Par Salma El Badaoui (MAP)
Avec la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19), l’épineuse question de la sécurité alimentaire s’est posée avec force, surtout avec les pénuries de certains produits sur les marchés, la flambée des prix et parfois même les ruptures de stocks.
Au Maroc, grâce à la stratégie agricole mise en place, le marché a été régulièrement approvisionné et la disponibilité des marchandises était assurée dans l’ensemble des villes du Royaume.
Ainsi, l’activité agricole, permettant à la population de jouir d’une situation de sécurité alimentaire, a démontré sa résilience durant cette double peine liée à la fois à la pandémie de Covid-19 et au déficit pluviométrique.
Mis en place en 2008, le Plan Maroc vert (PMV) a notamment stimulé l’émergence d’une agriculture à forte valeur ajoutée et à haute productivité. Résultat : La valeur des exportations des produits alimentaires agricoles a totalisé 39,5 milliards de dirhams (MMDH) pour la campagne agricole 2019-2020, soit une hausse de 8% par rapport à l’année 2018.
La poursuite de l’activité agricole dans les différentes unités de conditionnement et de transformation a permis de préserver l’activité d’exportation, qui a réalisé des résultats positifs à l’aune de ces circonstances exceptionnelles actuelles, avait relevé, le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Aziz Akhannouch.
En réponse à une question centrale lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers, M. Akhannouch, avait noté que le plan «Génération Green» devra insuffler une nouvelle dynamique à l’agriculture marocaine en termes de productivité et de compétitivité, ainsi qu’en matière de création d’opportunités d’emploi et d’amélioration des conditions des agriculteurs.
Interrogé par la MAP, le directeur de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), Faouzi Bekkaoui, a indiqué que l’augmentation de la population mondiale, les changements climatiques, les pertes durant et après récoltes, la dégradation du sol sont tous des facteurs qui affectent la sécurité alimentaire, précisant qu’actuellement, environ 690 millions (ou 8,9%) de personnes souffrent de malnutrition dans le monde.
Évoquant le cas du Maroc, M. Bekkaoui a relevé qu’il est classé dans les 59 parmi 113 pays analysés selon l’indice de sécurité alimentaire élaboré par «l’Economist Intelligent Unit». Les critères utilisés dans le classement incluent la part du budget des ménages consacrés à l’alimentation, l’accès des agriculteurs aux financements, la volatilité des prix, les pertes dans le circuit alimentaire et la diversité nutritionnelle.
Concernant la contribution de la production agricole des principaux aliments à l’autosuffisance, l’expert a fait observer que la contribution des viandes ou encore des produits maraichers et des fruits s’élève à 100%, ajoutant que cette contribution peut même atteindre 96% pour le lait et entre 50% et 60% pour le sucre et les céréales. La dépendance du Maroc des céréales importées fluctue en fonction de la pluviométrie car une surface significative est plantée dans les conditions bour.
Revenant sur l’importance de la nouvelle stratégie Génération Green, l’expert a relevé que cette nouvelle vision de développement du secteur agricole se fixe comme objectif d’améliorer les rendements des principales cultures par 50% à l’horizon de 10 années, notant que cet objectif est réalisable avec une pluviométrie moyenne, l’utilisation des nouvelles variétés génétiquement améliorées et l’application des conduites agronomiques modernes.
En effet une proportion significative des agricultures continue à utiliser des variétés anciennes avec des rendements relativement faibles a déploré M. Bekkaoui, faisant savoir que l’INRA avec ses partenaires a pour objectif de développer 50 nouvelles variétés avec des rendements supérieures tout en appliquant des pratiques durables de production.
Et d’estimer que l’application de nouvelles technologies de l’agriculture de précision, à savoir l’utilisation de fertilisants basée sur l’analyse du sol, permettraient un rendement supérieur sans pour autant affecter négativement l’environnement, outre la généralisation du semi-direct qui est une autre technologie qui contribuerait à un meilleur rendement en particulier dans les années de faible pluviométrie.