Eau, énergie, alimentation et écosystèmes. Ces quatre secteurs, sous tension, ne peuvent être traités chacun isolément au niveau des politiques publiques destinées à garantir leur efficacité, se sont accordés à souligner des experts du développement durable, réunis jeudi dernier à Bruxelles à l’occasion d’une table ronde organisée par le cercle des parlementaire méditerranées pour le développement durable (COMPSUD), le Partenariat global pour l’eau-méditerranée et le Bureau d’information de la de la méditerranée pour l’Environnement.
Selon les intervenants, ces quatre ressources ne peuvent être dissociées. D’où l’impératif d’adopter une approche intégrée afin de gérer l’interdépendance entre ces secteurs. Cette approche est communément appelé «Nexus». L’idée est de considérer que chacune de ces ressources fait partie d’un système interconnecté. D’ailleurs, les intervenants n’ont pas manqué de citer plusieurs interconnexions entre ces secteurs. Les monocultures provoquent notamment l’érosion de la biodiversité, selon le député Moh Rejdali, également président du COMPSUD. Ce qui a contribué à la perte de près de 62% des espèces mammifères depuis 1972. D’autant plus que l’agriculture monoculturale est couteuse en termes de consommation d’énergie.
L’urgence d’adopter la logique «Nexus» est là, née d’une triple contrainte alliant pénurie d’eau, accroissement de la demande en aliments et une hausse de la consommation d’énergie. Marta Moren Abat, de la commission européenne, a appelé les pouvoirs publics, particulièrement ceux de la région MENA, à ériger cette approche en priorité. Car, explique-t-elle, cette région est très sensible en raison notamment d’une agriculture diversifiée et d’une importante concentration humaine. Tous les pays de la zone MENA sont appelés à introduire une approche intégrée, surtout que 60% des ressources hydriques de cette région sont transfrontalières, selon les chiffres présentés par Vangélis Constantinos, secrétaire général du Partenariat global pour l’eau-Méditerranée. L’idée est de développer des synergies entre les secteurs de l’eau, de l’alimentation, de l’énergie et des écosystèmes. Il faudra notamment se pencher sur l’efficacité énergétique en même temps que la rationalisation des ressources hydriques.
Cela permettra de réduire le problème de pénurie d’eau. Un déficit qui touche 18 pays sur 22 pays de la région arabe, selon Khaled Abuzeid, directeur régional des ressources en eau du Centre pour l’environnement et le développement pour la région arabe et l’Europe (CEDARE). En effet, ces pays affichent un seuil de rareté estimé à 1000 m3/personne/an. Pis, 10 pays sur 22 extraient plus d’eau qu’ils peuvent produire. Conséquence de cette pression sur l’eau, l’épuisement des nappes phréatiques. Or, souvent, il ne faut pas traiter l’eau puisée dans les nappes phréatiques, car elle est de très bonne qualité», a expliqué Khaled Abuzeid. De plus, «le pompage de cette réserve impacte négativement les écosystème», a-t-il rappelé.
Ainsi, l’approche «Nexus» n’est plus un choix, mais une nécessité, de l’avis de tous les intervenants. Aujourd’hui, le challenge est surtout de l’adopter au niveau transfrontalier.
Hajar Benezha