Des attentes en 2019 pour honorer les engagements

Noureddine Bouchikhi

Le gouvernement de Saâd Dine El Otmani, qui a œuvré inlassablement en 2018 à mettre en œuvre le programme gouvernemental portant, notamment sur la promotion des secteurs économiques et sociaux, s’est trouvé confronté à de grandes attentes sociales, dont l’amélioration des services publics et du pouvoir d’achat des citoyens.

Ces défis portent principalement sur le développement de l’économie marocaine, la promotion du secteur industriel et le soutien de nouveaux secteurs à forte valeur ajoutée, ainsi que le rétablissement de la confiance des citoyens dans les institutions.

Ainsi, sur le plan socio-économique, le gouvernement s’est fixé des objectifs « réels et réalisables » ayant un impact direct sur le taux de croissance et la vie quotidienne des citoyens. En effet, l’exécutif prévoit de réaliser un taux de croissance de 3,2 %, de contenir l’inflation à moins de 2% et d’assurer la stabilité des équilibres financiers, à travers le maintien du déficit à 3,3%.

De même, le gouvernement s’est engagé à poursuivre les réformes structurelles visant à améliorer la situation économique et financière, partant de sa conviction de la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des réformes fondamentales contenues dans sa Déclaration, notamment en matière de gouvernance, de climat des affaires, d’enseignement, d’emploi et de promotion de l’investissement.

Des concrétisations conformes au programme de gouvernement

Mais, qu’en est-il de la réalisation de ces objectifs en 2018 ? Certes, le gouvernement a entrepris une série de mesures contenues dans son programme, notamment en matière d’investissement, de promotion du secteur industriel et de l’entreprise et ce, à travers la poursuite de la mise en œuvre du Plan d’accélération industrielle 2014-2020. L’objectif étant de rehausser les exportations et réduire le déficit commercial, qui s’est aggravé de 8,2% à plus de 152,2 MMDH à fin septembre 2018, contre 140,7 MMDH durant la même période un an auparavant, selon l’Office des changes.

Dans ce sens, M. El Otmani a déclaré, récemment à la Chambre des représentants, que le taux de croissance devrait s’établir à 3,6% en 2018, grâce à la bonne tenue de la valeur ajoutée du secteur agricole, qui connaîtra une hausse estimée à 5% et à l’amélioration de la valeur ajoutée des activités non agricoles de 3,2%.

Dans la même lignée, le gouvernement a accéléré l’élaboration d’une série de réformes portant sur l’amélioration du climat des affaires et l’incitation des investissements, notamment publics, qui devrait atteindre 195 MMDH en 2018, contre 180 MMDH en 2017, en plus de l’investissement dans les infrastructures et le soutien des entreprises via l’augmentation des subventions des fonds d’investissement. Dans ce cadre, le gouvernement a mis en place un ensemble d’incitations fiscales pour soutenir les entreprises, en particulier les auto-entrepreneurs et les micro-entrepreneurs.

Concernant l’industrialisation, l’entreprise et l’investissement, les travaux de construction du premier site de production de systèmes de direction sur le continent africain du groupe japonais JTEKT Corporation ont été lancés, avec un investissement de 20 millions d’euro, et une capacité annuelle de 300.000 systèmes de direction assistée électrique destinés aux usines locales des constructeurs automobiles internationaux.

De même, le groupe allemand de câblage automobile Kromberg&Schubert a inauguré à Kénitra une nouvelle usine, réalisée pour un investissement de quelque 40 millions d’euros, qui devrait générer plus de 3.000 emplois, alors que le groupe français Novares, un fournisseur mondial de solutions plastiques automobiles, a inauguré, à Kénitra, dans le cadre du plan de l’accélération industrielle, son premier site de production en Afrique du Nord, pour un investissement de l’ordre de 20 millions d’euros.

Les flux d’investissement ont eu un impact positif sur le classement de l’indice de la facilité de faire des affaires (Doing Business), publié par la Banque mondiale, en ce sens que le Maroc a avancé de 9 places par rapport à l’année précédente, en passant de la 69-ème à la 60-ème position sur 190 pays. Le Royaume se positionne, par là même, au deuxième rang dans la région MENA et au troisième en Afrique.

Des améliorations et des chantiers

Cette évolution confirme l’amélioration graduelle de la performance du Royaume qui a gagné 68 places depuis 2010, alors qu’il occupait la 128-ème place à l’époque.

Loin d’être le fait du hasard, ce progrès significatif est le fruit d’un travail sérieux du gouvernement qui a lancé, ces dernières années, un certain nombre de chantiers de réforme portant, entre autres, sur la révision de textes juridiques et réglementaires, la simplification et la numérisation d’un ensemble de documents et de procédures, ainsi que la création et le développement de guichets uniques, afin de faciliter la relation de l’entreprise avec l’administration.

Dans ce contexte, l’exécutif s’est engagé à améliorer le climat des affaires, de sorte que le Maroc intègrerait en 2021, le top 50 du Doing Business.

Dans ce cadre, M. El Otmani a souligné que l’exécutif veillera, par le biais du Comité national de l’environnement des affaires, au développement et au renforcement des mécanismes d’écoute en direction du secteur privé. Ceci se fera à travers une série de mesures portant sur la mise en place d’un mécanisme électronique d’écoute des entrepreneurs. Ce mécanisme permettra de traiter les difficultés relatives au climat des affaires, l’établissement d’un dispositif d’évaluation du climat des affaires, à même d’inclure le secteur privé dans cette évaluation et la réalisation d’une enquête globale et périodique autour des entraves au développement du secteur privé.

Un mécanisme de travail conjoint entre les secteurs public et privé pour le développement économique et la création d’opportunités d’emploi verra le jour. Il sera composé de 4 groupes de travail thématiques, concernant principalement, l’emploi et le capital humain, la compétitivité de l’entreprise, la relation entre administration et entreprises, la fiscalité et les marchés publics.

Pour ce qui est des échanges commerciaux extérieurs en 2018, les exportations ont enregistré une progression de 11% à près de 201,5 MMDH durant les 9 premiers mois de 2018, selon les données de l’Office des changes, qui explique ce résultat par la progression des exportations de tous les secteurs, essentiellement celles du secteur automobile (+6,2 MMDH), des phosphates et dérivés (+5,4 MMDH) et de l’agriculture et agro-alimentaire (+2,4MMDH).

Ces trois secteurs contribuent à hauteur de 71% dans la hausse totale des exportations, précise la même source, ajoutant que les secteurs de l’aéronautique et du textile et cuir augmentent, respectivement, de +1,2 MMDH et de +1,3 MMDH.

L’accroissement des importations de 9,7% à environ 353,8 MMDH, à fin septembre 2018, est attribuable à l’augmentation des acquisitions de la totalité des groupes de produits, notamment des produits énergétiques (+19,4% à 9,8 MMDH), des achats de biens d’équipement (+10,3% à 8,04 MMDH) et de produits finis de consommation (+7,1% à 5,2 MMDH), relève l’Office, ajoutant que le taux de couverture s’est établi à 57% entre janvier et septembre 2018, au lieu de 56,3% un an auparavant.

Sur le plan social, le gouvernement n’a pas pu prendre des mesures énergiques qui auraient affecté des franges sociales plus larges, étant donné les difficultés d’élaboration de politiques sociales à large impact. Toutefois, il a participé à des réunions préparatoires avec des centrales syndicales et des représentants des employeurs pour activer le dialogue social en tant que « mécanisme nécessaire pour parvenir à la paix sociale et au développement économique et social du Royaume », comme l’a affirmé M. El Otmani.

Parmi les mesures mises en œuvre, la généralisation de la bourse aux étudiants de la formation professionnelle, ainsi que l’élargissement de la bourse de l’enseignement supérieur, qui profite désormais à 30.000 étudiants supplémentaires au titre de l’année 2017-2018.

En outre, afin de protéger les familles les plus vulnérables et dans un esprit de solidarité nationale, le gouvernement a élargi le dispositif d’appui aux veuves et femmes vulnérables, prenant en charge leurs enfants. Ce système bénéficie, aujourd’hui, à plus de 80.000 femmes en situation difficile et 140.000 enfants orphelins.

Le gouvernement s’est engagé, dans ce cadre, dans un processus d’élargissement de la couverture sociale, en vue d’atteindre une plus large couverture de la population en 2021, en particulier à travers la couverture médicale et la retraite des indépendants et non-salariés, la prise en charge des parents par la couverture sociale, ou encore la couverture médicale des étudiants, qui a démarré de manière effective.

Toujours, et avec le même souci d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages en général, et des salariés et fonctionnaires en particulier, le gouvernement a proposé, dans le cadre du dialogue social, une offre qui prévoit, entre autres, une hausse des salaires et des allocations familiales, sans oublier l’augmentation du seuil minimal des pensions des retraités de la CMR, qui a atteint 1.500 DH à partir de janvier 2018.

Des politiques sociales qui peinent…

En outre, et afin de garantir l’efficacité et l’efficience des politiques sociales, le gouvernement procède actuellement à une étude pour la mise en place d’un dispositif de ciblage des politiques sociales, basé sur un identifiant social unique, qui permettra de rendre l’ensemble des politiques sociales plus performantes et plus proches des attentes du citoyen, remplaçant le lourd système déclaratif par l’identification et l’appui automatique des ayants droits.
Dans le secteur de l’éducation, le budget alloué a atteint un record, dépassant les 60 MMDH, afin de permettre, d’une part, une opération de grande envergure de mise à niveau des établissements, et, d’autre part, une augmentation de 25% du budget d’appui social (transport, cantines, internats, programme Tayssir) pour réduire la déperdition scolaire.

Parallèlement, une opération inédite de recrutement de 35.000 enseignants contractuels a permis de réduire de manière significative l’encombrement scolaire.

Cette première opération a été suivie par le recrutement de 20.000 enseignants contractuels supplémentaires, qui ont suivi une formation spécifique en prévision de la rentrée (septembre 2018).

Ces mesures, tout importantes qu’elles soient, restent des composantes d’une réforme globale articulée autour de la Loi-cadre sur l’éducation-formation.

Dans le secteur de la santé, l’amélioration des services de santé a constitué également une priorité majeure. Pour pallier aux besoins en ressources humaines, le gouvernement a initié une opération inédite de recrutement de 4.000 personnes en une seule année, dont un record de 1.000 médecins. Le gouvernement s’est mobilisé pour assurer l’ouverture de 9 nouveaux hôpitaux dans des zones rurales et prioritaires.

A noter également l’acquisition de 120 unités médicales mobiles et 74 ambulances pour répondre aux besoins d’une prise en charge médicale urgente.

D’importantes actions ont été aussi entreprises pour améliorer la prise en charge du patient et le parcours de soins et poursuivre la réduction du prix des médicaments.

Concernant la promotion de l’emploi, le gouvernement a adopté des orientations portant sur le soutien à la création d’emplois, l’adéquation entre formation et besoins du marché du travail, l’intensification des programmes actifs d’emploi et d’appui à la médiation, ainsi que l’amélioration des conditions de travail et le soutien de la dimension régionale dans l’emploi.

À cet égard, un plan national de promotion de l’emploi a été élaboré. Il prévoit des mesures pratiques et incitatives visant à réduire la distance entre les demandeurs d’emploi et les opportunités d’intégration professionnelle, afin d’encourager les entreprises à s’intégrer, de les soutenir dans le processus d’emploi et d’appuyer les jeunes porteurs de projets.

Il sera également procédé à la révision du programme  »TAAHIL », à la lumière de l’étude d’évaluation qui prendra fin début 2019. De nouvelles formations seront inscrites dans ce programme, incluant notamment le numérique et les langues, tout en les reliant avec l’insertion professionnelle des bénéficiaires.

Ceci est un échantillon des plus importantes réalisations du gouvernement ayant un impact sur les citoyens et les acteurs économiques et sociaux. Toutefois, les chiffres à eux seuls ne suffisent pas à résoudre de multiples problèmes en lien avec les besoins urgents des citoyens, à même de leur assurer une vie digne.

(Les inter-titres sont de la rédaction d’Al Bayane)

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