Le FMI alerte sur la guerre commerciale

L’escalade des tensions commerciales constitue la menace la plus sérieuse à court terme pour la croissance mondiale. C’est ce qui ressort des dernières perspectives économiques publiées par le Fonds monétaire international (FMI).

En effet, selon le fonds, la croissance mondiale devrait atteindre 3,9% en 2018 et 2019. Toutefois, la croissance du PIB pourrait rapidement accuser le coup si les menaces sur le commerce mondial se concrétisent. «Nous continuons de prévoir une croissance mondiale voisine de 3,9% seulement tant pour cette année que pour l’année prochaine, mais nous estimons que le risque d’une révision à la baisse a augmenté, même à court terme», déclarent les économistes du fonds. Et d’ajouter : «Une escalade des tensions commerciales pourrait miner la confiance des entreprises et des marchés financiers, ce qui nuirait à l’investissement et au commerce. Au-delà de son impact immédiat sur l’état d’esprit des marchés, la prolifération de mesures commerciales pourrait accroître l’incertitude entourant la portée potentielle des mesures commerciales».

Dans ce contexte, le volume du commerce mondial de biens et services pourrait baisser de rythme, passant d’une croissance exceptionnelle de 5,1% en 2017 à 4,8% en 2018 et 4,5% en 2019.En outre, le FMI prévient que le PIB mondial pourrait subir une diminution de 0,5 point d’ici à 2020, par rapport à ses perspectives actuelles, si les menaces de hausses de droit de douanes de l’administration Trump et des autres pays en représailles se concrétisaient. Et les Etats-Unis, dans l’œil du cyclone, en seraient les premiers affectés.

Dans le détail, l’institution monétaire estime désormais que la croissance des pays avancés devrait s’établir à 2,4% (-0,1 point) avec les Etats-Unis faisant la course en tête (+2,9%) sous l’effet de la réforme fiscale adoptée fin 2017 qui s’est traduite par une baisse d’impôts pour les ménages et les entreprises.Le Fonds a abaissé encore davantage sa prévision pour la zone euro (-0,2 point à 2,2%) avec des estimations moins optimistes pour l’Allemagne (-0,3 point à 2,2%), la France (-0,3 point à 1,8%) et l’Italie (-0,3 point à 1,2%), en raison du ralentissement de l’activité économique plus marqué que prévu au premier trimestre pour les deux premiers et des incertitudes politiques qui ont pesé sur le troisième.

Le Japon, dont la croissance devrait s’établir à 1% (-0,2 point), a lui enregistré une consommation et des investissements atones au premier trimestre, qui devraient toutefois retrouver de la vigueur le reste de l’année S’agissant du Royaume-Uni (-0,2 point à 1,4%), les termes du «Brexit» demeurent confus en dépit de mois de discussions. Pour les pays émergents et les pays en développement dans leur ensemble, le FMI prévoit une croissance de 4,9% en 2018 et de 5,1% en 2019. Cependant, ces chiffres agrégés masquent des variations diverses d’un pays à l’autre.

Par ailleurs, la croissance globale en Afrique subsaharienne dépassera celle de la population au cours des deux prochaines années : le revenu par habitant augmente ainsi dans de nombreux pays, mais, en dépit d’un rebond des prix des produits de base, la croissance restera inférieure aux niveaux observés pendant l’envolée de ces prix au cours de la première décennie des années 2000. Des développements défavorables en Afrique (conflits civils ou chocs climatiques, par exemple) pourraient intensifier les pressions migratoires, notamment vers l’Europe.

Face à cette situation, le FMI recommande aux autorités d’accorder davantage d’attention à l’équité économique entre les citoyens et en particulier à la protection des populations les plus pauvres. Le malaise politique généralisé qui est à l’origine de bon nombre de risques actuels, y compris sur le front commercial, trouve ses racines dans le caractère non inclusif de la croissance et la transformation structurelle dans certains pays, auxquels s’ajoutent la crise financière de 2007-2009 et les difficultés qui ont suivi. «Il est urgent de s’attaquer aux tendances de fond au moyen de mesures propices à l’équité et à la croissance, tout en veillant à disposer d’outils macroéconomiques pour combattre le prochain ralentissement économique. Sinon, l’avenir politique ne fera que s’assombrir», précisent les économistes du fonds.Aussi, pour l’institution monétaire, les pays doivent s’abstenir de se replier sur eux-mêmes et se rappeler que, pour toute une série de problèmes d’intérêt commun, la coopération multilatérale est cruciale.

Kaoutar Khennach

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