Houcine El Ouardi s’explique sur les ruptures de stocks des médicaments

La situation est jugée préoccupante. «Des médicaments et des dispositifs médicaux sont en rupture de stock», ont déploré des députés lors de la séance hebdomadaire des questions orales tenue mardi.  Interpellé sur cette problématique, le ministre de la Santé, Houcine El Ouardi, a affirmé que les pénuries enregistrées s’expliquent par trois éléments.

Le premier est lié aux difficultés que rencontrent les industriels de la pharmacie dans leurs approvisionnements en matières premières. Le monopole dont jouissent certains producteurs explique aussi ces ruptures de stocks. Deuxième explication : la faiblesse des ressources financières. «Le budget dont nous disposons ne nous permet pas d’acquérir tous les dispositifs médicaux», indique le ministre. Certes, l’enveloppe qui y est consacrée, s’élève aujourd’hui à 2 milliards de DH (contre 800 millions auparavant), mais elle reste insuffisante pour faire face aux besoins.

Les défaillances en matière de gestion des stocks font aussi que certains médicaments sont introuvables dans certaines régions, reconnaît le ministre. Elles sont aussi à l’origine de «la péremption d’une quantité de médicaments ». Pour y remédier, El Ouardi propose de sous-traiter la distribution de ces produits. L’idée est de confier cette tâche aux industriels commercialisant les médicaments. « Cette solution coûte moins cher et garantit l’acheminement des produits vers toutes les régions du pays, sans que cela n’affecte leur durée de validité », affirme le ministre.

Les députés ont voulu aussi apporter leur pierre à l’édifice. Ils ont proposé de décentraliser la gestion des stocks. Ils se basent sur la régionalisation avancée pour défendre leur proposition. D’autant plus que «les hôpitaux constituent des services de l’Etat gérés de manière autonome (SEGMA)», rappelle un député.

La tutelle est déjà engagée dans cette voie. Reste à développer un système informatique pour gérer la traçabilité des stocks. Selon le ministre, ce système permettra d’identifier les besoins. L’idée est de récupérer le surplus de certaines régions pour l’affecter aux zones affectées par la pénurie.

Outre la problématique des médicaments en rupture de stocks, le ministre a encore été interpelé sur le manque de ressources humaines. Houcine El Ouardi s’est montré plus ou moins optimiste. Selon lui, le maintien de 1.000 à 1.200 professionnels de la santé, qui devaient partir à la retraite cette année, va en partie combler ce déficit. S’y ajoutent les 1.500 postes budgétaires prévus cette année et 1.500 autres supplémentaires. Au total, 4.200 postes sont disponibles, mais cela reste insuffisant eu regard aux besoins.

Face à cela, le ministre de la santé veut nouer un partenariat avec les collectivités territoriales afin de mettre les profils nécessaires à disposition des hôpitaux. Une réunion a été tenue lundi avec le secrétaire d’Etat Nourredine Boutayeb, ministre déléguée en charge de l’Intérieur, pour baliser le terrain à ce partenariat. Selon Houcine El Ouardi, un décret sera bientôt publié dans ce sens.

Au-delà du recrutement de nouvelles ressources humaines, le défi est aussi de recruter des profils spécialisés dans certains domaines, particulièrement les urgences. A titre d’exemple, «les SAMU (service d’aide médicale urgente) sont équipés de toute l’infrastructure médicale nécessaire, mais les ressources humaines ne sont pas formées à ce type d’intervention».

Hajar Benezha

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