La présidente du CNDH appelle à la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles

«La religion dans son essence n’est pas une entrave aux libertés individuelles», a souligné Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), jeudi 4 juillet à Rabat, lors du colloque scientifique, organisé le par le «Mouvement Damir» en collaboration avec la Fondation Friedrich-Naumann pour la Liberté et placé sous le thème «Libertés individuelles entre mutations sociales et référent religieux».

«Malheureusement, cette vision n’est pas du tout appréciée par certains qui instrumentalisent la religion pour aboutir à d’autres fins», a-t-elle poursuivi.  Il est certes, ajoute-t-elle, que le référentiel religieux  fut considéré, et ce  depuis toujours, comme un déclencheur des changements brutaux marqués par la violence mais il fut également considéré comme une source de lumière et de paix.

Abondant dans le même ordre d’idées, la conférencière a évoqué dans ce sens les recommandations établies par l’Instance équité et réconciliation (IER) pour la protection juridique des droits de l’Homme, tout en mettant l’accent sur les dispositions de la Constitution 2011 notamment l’article 25 qui dispose que «les libertés de pensée, d’opinion et d’expression sont garanties sous toutes ses formes». Or, il est fort à constater qu’au niveau de la pratique effective,  la question des droits individuelles posent  encore des problèmes au niveau de l’appareil législatif  devant se mettre au diapason des changements sociétaux et s’impliquer davantage pour adapter la réalité au texte suprême, a-t-elle asséné.

A bas la raison théologique

Sur un autre registre, Youssef Seddik, philosophe tunisien, a appelé a faire la distinction entre «le dogme» et «la raison» pour que l’on puisse rétablir la vérité scientifique et faire prévaloir la raison à l’instar de la pensée occidentale.

D’ailleurs, a-t-il souligné, cette séparation entre ces deux champs constitue une condition sine qua non pour prospecter l’avenir et entrer de plain-pied dans l’air de la modernité.

De son côté, Mohamed Jabroun, historien de formation, a insisté sur l’élaboration d’une nouvelle définition de l’Islam sous un prisme socio-historique tout en arguant que les musulmans ont fait souvent preuve  de créativité et d’adaptation  afin de faire face au diktat de la réalité. En dépit de l’existence de plusieurs  facteurs de blocage, tel la domination d’une culture traditionnaliste, l’intervenant  a estimé que la consécration des libertés individuelles est un besoin fondamental qui est favorisé de plus en plus par des facteurs objectifs à savoir : la multiplicité des espaces privés, la prévalence de la tendance libérale et la construction de l’Etat-nation dont le citoyen demeure le noyau dur de son existence.

Rafiki: détruire la raison théologique

Par ailleurs,  Abdelwahhab al-Rafiki, chercheur en études islamiques,  a insisté sur la déconstruction de «la raison théologique», qui a constitué un obstacle majeur à l’épanouissement des libertés individuelles dans les sociétés musulmanes.

Pis encore, ce raisonnement figé et dogmatique adopté par les fouqaha a été instrumentalisé pour  légitimer l’autoritarisme et la dictature, a-t-il indiqué tout en précisant que l’herméneutique en tant que sciences d’interprétation des textes religieux devrait, avant tout, faire  la séparation entre «Le Constant» et le «Le Variable». Et ce n’est pas tout. En fait, la régulation de l’espace  des libertés individuelles doit être faite par la loi positive et non pas point par les énoncés religieux. Pour ce faire, seule la mise en œuvre d’une volonté politique est capable d’atteindre une telle finalité, a-t-il conclu.

Khalid Darfaf

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