Gouvernement: l’incommunication, les lapsus… et le reste

Le gouvernement dirigé par Saâd-Eddine El Otmani ne cesse de briller dans le registre de l’incommunication à bien des égards. Il s’agit d’une crise de communication, alors que le pays est en pleine crise pandémique, sachant bien que la communication de crise est fondamentale dans la gestion de la crise.

Cette situation renseigne sur l’incohérence de l’Exécutif et le dysfonctionnement de l’institution du porte-parole du gouvernement. En effet, la manière dont les décisions engageant la population sont annoncées, laisse entendre que le navire gouvernemental vacille. A moins de quarante-huit heures de la fin du confinement, un conseil du gouvernement a été annoncé via un communiqué laconique, puis reporté sine die, alimentant le suspense et les supputations surtout sur les réseaux sociaux.

Le lendemain, une réunion de l’équipe gouvernementale a été tenue dans la précipitation, semble-t-il, et l’improvisation pour annoncer la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 10 juillet, sans expliciter les mesures prises pour alléger le confinement dans une zone et le maintenir dans l’autre. Et ce n’est qu’à minuit que ces mesures ont été diffusées.

Le 10 juin, alors que le retard accusé dans l’annonce de ces mesures fait débat et suscite la polémique, beaucoup plus que les mesures en question, le chef du gouvernement s’est distingué une nouvelle fois au parlement. Il a qualifié le foyer épidémiologique de Marrakech de «presque familial», allusion au couple ayant organisée en plein confinement la fameuse soirée arrosée qui s’est terminée par la contamination de plusieurs convives dans la ville.

Ce lapsus a été immédiatement intercepté par les citoyens pour faire de l’Exécutif la risée des réseaux sociaux, alimentant davantage l’humour contestataire. Dans ce sillage, les précédents lapsus ont refait surface, rappelant l’intervention du chef du gouvernement au parlement en avril dernier quand il a remercié Dieu pour le fait que le nombre de contaminations du nouveau coronavirus augmente chaque jour dans le royaume, alors qu’il voulait dire «le nombre des rémissions».

De même, cela a fait resurgir dans le registre de l’humour contestataire le lapsus assez gênant de Saâd-Eddine El Otmani quand sa langue a fourché, en mai 2019, au moment de présenter le bilan de son gouvernement devant les membres des deux chambres du parlement, en parlant de la femme rurale (Qarawiya). Ces trébuchements n’ont pas échappé aux yeux et aux oreilles, très attentifs, des citoyens qui se sont fendus de commentaires acerbes à l’encontre de l’Exécutif. Et à force que cela se répète, l’image de l’institution et sa crédibilité se trouvent malmenées.

«Ce serait terriblement triste s’il ne sort pas de cette mega-crise (Coronavirus) une pensée politique indiquant la nouvelle Voie», dixit Edgar Morin, sociologue, médiologue et philosophe français.

B. Amenzou

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