El Houcine El Ouardi décortique le volet social du PLF 2019

«On a trop laissé faire ! Et il est temps de prendre des décisions fermes et  courageuses afin de booster le secteur de la santé », a souligné El Houcine El Ouardi lors d’une conférence placée sous le thème  « La loi des finances et ses dimensions sociales», organisée, jeudi 22 novembre, à l’Ecole nationale de commerce et de gestion de Casablanca.

Bien qu’il y ait une volonté visant à donner une connotation  sociale à ce projet,  la réalité demeure transcendante à cause  de contraintes  structurelles handicapant le développement du pays, a-t-il ajouté.

Il va sans dire que l’Exécutif actuel se trouve face à un véritable dilemme, celui de trouver  la formule adéquate entre les impératifs imposés par l’environnement international et les revendications sociales, a expliqué l’ancien ministre de la Santé.

Au regard de plusieurs facteurs, il faut dire que la capacité d’action du gouvernement est extrêmement réduite, a noté le conférencier. Ces contraintes se résument en plusieurs points, à commencer par le budget de la caisse de compensation dont le montant sera augmenté d’environ 5 milliards de DH par rapport à l’exercice précédent, passant par la masse salariale des fonctionnaires qui sera revue à la hausse de 3, 3 milliards de DH et le recul des recettes fiscales de 2,9 milliards de DH. A cela s’ajoute, les contraintes exogènes dictées par une conjecture mondiale très tendue et les fluctuations des prix du pétrole. Comme quoi, pour satisfaire ces revendications, il faut un rajout budgétaire s’élevant 27 milliards de DH. Une telle situation va certainement mettre le gouvernement dans une position difficile, notamment vis-à-vis du fonds monétaire international,  et va rendre la tâche encore plus difficile.

Afin de combler ce déficit, le gouvernement a décidé, outre d’augmenter les impôts directs et indirects, de recourir à la privatisation de certaines entreprises publiques.  Or, la question qui s’impose, selon le conférencier, , s’agit-t-il de la bonne décision ? Loin s’en faut !  Autrement dit, « la privatisation requiert d’abord une évaluation des expériences précédentes avant d’entamer un nouveau processus », a-t-il clarifié, tout en faisant référence au cas de la société Samir.

Cela étant, «l’économie est une science sociale et non pas des approches comptables et qui devrait  place l’élément humain au cœur de sa préoccupation», a déclaré El Ouardi avec insistance.

La santé…un effort exceptionnel…

Abondant dans le même ordre d’idées, le militant du Parti du progrès et du socialisme (PPS) a évoqué le cas du secteur de la santé qui souffre un déficit structurel et ce  à tous les étage.

Il est vrai que l’enveloppe budgétaire consacré à ce département  a connu une augmentation de 1,5 milliard de DH, soit un budget équivalent à 16, 331 milliards de DH mais cela n’est pas suffisant, a-t-il dit.  D’ailleurs, le Maroc se situe loin des standards fixés par l’Organisation mondiale de la santé, exigeant que l’enveloppe consacrée à la santé devrait équivaloir au moins à 10% de l’ensemble du budget du pays. En termes plus clairs, le budget consacré à la santé s’élève à 6,55% du budget général et 1, 4% par rapport au Produit intérieur brut  et si on soustrait  la dette publique, ce budget ne représente réellement que 3,68%.

Encore plus, l’ancien ministre a fait savoir que le montant des investissements relatifs au secteur de la santé qui s’élève à 3,5 milliards de DH se situe en dessous de l’ensemble des conventions signées devant SM le Roi Mohammed VI. A titre d’exemple, la construction d’un Centre hospitalier universitaire comme celui du Rabat, nécessite la mobilisation d’une enveloppe de 2 milliards de DH, a-t-il fait savoir.

Autre point non moins important mis en avant par le conférencier, celui des 4 mille   postes budgétaires alloués au secteur de la santé dans le cadre de la loi des finances 2019. Un chiffre qui ne va nullement résoudre le problème de la pénurie des ressources humaines tout en sachant que  3575 fonctionnaires du secteur sont sur le point de partir à la retraite. Il faut également savoir qu’il existe un besoin urgent en matière des ressources humaines, soit 10 mille infirmiers et 9 mille médecins, a indiqué l’ancien ministre, a-t-il clarifié.

Et le comble, comment expliquer que le département de tutelle va accorder une enveloppe budgétaire de 120 millions de DH à la fondation Khalifa, s’est interrogé le conférencier.  Or, ne serait-t-il pas préférable de dédier cet argent  à des besoins urgents, a-t-il plaidé tout en mettant l’accent sur le fait que le secteur souffre de déficiences structurelles.

Pour le membre du Comité central du PPS, la solution des problèmes du secteur de la santé consiste d’abord à instaurer la fonction publique hospitalière, l’implémentation du régime de la médecine familiale  et le développement d’une véritable industrie pharmaceutique nationale basée sur la recherche et le développement et une codification significative du régime RAMED dont le budget doit, à titre d’exemple intégré dans le projet de la loi des finances.

Pour le conférencier, le secteur de la santé a été souvent négligé en le considérant comme un secteur non-productif, alors que la mise en place d’un nouveau modèle de développement doit intégrer cet axe si primordial, car en fin de compte,  la santé des citoyens est synonyme du degré de développement de leur  pays, a-t-il conclu.

Khalid Darfaf

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