Dopage: Ahizoune déclare la guerre totale

Une campagne nationale contre la mafia du dopage en milieu sportif est lancée. Et comme on pouvait l’imaginer, du moins ceux qui suivent ce dossier de près, seul Abdeslam Ahizoune est en mesure de le faire. L’homme est connu pour sa rigueur, sa fermeté et son respect indéfectible de la loi.

Quelques soient les alibis ou les raisons, le président Ahizoune ne peut pas supporter qu’on badine avec les règlements et procédures.  Mais Ahizoune, ne peut pas non plus se hasarder à déclencher des opérations mains propres sur la base de simples approximations, soupçons ou supputations. Depuis son arrivée à la tête de la fédération d’Athlétisme, le patron de Maroc Telecom avait identifié les poches du mal et les foyers de résistance qui nuisaient au sport national. Toutefois, Il a pris tout le temps nécessaire avant de saisir les autorités compétentes et initier une opération d’envergure nationale contre le dopage. C’est ainsi qu’en avril dernier, le directeur général de la FRMA d’athlétisme a déposé une plainte contre X pour trafic et consommation de produits dopants. Dernièrement, les médias nationaux ont rapporté que la police marocaine a arrêté des athlètes marocains et d’autres personnes soupçonnées d’implication dans un large réseau de dopage. « Après une plainte déposée par le président de la Fédération (Chakib Filali Adib) en avril 2016, des athlètes ont été arrêtés », a déclaré à l’AFP, Me Mohamed Nouri, membre du bureau de la FRMA. « Nous ignorons leur nombre jusqu’ici, parce que l’instruction est toujours en cours et il y a un secret d’enquête », a-t-il dit. « La police a arrêté la personne qui fournissait les produits dopants aux athlètes », a ajouté Me Nouri, disant s’attendre à ce que « d’autres noms surgissent ».

Des médias marocains ont fait état mardi de l’arrestation d’un athlète marocain résidant en Italie qui aurait fourni des produits dopants à d’autres athlètes marocains. Selon médias24, le très sérieux site d’information dirigé par Naceureddine Elafrit, , huit personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire, dont une athlète relevant du l’équipe de l’ASFAR. Médias24 a révélé, de son côté, que parmi les personnes impliquées figurent des « athlètes de plus ou moins haut niveau, en activité ou retraités », dont certains ont représenté l’équipe nationale marocaine.

Des cliniques et des pharmacies seraient également impliquées dans le réseau, a ajouté le site d’information, faisant état de produits dopants saisis suite à des perquisitions. Selon Nouri, la Fédération d’athlétisme avait déjà déposé deux plaintes « contre inconnu » en 2007 puis en 2013, mais qui sont restées sans suite. En 2012, un rapport de la Fédération d’athlétisme avait recensé 59 cas de dopage au Maroc en dix ans, dont les deux tiers n’évoluaient pas en sélection. Médias24 rapporte qu’une soixantaine d’athlètes sont concernés, dont la majeure partie sont soupçonnés d’usage de produits illicites. Ils ont pu être identifiés grâce à leurs numéros de téléphone, retrouvés lors des saisies effectuées sur les portables des fournisseurs.

Ainsi, les commandes passées par SMS ont permis de dresser une liste des consommateurs éventuels. Selon les sources du site casablancais, au moins 5 personnes ont été arrêtées. Médias24 ajoute que le principal distributeur est un ancien athlète de l’équipe nationale, médaillé plusieurs fois à titre individuel et collectif. Le réseau s’étend à l’Europe, d’où provient une quantité non négligeable des médicaments saisis. Deux coureurs professionnels évoluant respectivement dans un club italien et français, font office de principaux fournisseurs. Le produit le plus prisé est l’EPREX. Habituellement prescrit dans les cas d’insuffisance rénale, il est fourni sous ordonnance. Mais certains athlètes en consomment pour décupler la production des globules rouges dans leur sang, chose susceptible d’optimiser leur performances. De plus, son effet s’estompe au bout de trois jours, ce qui est idéal pour se soustraire aux tests anti-dopage.

(MAP)

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