Ismaïl Alaoui met le doigt sur les handicaps institutionnels

Malgré les efforts déployés, les objectifs fixés en matière de lutte contre l’analphabétisme sont loin d’être atteints. Il s’agit en fait d’un constat alarmant établi par Ismaïl Alaoui, Président du Comité de stratégie et d’investissement et coordinateur du Comité scientifique relavant de l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme (ANLCA).

Ismaïl Alaoui, qui intervenait, vendredi 8 septembre, lors la réunion du Conseil d’administration (CA) de l’ANLCA, présidé par le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, a été on ne peut plus catégorique en mettant le doigt sur les véritables faiblesses qui entravent la stratégie de l’Etat en la matière. Tout en saluant le directeur de l’ANLCA pour la qualité de son exposé présenté à cette occasion, Ismaïl Alaoui n’y est pas allé par quatre chemins. Il a énuméré les handicaps institutionnels qui entravent l’action de l’Etat dans ce domaine et qui constituent un facteur de blocage.

Ainsi, l’intervenant a distingué deux types de handicap institutionnel : le premier est lié au fonctionnement du CA de l’ANLCA, alors que le second porte sur le contexte général, qui demeure marqué par le taux élevé d’analphabétisme qui touche environ 10 millions de Marocains.

S’agissant du fonctionnement du CA, Ismaïl Alaoui a fait remarquer le non-respect de la loi portant statut de l’ANLCA. En termes plus clairs, le Président du Comité de stratégie a attiré l’attention sur la non-tenue des réunions de manière régulière, soit deux fois par an, comme le dispose la loi. Une telle défaillance n’a fait qu’impacter négativement les décisions prises visant à lutter contre ce fléau. Pour lui, l’action déployée par l’Etat dans ce sens, ressemble au personnage mythique de Sisyphe, condamné éternellement à reproduire le même acte.

Selon Ismaïl Alaoui, le Maroc a entamé le combat contre l’analphabétisme à la fin des années cinquante du siècle précédent. Toutefois, on n’a pas tenu le défi, sachant que depuis, le nombre de la population n’a cessé de croitre.

Par ailleurs, le nombre des analphabètes est passé de 6 millions en 1960 à environ 11 millions selon le recensement de 2014. Ce qui n’a fait qu’augmenter significativement le coût payé par la société pour lutter contre l’analphabétisme.

Cependant, les résultats montrent qu’après tout engagement institutionnel sérieux – reflétant une véritable volonté politique -, le taux d’analphabétisme connaissait une baisse sensible, a-t-il souligné.

Argument à l’appui, Ismaïl Alaoui fait allusion à la période allant de 2002 à 2008 où le taux d’analphabétisme a nettement baissé, se situant à 30% au lieu de 40%. Depuis, ce chantier a connu des hauts et des bas, comme en témoignent les chiffres et les statistiques fournis par le Haut- commissariat au plan, faisant état d’une augmentation de 3 points du taux d’analphabétisme.

Au final, Ismaïl Alaoui a fait savoir que la lutte contre l’analphabétisme devrait être menée en milieu urbain et non seulement dans les zones lointaines et rurales, étant donné que la majorité des analphabètes sont concentrés dans les régions de Casablanca, Rabat, Marrakech et Fès.

Khalid Darfaf

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