Garant

La réalité ne peut être occultée; assure le bon sens. Le discours du trône prononcé par Sa Majesté le Roi à l’occasion du 19ème anniversaire de son accession au trône détermine avec clairvoyance l’action qu’il faut entreprendre sans plus tarder. «Accomplir des réalisations, corriger les failles et remédier aux problèmes économiques ou sociaux, sont autant d’objectifs qui nécessitent une action collective, planifiée et coordonnée entre les institutions et les divers acteurs, plus particulièrement entre les membres du gouvernement et les partis qui le composent».

La majorité gouvernementale ne peut plus jouer au pompier pour sauver la face devant une pression conjecturale ou pour replâtrer une homogénéité battue en brèche par la cacophonie l’inertie et l’attentisme. Elle est responsable en tant qu’entité et en tant que composantes. Le gouvernement n’est pas un patchwork de secteurs où chacun(e) joue sa partition comme il l’entend et jetant «la patate chaude» à l’autre. Il est plus que temps d’affronter «les difficultés rencontrées» avec déterminisme, et jouer collectif.

La coordination politique ne se limite pas seulement à la constitution du gouvernement, à l’élaboration de son programme et au passage institutionnel devant les deux chambres. Elle doit se continuer dans le temps de l’action, en assumant aussi bien les aspects positifs que les couacs qu’il s’agit de dépasser. Si réalisations il y a, c’est l’ensemble du gouvernement avec ses hommes et ses femmes, aussi secrétaires d’état soient-elles, qui en est comptable. Autant pour les dysfonctionnements et les failles que révèlent le quotidien dans la gestion des affaires publiques et les relations socio-économiques. Tirer la couverture à soi ou vouloir paraitre au dessus des contingences empêchent le bon fonctionnement de la machine gouvernementale et provoquent des ratés.

Les partis qui constituent la majorité gouvernementale sont dans l’obligation de se mettre au diapason des actions de l’exécutif. Ils sont liés à cet effet et ne peuvent se concurrencer par la pratique de «manger l’ail de la bouche de l’autre». Cela ne signifie aucunement suivisme, contemplation et dépendance. Les partis doivent inciter leurs représentants au gouvernement à s’activer et à faire au mieux pour répondre aux attentes légitimes de la population. Ils doivent se préparer à travers cette approche aux échéances électorales et non attendre in fine pour accréditer celui (très rarement celle) qui semble pouvoir remporter le siège pour différentes raisons et par différents moyens.

Par ce biais, les partis démissionnent devant l’éligerocratie qui débauche le processus démocratique plus qu’elle ne le sert. C’est là aussi un obstacle pour les jeunes, les cadres et encore plus pour les femmes, qui restreint l’engagement politique en donnant à l’implantation électorale une plus value annihilant toute ambition militante légitime.  Agir dans les institutions et par les institutions nécessite des représentants élus de la population. C’est une condition nécessaire. Il faudrait aussi qu’ils «appartiennent» véritablement au parti politique par lequel ils briguent la confiance de l’électorat pour que cette condition devienne suffisante.

Il reste à combler le déficit social en partageant les dividendes des avancées et des acquis réalisés «dans un climat d’unité, de sécurité et de stabilité». Le sursaut économique que certains appelle de toute leur voix sans y mettre de leurs poches ne peut se réaliser alors que les inégalités sociales et les disparités territoriales s’amplifient. La durabilité du développement, la consolidation de l’émergence économique ne sont pas corollaires au nombre des voitures de luxe qui circulent dans les avenues mais à la satisfaction des attentes légitimes de la très grande majorité de la population.

Répondre efficacement aux besoins fondamentaux en éducation et formation, en accès à la santé et à l’emploi, à un logement décent, à la terre pour produire et à vivre dignement permettra à tout un chacun d’interagir avec responsabilité avec les évolutions de la société. L’obscurantisme, le nihilisme, le négativisme et tous les marchands d’illusions ne pourront aucunement profiter des «aléas de la vie» pour mener leur sape. Cela renforcera «le climat de confiance et de sérénité au sein de la société et toutes ses composantes».

Le «nouveau souffle démocratique» a ainsi sa feuille de route. Il s’agit de la mettre en œuvre en continuant de «marcher ensemble et à travailler main dans la main pour aplanir les difficultés conjoncturelles et objectives, et ainsi réunir les conditions favorables à la poursuite des programmes et des projets de développement, générateurs d’emplois et garants d’une vie digne».

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