Extradition, par Washington, de l’ancien président péruvien Alejandro Toledo

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Au terme d’une procédure qui aura duré six années, Alejandro Toledo, qui avait présidé aux destinées du Pérou de 2001 à 2006, et qui après avoir été accusé, par la justice péruvienne, de blanchiment d’argent, trafic d’influence et collusion – des délits pour lesquels il encourt jusqu’à vingt années d’emprisonnement – avait été arrêté aux Etats-Unis en 2019 et incarcéré pendant une année avant d’être assigné à résidence pour raisons de santé pendant la pandémie de Covid-19, a été extradé, ce dimanche 23 Avril, par les autorités américaines.

Agé de 77 ans, Alejandro Toledo, qui souffre aujourd’hui d’un cancer, est accusé d’avoir perçu une grande partie des 35 millions de dollars de pots-de-vin versés, en contrepartie de l’octroi d’un marché public, par la fameuse entreprise Odebrecht, ce géant brésilien du BTP qui avait été au cœur de ce vaste scandale de corruption qui avait ébranlé l’Amérique du Sud et éclaboussé plusieurs dirigeants du monde des affaires et de la politique.

Les anciens présidents péruviens qui ont été impliqués dans ce scandale sont Ollanta Humala (2011-2016), Pedro Kuczynski (2016-2018) mais aussi Alan Garcia qui avait dirigé le Pérou de 1985 à 1990 puis de 2006 à 2011 et qui, pour échapper à la prison, avait décidé de se tirer une balle dans la tête au moment où des policiers s’étaient présentés à son domicile pour l’arrêter.

Retardée suite aux nombreux recours déposés par ses avocats, l’extradition d’Alejandro Toledo, qui n’avait pas cessé de clamer son innocence et qui était réclamée, par la justice péruvienne, depuis 2018, a donc connu son dénouement ce dimanche 23 Avril 2023 lorsque les autorités américaines l’ont placé à bord d’un avion en partance pour l’aéroport de Lima où, selon les images diffusées par les différentes chaînes de télévisions péruviennes, il est arrivé, au petit matin, sous la surveillance des agents d’Interpol, qui l’ont remis aux policiers péruviens.   

Il y a lieu de préciser qu’étant donné que l’ancien président Alejandro Toledo a reconnu avoir perçu une partie des 35 millions de dollars versés en tant que pots-de-vin par Odebrecht, le parquet péruvien a requis une peine de 20 ans et 6 mois d’emprisonnement à son encontre même s’il n’a pas cessé de clamer son innocence en affirmant que c’est Josef Maiman, un homme d’affaires aujourd’hui décédé, qui s’était occupé des transactions.

Après sa comparution devant un juge, Alejandro Toledo a été transporté, de nuit, à bord d’un hélicoptère, à la prison de Barbadillo située à l’intérieur de la caserne de la Direction des opérations spéciales de la police où croupissent déjà les anciens présidents Alberto Fujimori (1990-2000) et Pedro Castillo (2021-2022).

Mais, s’il est prévu qu’Alejandro Toledo y purgera 18 mois en « détention préventive » dans l’attente de l’ouverture de son procès, son avocat a fait part à la presse de son intention d’invoquer les raisons de santé pour demander que son client soit assigné à résidence.  Réussira-t-il à emmener, ce dernier, mourir à domicile, entouré de ses proches, alors qu’il est déjà fortement éprouvé par la maladie ?

Attendons pour voir…

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