L’ancien vice-chancelier autrichien condamné pour corruption

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

L’ «Ibizagate », vous vous en souvenez ? C’est ce fameux scandale qui avait éclaté à la suite de la publication d’une vidéo où l’on voit, dans une villa à Ibiza, en Août 2017, l’ancien chef du FPÖ et vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache, proposer des « marchés publics » à une femme qu’il croyait proche d’un oligarque russe, en échange de dons au profit de son parti.

Effectué, en caméra cachée deux années auparavant, cet enregistrement avait fait l’effet d’une bombe, en mai 2019, puisqu’il avait provoqué l’ouverture d’investigations tous azimuts contre plusieurs personnalités autrichiennes, mit fin à la coalition gouvernementale d’alors unissant le FPÖ aux conservateurs du chancelier Sebastian Kurz et poussé à l’organisation d’élections anticipées.

Saisi par les enquêteurs, le téléphone portable du vice-chancelier avait révélé l’existence de messages compromettants tel celui qui aurait indiqué qu’il serait intervenu pour faire modifier la loi de façon à permettre qu’une clinique privée appartenant à l’un de ses proches soit rattachée à la sécurité sociale afin de pouvoir bénéficier de fonds publics.

D’ailleurs, dès que l’extrême-droite est parvenue au pouvoir, la législation y afférente a été modifiée de façon à permettre à ladite clinique de bénéficier de fonds publics.

En contrepartie, le patron de cet établissement hospitalier aurait invité Heinz-Christian Strache en Grèce et aurait versé 10.000 euros sur le compte du FPÖ. Constituant un « grave délit » aux yeux du parquet et non pas « une bagatelle », cette accusation a, néanmoins, été contestée par le vice-chancelier qui a nié avoir voyagé à Corfou depuis qu’il est devenu vice-chancelier tout comme il a récusé le fait d’avoir pris connaissance de l’existence d’un quelconque versement effectué au profit du FPÖ.

Or, bien qu’en invoquant le fait que les détenteurs de mandat public doivent se tenir au-dessus de tout soupçon, le procureur Bernhard Weratschnig avait déclaré que « chaque euro qui serait indûment perçu  est un euro de trop », Heinz-Christian Strache avait, pour sa part, rejeté, d’un simple revers de manche, toutes les accusations qui lui avaient été adressées par la Cour et affirmé : «Je n’ai jamais reçu aucune faveur dans ma vie, j’ai agi par conviction».

Pourtant, c’est à ce titre, que ce vendredi 27 Août 2021, le tribunal de Vienne, a condamné l’ancien vice-chancelier autrichien à quinze mois de prison avec sursis et qu’à l’issue de ce procès la juge Claudia Moravec-Loidolt ne s’est pas empêchée de préciser que « la chronologie des évènements n’a laissé nul place au doute ». Les faits seraient donc avérés même s’ils ont été réfutés par l’accusé.

Aussi, force est-il de reconnaître que depuis sa démission, dans le sillage du fameux « Ibizagate », l’ancien numéro deux du gouvernement n’en finit pas d’être accablé puisqu’il a été également accusé d’avoir détourné plus d’un demi-million d’euros des caisses du FPÖ pour financier le luxueux train de vie qu’il a mené tout au long des quatorze années qu’il a passé à la tête du parti.

Se disant victime d’une campagne de diffamation, Heinz-Christian Strache avait vainement tenté de faire un retour lors des municipales de Vienne en Octobre mais le FPÖ, miné par de très fortes divisions est tombé de 26% dans les urnes en 2017 à guère plus de 16% en 2019 après s’être doté d’un nouveau chef en la personne de l’ancien ministre de l’intérieur Herbert Kickl, connu pour sa rhétorique anti-islam et anti-migrants.

Et si même le chancelier Sebastian Kurz, qui était longtemps resté au-dessus de la mêlée, a été rattrapé par la justice en mai dernier pour des faits de faux-témoignage devant une commission parlementaire d’enquête dans une affaire de corruption née dans le sillage de l’«Ibizagate » et qu’il rejette ces accusations, de quoi donc demain sera-t-il fait en Autriche ? Attendons pour voir….

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