Des problèmes majeurs de santé publique

Les maladies chroniques

Ouardirhi Abdelaziz

Le ministère de la Santé et de la Protection Sociale lance la campagne nationale de prévention des complications dues aux maladies chroniques : diabète et hypertension artérielle. Selon les estimations de l’OMS, plus d’un milliard de personnes souffrent d’hypertension au niveau mondial. Concernant le diabète, on relève que cette maladie affecte plus de 537 millions de personnes dans le monde en 2021 (soit 1 personne sur 10). Qu’en est-il au Maroc ?

HTA et Diabète : les liaisons dangereuses

L’hypertension est un problème de santé publique mondial. C’est l’une des principales causes de mortalité précoce dans le monde, à l’origine de près de 8 millions de décès par an, et ce problème prend de l’ampleur.

Plus d’un milliard de personnes souffrent d’hypertension. En 2008, au niveau mondial, la prévalence globale de l’hypertension chez l’adulte de 25 ans ou plus (y compris les personnes traitées pour ce problème) avoisinaient 40 %.

Le diabète est  l’un des principaux tueurs au monde, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette maladie constitue un problème de santé publique majeur et malgré les efforts de prévention, la pandémie se poursuit.

En 2021, le diabète affecte plus de 537 millions de personnes dans le monde (soit 1 personne sur 10). L’hypertension artérielle et le diabète sont deux pathologies fréquemment associées.

De manière générale, l’hypertension artérielle et le diabète partagent des causes communes, liées à l’augmentation de l’obésité et de la sédentarité. Ces deux maladies s’entretiennent également entre elles, une personne hypertendue présente en effet plus de risques de développer un diabète de type 2.

 En outre, ces deux maladies peuvent augmenter le risque de développer d’autres pathologies et être la cause de graves complications.

Ces maladies sont considérées à juste titre parmi les problèmes majeurs de santé publique au regard de leur forte prévalence et de leur constante augmentation. Elles constituent de ce fait une réelle préoccupation médicale, sociale et économique pour notre pays.

Des efforts louables, mais…

Au Maroc, les résultats de l’enquête prospective réalisée en 2000 par le ministère de la Santé ont donné une prévalence globale de l’HTA de 33,6% chez la population de plus de 20 ans.

La prévalence de l’HTA augmente significativement avec l’âge. Elle est de 53,8% chez les personnes âgées de plus de 40 ans et de 72,2% chez les 65 ans et plus.

Concernant le diabète, les données du ministère de la Santé  nous apprennent que le Maroc compterait aujourd’hui plus de 2.7 millions d’adultes diabétiques, dont 49% méconnaissent leur maladie et plus de 2.2 millions de pré-diabétiques et plus de 250.000 enfants diabétiques.

A cet égard, il faut savoir que le ministère de la Santé et de la Protection Sociale prend en charge plus d’un million de personnes diabétiques et plus de 1 800 000 malades hypertendus au niveau des établissements des soins de santé primaires.

C’est énorme lorsqu’on connait les couts nécessaires pour assurer la prise en charge d’un seul malade diabétique, ou d’un patient atteint d’HTA, deux maladies chroniques, des Affections de longue durée, qui ont un impact économique lourd  sur les caisses de l’assurance maladie. Surtout quand on sait que ces deux maladies ne cessent d’augmenter d’année en année pour ne pas dire de jour en jour.

Les comportements des citoyens, leur mode de vie alimentaire, l’obésité, le tabagisme, la sédentarité, sont autant de facteurs de risque sur lesquels nous pouvons agir.

Une responsabilité individuelle et collective

Les maladies chroniques ne sont plus seulement un problème médical ou de santé publique, mais aussi un problème de développement et une question politique, de choix raisonnés, de prises de décisions responsables, d’implications actives de toutes les forces politiques du Maroc, des institutions, des syndicats et associations …

Mais malheureusement, dès lors qu’il est question de prendre des décisions sensées susceptibles d’y remédier un tant soit peu à certains problèmes de santé, certains trouveront le moyen de contester la nécessité d’un changement de comportement, d’attitudes …..

Ces individus qui appartiennent à divers courants soutiendront que la progression des maladies cardiovasculaires, du diabète et du cancer est due aux choix personnels à la liberté de chacun, et personne ne peut ou n’a le droit de dire ce que chacun de nous doit ou ne doit pas faire.

Pour ces individus, les citoyens sont libres dans leurs choix, comme par exemple fumer, abuser de l’alcool, consommer une nourriture mauvaise pour leur santé ou rester assis devant la télé ou l’ordinateur.

Plaidoyer pour des actions coordonnées

Sauf que les conséquences, les complications inhérentes au diabète et a l’hypertension artérielle, sont parfois très graves, invalidantes, et même dramatiques. Surtout quand le patient arrive à un stade très avancé de la maladie, qui est le synonyme d’une prise en charge lourde en réanimation, dans les soins intensifs. Ce qui représente des coûts importants pour les caisses d’assurances maladies.

C’est dire toute l’importance que revêt la sensibilisation des citoyens concernant les maladies chroniques dont le diabète et l’hypertension artérielle (HTA).

Il est très clair que si nous voulons lutter efficacement contre les maladies chroniques, dont le diabète et l’HTA, deux maladies qui ne peuvent être maîtrisées qu’à travers des actions coordonnées et concertées entre les décideurs, les professionnels de santé et les différents partenaires, dont les patients eux-mêmes, puisque ces maladies impliquent à la fois une responsabilité individuelle et collective. En d’autres termes, nous devons impérativement tous agir, certes chacun à son niveau, mais surtout collectivement afin de développer nos modes de vies, nos comportements, nos agissements et donner une meilleur image à nos enfants, aux générations montantes.

Sensibiliser, éduquer, communiquer

En procédant au lancement de la campagne nationale de prévention des complications dues aux maladies chroniques: diabète et hypertension artérielle, le ministère de la Santé et de la Protection Sociale, entend transmettre à toutes et à tous un message clair.

Ce message consiste à savoir, qu’il est aujourd’hui clairement établi que le mode de vie sédentaire, les mauvaises habitudes alimentaires et l’obésité qui s’ensuit sont autant de facteurs prédictifs du risque cardiovasculaire, notamment du risque d’hypertension artérielle, souvent associé au diabète de type 2 lorsque ces facteurs s’additionnent dans le cadre d’un syndrome métabolique, avec un effet multiplicatif sur le risque cardiovasculaire global.

Cette campagne nationale de prévention des complications dues aux maladies chroniques se justifie donc par la nécessité vitale de sensibiliser les citoyens et de rappeler l’importance du diagnostic précoce du diabète et de l’hypertension artérielle chez les personnes à haut risque, lequel permet une prise en charge rapide pour éviter les complications.

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