Est-ce la fin du rêve américain de Porto Rico?

« Nous nous présenterons sur la scène internationale pour défendre l’importance de voir Porto Rico devenir le premier État hispano des Etats-Unis ». Telle fut la déclaration faite par Ricardo Rossello, Gouverneur de Porto-Rico, après que celui-ci ait participé ce dimanche à la consultation référendaire mise en place à l’effet de lui permettre de défendre à Washington son idée de faire accéder cette petite île des Caraïbes au rang de 51ème état des Etats-Unis d’Amérique comme il l’avait promis à ces concitoyens lors de sa campagne électorale.

A l’issue du dépouillement des bulletins de vote, la thèse défendue par le Gouverneur de 38 ans arrivé au pouvoir en Janvier dernier a recueilli une adhésion quasi-totale. Or il convient de signaler que  cette consultation, boycottée par l’opposition, a été marquée par une importante désaffection puisque le taux de participation n’a guère dépassé 22,7% des 2,2 millions d’électeurs inscrits. Ce scrutin n’ayant donc attiré que moins d’un électeur sur quatre, 97% des votants ont choisi l’option du rattachement de l’île aux Etats-Unis; ce qui, dans les faits, devrait lui permettre, grâce à des financements fédéraux, de sortir de la crise dans laquelle elle se débat. En  revanche seuls 1,5% des votants ont préféré le maintien du statu quo alors que 1,3% des suffrages exprimés se sont prononcé pour l’indépendance du territoire.

Mais il est nécessaire de préciser que le résultat d’un tel référendum, qui n’est que purement consultatif, n’amènera rien dans son escarcelle du moment que  le gouvernement américain n’est pas obligé de se conformer aux conclusions d’une consultation référendaire qui manque de légitimité dès lors qu’elle a été boycottée par plus d’un tiers des électeurs. Autre point négatif s’il en est, ce scrutin est le cinquième de ce type depuis les années Soixante du siècle dernier.

Ancienne colonie espagnole, l’île de Porto-Rico a acquis, à la fin du 19ème siècle, le statut de «territoire américain» avant de devenir, dans les années 1950, un «Etat libre associé» qui, bien qu’en permettant aux porto-ricains, majoritairement hispanophones, d’être citoyens américains ne leur confère ni le droit de participer aux élections présidentielles américaines ni même celui d’avoir des représentants au Congrès.

Et si cette petite île des Caraïbes sombre aujourd’hui dans une crise sans précédent, Washington y est pour beaucoup car après l’avoir fait bénéficier d’importantes exonérations fiscales et permis, ainsi, à de grands groupes industriels américains de s’y installer, le gouvernement fédéral a décidé, en 2006, de mettre fin aux dites exemptions; ce qui a  provoqué le départ en masse desdites entreprises. Or, même plongée dans une importante récession, Porto-Rico a continué à survivre en s’endettant sur le marché américain des obligations municipales tant que les investisseurs s’arrachaient ses titres exonérés d’impôts. Mais c’était sans compter sur l’arrivée d’un Donald Trump qui, en étant réticent au sauvetage public d’un territoire qui croule sous une dette de 70 milliards de dollars, restera, sans nul doute, hermétique à l’idée d’ajouter une cinquante et unième étoile au drapeau des Etats-Unis.

Nabil El Bousaadi

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