Cérémonie commémorative à la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc
Mohamed Nait Youssef
À la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc (BNRM), les compagnons de la plume, les artistes, les écrivains et les amis de Driss El Khouri ont commémoré, samedi 26 mars, le 40ème jour de son décès. A l’entrée de cet édifice culturel de la capitale, les livres, les objets, les photographies du défunt son exposés en souvenir à son passage immortel. Juste avant les mots émouvants et les témoignages solennels des intervenants, un film retraçant son parcours a été projeté, à l’occasion. «L’écriture est un univers fabuleux et vaste, où se conjuguent les visions, les imaginaires…», a révélé le regretté dans une entrevue. Driss El Khouri, nouvelliste, critique littéraire et journaliste culturel a quitté le monde des vivants, lundi 14 février 2022, dans sa demeure à Salé. Il avait 83 ans. Né à la ville blanche, Casablanca, le regretté a rejoint l’Union des écrivains du Maroc (UEM), en 1968.
Pour Mohamed El Ferrane, directeur de la BNRM, Driss El Khouri avait une âme sensible et pure qui anime ses écrits. «Modeste, engagé, égal à lui-même, le défunt était connu par sa générosité et son ouverture.», a-t-il dit, ajoutant que l’écrivain a voué sa vie à l’écriture et à la création en contribuant à l’évolution du paysage culturel et littéraire national. «Son nom demeura à jamais dans les mémoires et de tous les lieux emblématiques de la ville.», a-t-il rappelé.
El Khouri : la voix des marginaux…
Les écrits de Driss El Khouri portent la marque de son vécu, de son imaginaire créatif et de ses protagonistes qu’il observait autour de lui-même. Il a écrit notamment «Les jours et les nuits», «Les débuts», «La cité de terre», «Ombres», «Espaces», «Œil d’une porte», «La voix et l’écho», «Le calice de ma vie» et bien d’autres.
Abderrahim El Allam, président de l’Union des écrivains du Maroc (UEM), a souligné que le décès de Drissi El Khouri, le regretté de la littérature marocaine, a laissé un vide énorme qui sera difficile à remplir après son départ inattendu. Il était l’ami de tous les marocains, un amoureux du cinéma, des arts plastiques, du théâtre. Son écriture, dit-il, a été influencée par le 7ème art. Au début, il a commencé par la poésie avant de se lancer dans la nouvelle. « La vie est l’école de Driss El Khouri.», a-t-il fait savoir, tout en ajoutant que « ses écrits sont un voyage permanant d’un monde à l’autre et d’un univers à l’autre».
Youssef El Khouri, fils du défunt, a souligné dans un mot au nom de la famille que la mort de son père a laissé un chagrin et un vide dans la scène culturelle marocaine. «C’est un homme unique et singulier qui a aimé la vie et qui l’a vécue à sa guise et selon sa propre vision. », a-t-il indiqué. Il était, a-t-il rappelé, l’ami de tout le monde. Selon lui toujours, «Caftan Rouba » était son dernier texte, ainsi que d’autres écrits qui n’ont pas encore été publiés.
Une place au soleil…
Unique. L’homme avait son style, sa façon de dire les choses sans rien craindre ni de mettre les mots sur les maux de notre société actuelle.
«El Khouri est un homme exceptionnel dans la culture et dans la vie. Le café de Balima, à Rabat, était notre lieu de rencontre. C’est un phénomène littéraire et humain à l’instar de Mohamed Choukri et Mohamed Zefzaf, où la vie et le vécu se traduisent dans leurs écrits.», témoigne le poète Omani, Saif Al Rahbi.
L’homme des médias, Mohamed El Alami a évoqué les qualités de Driss El Khouri l’humain. «Malgré son caractère parfois dur, il était un enfant qui manifestait un amour sincère aux gens et à la vie. Car, il trouvait un plaisir de parler aux gens simples et modestes. », a-t-il fait savoir.
Azzedine Saeed Al-Asbahi, ambassadeur de la République du Yémen, a affirmé, quant à lui, que Driss El Khouri aux côtés de Choukri et Zefzaf bâtissaient des ponts d’échange et de communication entre le Maroc et le Yémen. «Driss Khouri a marqué notre mémoire. », a-t-il révélé.
Najib El Aoufi, critique littéraire, a rappelé, que le défunt était une figure littéraire ayant marqué le paysage culturel pendant plusieurs décennies. «Il a fait ses premiers pas dans le monde de l’écriture dans la revue «Atlas» dans le début des années 60, puis dans le journal Al Alam où il écrivait aux côtés de Zefzaf . Il avait une langue chaude et fluide. Sa présence et son passage ressemblaient à une tempête ayant bouleversé la scène.», a-t-il souligné.
De Guisser à Derb Ghallef…
Le critique et romancier, Hassan Bahraoui, a mis l’accent sur le parcours si riche de Driss El Khouri qu’il avait connu, selon ses dires, dans la fin des années 60 en lisant le supplément culturel du journal Al Alam. De Guisser à Derb Ghallef, le défunt a développé une passion pour la lecture dès le début des années 50, puis la poésie à la fin des années 50 dans la revue «Atlas», a-t-il indiqué.
Quant à Mahmoud Abdelghani, il a évoqué l’apport du regretté en tant que journaliste et nouvelliste. El Khouri, a-t-il rappelé, est un écrivain dialectique qui a choisi de se consacrer entièrement à la nouvelle. Le poète et journaliste, Abdelhamid Jmahri a réaffirmé dans son témoignage que le défunt est un écrivain multiple, unique dans sa langue et ses écrits pleins de vie sont porteurs de valeurs et de profondeur.