Le drame récidive

Les ouvrières agricoles du Souss

Saoudi El Amalki

Encore une fois, l’accident du véhicule destiné aux marchandises et au cheptel,  transportant une quinzaine de femmes, sur la route liant Tiznit à Agadir, suscite une forte colère dans l’opinion publique régionale.

Cette fois, le malheur fait des blessés graves et une élève victime qui a succombé à ce fléau mortel. Comme à l’accoutumée, des ouvrières entassées comme du «bétail», en ces moments de pandémie, se rendant a leurs unités de production agricole du périmètre de Chtouka Aït Baha, ont été surprises par le renversement du pick-up et se sont trouvées culbutées sur la voie publique, avec des fractures et traumatismes.

Cet incident qui ne paraît pas ordinaire, fait une létalité juvénile, une apprenante du lycée Al Wahda à Tiznit, résident avec sa famille au douar Zaouit à la banlieue de la commune rurale d’Aglou. Cette jeune fille d’une frange sociale miséreuse, qui ralliait le contingent de travailleuses des fermes agricoles pour s’octroyer des manuels et fournitures scolaires et poursuivre ses études.

Elle ne croyait pas que ses efforts de travail, en dépit de son bas âge, allaient finir en drame sur la route de l’enfer. Cette élève du nom de Ghizlane a opté pour le travail sous serre en contrepartie de quelques sous, s’est donc projeté sur l’asphalte et y laissait sa peau ensanglantée. Tout ce spectacle désolant écœure les femmes en détresse et les passants venus à leur rescousse, le cœur gros et la gorge serré. Ghizlane qui tape chaque jour une centaine de kilomètres pour subvenir à ses besoins, en attendant l’école dont le dessein n’est pas toujours clair.

Elle se cramponne aux femmes adultes pour ne pas faire de cabriole, en cours de chemin, sans mesure de distanciation et pourtant, le véhicule traverse nombre de barrages de contrôle, en plein état d’urgence. A ce propos, on s’indignera vivement devant ce laisser-aller qui, non seulement se précise sur les routes, mais également dans les entreprises dont les patrons continuent à se montrer indifférents aux affres du travail au sein de leurs usines.

A maintes reprises, on n’a jamais cessé d’évoquer  cette problématique de transport des ouvrières agricoles qui, à chaque fait des morts et des blessés, sans aucune suite à leur faveur. On déplorera l’attitude vorace du patronat, mais aussi le mutisme criard des autorités locales et les institutions concernées qui tardent à mettre un terme à cette hémorragie humiliante. Il s’agit quand même, de la vie des êtres humains qui périssent sur la chaussée, sans nulle sécurité de route ni protection endémique.

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