pénale internationale de mandats d’arrêt pour « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre » contre le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou et son ancien ministre de la défense Yoav Gallant, les plaignantes se sont constituées parties civiles.

Leur objectif est de donner lieu à l’ouverture systématique d’une information judiciaire pour éviter que cette affaire ne soit classée sans suite, par le parquet national antiterroriste, également compétent en matière de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, pour « insuffisance de preuves » comme le fut la plainte qui, en avril dernier, avait visé un soldat franco-israélien « pour torture » même si le tribunal avait ouvert, plusieurs mois auparavant, une enquête « pour assassinats terroristes » portant sur l’attaque du 7-Octobre.

En s’appuyant, par ailleurs, sur des photos, des vidéos et des prises de paroles publiques, une seconde plainte accusant de « complicité de génocide » des responsables d’« Israël is Forever » pour avoir bloqué des véhicules humanitaires, a été déposée, ce mercredi, par l’association Avocats pour la Justice au Proche-Orient et la Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient (CAPJPO)-Europalestine.

Aussi, en considérant que « l’infraction de complicité de génocide apparaît comme étant l’expression pénale la plus juste pour qualifier les faits » incriminés, les avocats de CAPJPO Maîtres Matteo Bonaglia et Ala Adas, espèrent « que les juridictions françaises » qui ont été saisies, « trouveront le courage » nécessaire pour instruire, sous cette qualification, les dossiers qui leur ont été présentés. Vont-elles y parvenir ? Attendons pour voir…

Top