Karim Tej : «Changer de cap et de mener à bien les réformes»

Plateforme de l’Université annuelle du PPS

Prenant la parole, Karim Taj, membre du Bureau politique du PPS a présenté la plateforme de cette rencontre politique, rappelant qu’au cours de la  construction de l’Etat national moderne avec une démocratie effective, des institutions fortes et une justice sociale et territoriale véritable, le Maroc a réalisé des acquis importants, qui devraient lui permettre de lancer de nouvelles réformes pour son développement global.

Selon lui, le processus de développement du pays a connu des succès évidents au cours de différentes périodes dont celle des réconciliations historiques entre les différentes composantes de l’identité nationale ou de la de justice transitionnelle pour tourner la page des violations des droits de l’homme. Il a rappelé aussi dans ce cadre le lancement de politiques publiques importantes dans les domaines économique, social et culturel, et la gestion proactive réussi du printemps démocratique, à travers l’adoption d’une constitution avancée, avec un souffle démocratique dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale.

Selon lui, la réalisation de tous ces acquis a été rendue possible, grâce à un consensus historique créatif, solide et productif entre l’institution royale et les forces nationales démocratiques et progressistes. Et ce grâce aussi à la forte mobilisation de toutes les forces vives du peuple, à une étape historique où le rythme des réformes s’est accéléré, où la « politique » a retrouvé sa place, où le souffle démocratique a été fortement présent et où les marges de liberté se sont élargies.

Il ne fait aucun doute que cet espace politique a grandement contribué au lancement d’importantes réformes économiques et sociales qui ont eu un impact certain sur la situation du pays ainsi que sur les conditions de vie des populations, a-t-il rappel, ajoutant qu’à     l’opposé de cet élan prometteur, le pays est confronté aujourd’hui à une situation de blocage, qui risque d’éroder les acquis réalisés.

De larges couches populaires vivent dans des conditions difficiles et le pays risque de faire face à des tensions sociales, à un moment où l’espace politique s’est affaibli et souffre de prévarication et corruption. Au niveau de la vie démocratique et de l’exercice des libertés, la réalité est de plus en plus inquiétante, compte tenu du vide et du blocage que connait le processus démocratique, la perte de confiance continue dans l’action politique et l’acteur politique et l’absence de crédibilité de l’action institutionnelle.

Pour combler ce vide, différentes formes d’expression spontanées sont apparues, selon lui.

Pour faire face à cette situation déroutante, d’aucuns continuent étrangement de se féliciter de ce qu’ils imaginent comme des victoires électorales, mais qui ne sont en fait que des résultats qui masquent la réalité effrayante d’un taux de participation drastiquement bas. Une approche technocratique continue d’être adoptée qui occulte la politique, le pouls de la société et les voix de ses forces vives actives, ignore les interactions et les propositions des acteurs de la société, y compris les acteurs politiques. Elle recourt même à la dévalorisation dégradante des observations émises par les institutions nationales officielles qui jouent leur rôle.

Cette tendance continue à ne pas tenir compte de la colère, du mécontentement et de l’inquiétude que ressentent de nombreux milieux sociaux, alimentant ainsi le sentiment général de désespoir et de blocage des perspectives. Ce qui rend la situation plus dangereuse, c’est l’existence d’un certain nombre de manifestations et de phénomènes qui cachent des conflits d’intérêts, des pratiques de prévarication en rapport avec la chose publique et des connexions avec des affaires de corruption privées et personnelles qui sont largement diffusées dans l’opinion publique. Ces manifestations contribuent à l’achèvement de ce qui reste de la noblesse de la politique, à la consécration de sa sous-estimation et de son aversion, et à l’approfondissement de la tendance fondée sur le boycott de toute forme d’engagement politique et de participation citoyenne.

L’indifférence aux interactions qui se déroulent au sein de la société et le fait de se limiter à des prescriptions technocratiques, ne signifient pas ne pas exercer la politique, mais plutôt aborder les problèmes et les questions soulevés avec un arrière-plan politico-idéologique basé sur la possibilité, voire la préférence, de séparer la politique de la gestion économique et sociale. Ce qui augure de l’échec lamentable de cette orientation et menace de mettre en péril le processus national de développement et démocratique du pays, a-t-il relevé.

Pour toutes ces raisons, il est urgent, aujourd’hui plus que jamais, de changer de cap et de mener à bien les réformes dont le pays a besoin, a-t-il dit.

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