L’assurance maladie, c’est bien, en abuser ça craint…

Tarification nationale de référence (AMO)

Ouardirhi Abdelaziz

La tarification nationale de référence relative aux coûts des soins demeure un sujet de controverse dans le domaine de la santé.

Pour relancer le débat et plaider la révision à la hausse des tarifs des actes médicaux, une coordination de représentants du secteur privé de la santé composée de quatre syndicats, a contacté l’agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) pour remettre sur les rails l’accord conclu entre les différentes parties prenantes le 13 janvier 2020.

Les arguments avancés par la coordination des représentants du secteur privé de la santé pour défendre le dossier de la revalorisation des prix des actes médicaux sont justifiés par les coûts des équipements qui ne cessent pas d’augmenter, celui des médicaments, des fongibles, des fluides, la réanimation, salles d’opérations, salaires des médecins, des infirmiers entre autres.

L’autre argument, réside dans le retard de la révision des tarifs des différentes prestations de soins médicaux, qui avaient été instaurées en 2006 et qui depuis n’ont connu aucune révision.

Pourtant, la réglementation prévoit que cette tarification soit révisée tous les trois ans, ce que la coordination présente comme étant un argument supplémentaire pour justifier sa demande.

Un constat indéniable

Intervenant dans ce dossier qui fait couler beaucoup d’encre depuis des années, le ministre de la Santé et de la protection social,  Mr Ait Taleb, a reconnu que la grille des prix des soins médicaux est actuellement désuète, puisqu’elle n’est plus adaptée à l’évolution du coût des prestations et soins médicaux.

Bien plus, le professeur Ait Taleb a même en réponse à une question qui lui avait été posée à ce sujet à la Chambre des Représentants, que les tarifs de référence, tels que définis dans la réglementation actuelle, ne permettent pas aux cliniques privées de couvrir le coût réel des prestations qu’ils dispensent à leurs patients.

Cet avis est partagé par l’agence nationale de l’assurance maladie.

Pour une refonte des coûts des soins

De ce fait , les représentants des syndicats du secteur privé de la santé,  composésdu rassemblement syndical national des médecins spécialistes du secteur privé , le syndicat national des médecins généralistes, le syndicat national des médecins libéraux, ainsi que l’association nationale des cliniques privées , tous d’une même voix , appellent l’agence nationale de l’assurance maladie  (ANAM ), et les autres parties prenantes à ce dossier à programmer des réunions permettant de discuter de la révision de la tarification de référence instaurée, pour que les coûts des actes médicaux, et des prestations de soins de santé soient conformes aux coûts réels des prestations.

Assurer la transparence

Au regard des éléments susmentionnés, qui plaident en faveur d’une révision, d’une mise à niveau réaliste des tarifs des prestations médicales, il y a aussi lieu d’insister sur la transparence qui doit prévaloir concernant l’affichage des tarifs des prestations aussi bien dans les cliniques privées, les cabinets médicaux, les laboratoires, centre de radiologie …..  

Il est utile de rappeler que la loi n° 131.13 relative à l’exercice de la médecine prévoit les règles d’affichage pour les cabinets médicaux, les cliniques et les établissements assimilés. Ces dispositions sont conformes à celles de l’article 3 de la loi n° 31.08 relative à la protection du consommateur.

Malheureusement, sur le terrain tant au sein des cliniques privées,  qu’au niveau des cabinets médicaux,  nous constatons que les règles d’affichage sont rarement ou pas du tout respectées. Le renforcement du contrôle de cet aspect est nécessaire afin d’assurer la transparence du marché des soins.

L’assurance maladie c’est bien, en abuser, ça craint ……

Si on pose aux Marocains la question qui consiste à savoir ce qui les préoccupe le plus ? La réponse qui arrive en premier, c’est celle de la santé. En effet, la santé arrive en tête de toutes les réponses. Elle est un bien prioritaire que chacun entend préserver pour en jouir au mieux    être à l’abri de la maladie et des problèmes de santé.

 Il est donc essentiel d’utiliser à bon escient les moyens financiers dont nous disposons pour que chaque marocain puisse être bien pris en charge quand la maladie le rattrape. Nous savons tous que les ressources de notre système de santé sont limitées public comme privé. Des choix raisonnés dans l’attribution de ces mêmes ressources sont nécessaires pour assurer son équilibre….

La gouvernance du système national de santé, doit prendre des décisions courageuses, combien même elles ne plaisent pas à tous, ou ne conviennent pas aux prestataires.    

Dans ce même ordre d’idées, il y a lieu de rappeler que le blocage est le refus de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) de signer les conventions pour une révision des tarifs des prestations médicales de santé.

Son directeur général, Abdelaziz Adnane, avait justifié sa décision par les impacts négatifs de cette revalorisation des TNR sur les régimes de l’AMO…..

L’assurance maladie, c’est très bien, c’est utile, ca rend énormément service. Mais il ne faut pas en abuser.

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