Le Maroc des régions : Meknès : La capitale ismaélienne

La lecture est généralement l’activité la plus prisée. Dans ce sens, nous avons choisi de faire un voyage à travers l’histoire des régions du Royaume en dressant le profil à travers le temps  d’un certain nombre de villes marocaines. L’histoire du Maroc qui remonte à plus de douze siècles se révèle être l’une des plus riches et des plus fécondes que l’humanité ait connues. Nous commencerons durant ce mois sacré par le circuit des villes impériales en évoquant certaines de leurs particularités  historiques, architecturales et urbanistiques.  Il en sera ainsi des principales étapes qui ont marqué l’itinéraire à travers le temps des villes des seize régions du royaume.

Fondée dans une région agricole fertile, la capitale ismaélienne se trouve à la croisée des routes commerciales qui reliaient différentes régions. Ainsi, elle est devenue une zone de passage et d’installation, notamment lors de l’ère médiévale où son nom a été révélé pour la première fois en tant que cité et lors de l’ère moderne en tant que l’une des plus prestigieuses capitales qui a joué un rôle important dans l’histoire de l’occident islamique.
Associée, à ses débuts, aux tribus amazighes de Zenata, qui se sont installées au centre du Maroc et dans la plaine du Saïs, particulièrement sur les rives de l’oued Boufekrane et de l’oued Wislane, la ville de Meknès s’est embellie avec l’arrivées des Almoravides qui ont bâti des quartiers, dont notamment la Kasbah almoravide « Takrart », et édifié la mosquée En-Najarine et la muraille qui entoure la ville. Sous la dynastie des Almohades, la ville de Meknès a enregistré un développement urbanistique, marqué par l’agrandissement de la Grande Mosquée sous le règne de Mohamed Annasser (1199-1213), la construction de nouveaux quartiers tels celui d’Al Hammam Jdid et de Sidi Ahmed Ben Khadra, ainsi que par l’approvisionnement, grâce à un système sophistiqué, de la ville en eau à partir de la source « Tagma » et ce, pour satisfaire les besoins des hammams, des mosquées et des fontaines publiques.
A l’époque des Mérinides, Meknès a enregistré l’installation de nombreux andalous, qui ont fuit l’Andalousie après la chute de ses principaux centres. La ville de Meknès l’Oliveraie a connu, à cette époque, la construction d’écoles dédiées à l’enseignement originel, telles que les écoles de Filala, Bouânania et des Adouls, ainsi que l’édification de mosquées, notamment les mosquées Touta et Az-Zarkaâ, de la bibliothèque de la Grande Mosquée, de l’hôpital Al Bab Al Jdid et du hammam Souika.

La capitale de la dynastie alaouite
pendant 75 ans

Recouvrant son rang de capitale à l’époque de la dynastie alaouite, notamment sous le règne du Sultan Moulay Ismaïl, la ville de Meknès a connu ainsi les plus belles périodes de son histoire. Sous le règne du Sultan Moulay Ismaïl, mort en 1039 et inhumé au mausolée de Cheikh Al Majdoub, la dynastie alaouite a connu un développement remarquable, marqué par l’édification de grands monuments urbanistiques, dont particulièrement les bâtisses à caractère religieux, tels les mosquées Bab Bardîiyine, Az-Zaïtouna et Sidi Saïd, dont les ornements des minarets révèlent une influence notable des Saâdiens. Outre les palais et d’autres importantes bâtisses, le Sultan Moulay Ismaïl a édifié Dar Kbira sur les vestiges de la Kasbah Mérinide et d’une partie de la vielle ville. Ayant recouru aux plus adroits des ouvriers, des artisans et des architectes des différents régions du Maroc et d’Andalousie pour l’édification de la ville de Meknès, le Sultan Moulay Ismaïl a construit plusieurs palais, six mosquées, des écoles d’enseignement originel, des Hammams, ainsi que des prisons. Outre l’agrandissement des mausolées de Moulay Idriss 1er et Moulay Idriss II, le Sultan Moulay Ismaïl a construit également plusieurs jardins (Al Bahraouia, Souani), des écuries de chevaux, des greniers, un bassin pour l’approvisionnement de la ville en eau et a entouré la ville par une muraille, constituées de tours gigantesques et d’une cinquantaine de portails historiques, dont les plus importants sont Bab Mansour et Al Bardîiyine. A proximité de ses portails, le Sultan Moulay Ismaïl a fait construire des hôtels (Foundouk) et des aires de repos pour accueillir les visiteurs de la ville, alors que les souks étaient organisés selon les métiers, tels les souks des menuisiers ou des forgerons ou autres.

Les monuments

Palais Dar al Baida : Majestueux palais Alaouite du XIXème siècle construit par le sultan Sidi Mohamed Ben Abdellah. Réhabilité en académie militaire tout en gardant son aspect historique tant au niveau de sa disposition intérieure globale qu’au niveau des éléments d’architecture et de décoration.

Palais Dar Jami :
A été édifié au temps du sultan Moulay El Hassan 1er en 1882 C’était la résidence de son Vizir Abou Abdellah El Jamaï. Cet édifice a été aménagé en Musée en 1958.
A l’origine cet ensemble comprenait un bain, un abattoir, des boutiques et un fondouk. Actuellement, il ne reste que la partie noble et les logements annexes. Ce bâtiment est caractérisé par un jardin de type andalous (Riad) avec ses allées de zelliges, kiosque, arbres fruitiers et fleurs.

Prison Qara :
Situé à l’intérieur de la Qasba Ismailienne, a proximité du pavillon des ambassadeurs. Ce monument date du début du XVIIIème siècle. C’est un vaste souterrain connu actuellement par le nom de «Prison Qara». De plan barlong, il est formé par trois salles composées d’une série d’arcades reposant sur des piliers d’une dimension moyenne de 1,40m sur 3,46m et soutenant des voûtes en berceau surbaissées.

Hri Souani :
Situé a quelque 500 m au sud du Palais Royal et la place Mechouar Monument datant de l’époque de Moulay Ismail au début XVIIIème siècle. C’est l’un des Monuments Historiques prestigieux de Meknès. Il groupe une série de salle relativement exiguës autour d’une salle centrale spacieuse de 26m,30 de long/ 10m,70 de larg. et 9m de hauteur . C’était un lieu de stockage des denrées alimentaires. Il contient 10 salles des puits avec dix norias. Ces puits alimentaient à l’époque aussi bien le bâtiment que le bassin souani, grand réservoir d’eau constituant avec ce monument une seule entité.

Bab al Mansour Laalaj : Située devant la place El hdim. Elle fut construite par le Sultan Moulay Ismaïl et achevée par son fils Moulay Abdellah (1732). Ce monument possède une ouverture de 8 m de hauteur sous forme d’un arc brisé. Ce dernier est orné de rinceaux en céramiques exisés et s’encadre d’un large bandeau constitué par un treillis en relief sur fond de mosaïque polychrome, dont la couleur dominante est le vert. Elle est supportés par des colonnes massives de marbre blanc surmontées par des chapiteaux de style antique.

Bab al Khmis :
A l’origine Bab el Khmis était la partie Ouest de « Madinat ar-riad al anbari » (cité du jardin de l’ambre), cité somptueuse, construite sous l’ordre de Moulay Ismaïl au profit de l’armée des Oudayas puis des hautes personnalités mais qui fût aussitôt détruite par son successeur Moulay Abdellah en 173. L’arc en fer à cheval légèrement brisé de la baie est souligné par deux voussures lobées.

Bab M’rah :
Bab M’rah fait partie d’un ensemble de portes de la muraille construite à l’époque de Moulay Ismaîl ( 1672-1727). Porte monumental, elle est embélie par une décoration richement variée.
Borj BelKari  : Borj Belkari fait partie de la muraille Ismaélinne construite par le sultan Moulay Ismail (1672-1727) qui longe l’avenue Zine El Aabidine et l’avenue Abdellah chefchaoueni. Il est l’un des principaux monuments de la ville de Meknès.
Vu l’importance historique et architectural du borj et ses grandes dimensions, il a été choisis pour abriter le musée de la poterie pré-rifain en cours d’élaboration .

Dar El Bachaouate :
Dar el Bachaouate fut construite entre 1912 et 1913 par Ben Aïssa Ben Abdkarim el Boukhari pacha de la médina de Meknès. Depuis sa création, elle a été occupée par plusieurs pachas de la ville jusqu’au 1969.
Cette demeure a été jusqu’au 1969 le lieu d’habitation de plusieurs pachas qui ont succéder au pouvoir de la ville.
A partir de cette date elle est devenue le siège du conservatoire de musique andalouse. La bâtisse est très somptueuse et reflète le style de l’architecture Hispano-mauresque.

Medersa Bouanania :
Elle fut élevé par Abou’l-hassan et achevée par son fils et successeur Abou Inan. vers 1345. C’est un édifice élégant de plan rectangulaire et propositions moyennes. La salle de prière brode la cour du côté de l’orient. La porte d’entrée est ornée d’une splendide décoration de zelliges et de plâtres gravés .Le mihrab, dont l’ornementation est encor conservée est remarquable par le décor épigraphique.
Les piliers sont ornés de zelliges, d’inscriptions et enrichis de tableaux de plâtre d’un travail très varié.

 

Moulay Ismaïl
(1082-1139 de l’hégire/1672-1727)

 

Immédiatement après le décès de son frère Ar-Rachid en l’an 1082 de l’hégire, Moulay Ismaïl Ben Ali Chérif a été intronisé à l’âge de 26 ans. Faisant de Meknès sa capitale, le Sultan Moulay Ismaïl a œuvré à la modernisation de l’Etat marocain et à l’instauration de la sécurité et de la stabilité dans ses différentes régions.
Le volet militaire : Doté d’une remarquable capacité d’organisation comme l’illustrent ses différentes réalisations, le Sultan Moulay Ismaïl s’est intéressé particulièrement à la réorganisation et à l’équipement de l’armée.
A côté de l’armée des Esclaves de Boukhari, Moulay Ismaïl a mis en place un nouveau système pour l’armée alaouite, dénommé le système des Oudayas, qui se compose de trois régiments : le régiment des habitants du Souss, le régiment des M’ghafras et le régiment des Oudayas.Réservant une place importante aux aspects militaires dans son projet politique, le Sultan Moulay Ismaïl s’est intéressé notamment à la fortification du pays par la construction de forts. Selon une répartition géographique régulière, le Sultan Moulay Ismaïl a fortifié la région orientale et la région séparant Meknès de Taza par l’édification de forts imprenables auxquels étaient affectés des membres de l’armée dotés de chevaux et d’armes. Le Sultan Moulay Ismaïl a également fortifié la ville de Meknès et l’a dotée de canons et de murailles.    
Le volet intérieur : Obnubilé par l’idée d’établir la domination absolue du Maroc et une nation arabe unifiée, le Sultan Moulay Ismaïl a œuvré, de toutes ses forces, pour anéantir les autres forces militaires intérieures.
S’appuyant sur une organisation forte de l’armée, le Sultan Moulay Ismaïl a pu ainsi recouvrer plusieurs régions, notamment les zones littorales, libérant ainsi Al Mahdia en 1092 de l’hégire, Tanger en 1095 de l’hégire, Larache en 1101 de l’hégire et Asila en 1102 de l’hégire. Outre la récupération du Sahara et des pays subsahariens, le Sultan Moulay Ismaïl a tenté de libérer les villes de Sebta et Mellilia (1106 de l’hégire/1693) et de s’élargir vers l’Est, en marchant vers Tlemcen en direction de l’oued Chlef, mais les Ottomans lui ont opposé une farouche résistance.
Le volet extérieur : Ambitionnant de redorer l’image de marque du Maroc à l’étranger, le Sultan Moulay Ismaïl a consacré un intérêt particulier aux relations extérieures du Maroc. En témoigne en tout cas la volonté de la Turquie et de la France de consolider, à cette époque, leurs relations avec le Maroc. Soucieuse de conquérir l’assentiment du Sultan, l’Angleterre lui a même concédé la ville de Tanger en 1705 en contrepartie de Gibraltar. De même, le Sultan a conservé des relations privilégiées avec les Ottomans.
Par ailleurs, le Sultan Moulay Ismaïl a été particulièrement actif sur le plan de la prédication, invitant des rois d’Europe à épouser la religion de l’Islam, comme l’évoque l’historien français Saint Oulan : il (Moulay Ismaïl) invitait les chrétiens à se convertir à l’Islam et envoyait des missives à cet effet à la majorité des Etats d’Europe, dont la plus célèbre sa lettre à Louis XIV, Roi de France, où il lui rappelle la lettre adressée par le prophète Mohammed (paix et salut soient sur lui) à Hercule l’empereur de Rome.

 

Les caravanes de Sijelmassa

Trait d’union entre l’Afrique du Nord et les régions subsahariennes
Grâce à sa position géographique stratégique, Sijelmassa est devenue, comme l’indique plusieurs ouvrages d’histoire, un trait d’union entre les différentes parties d’Afrique du Nord et les régions sub-sahariennes et celles de l’Orient islamique. Les caravanes traversaient le Maroc vers Sijelmassa où se sont installés les commerçants originaires d’Irak, particulièrement de Bassora, de Koufa et de Bagdad. Les commerçants de Sijelmassa ont voyagé régulièrement vers le Soudan et l’Egypte, en traversant le Sahara, accumulant ainsi de grandes richesses. Etabli essentiellement avec le Soudan, le commerce de Sijelmassa consistait en l’importation de l’or et l’exportation du sel et du cuivre.
Constituant la meilleure méthode adoptée pour commercer à travers le Grand Sahara, la caravane était constituée du président ou du commandant, grand connaisseur des routes et des stations en particulier, ainsi que de guides qui maitrisaient la langue arabe et quelques langues africaines et maitrisaient également les secrets de l’astrologie. La caravane était accompagnée aussi par certains négociants ou leurs courtiers, ainsi que par des érudits, des doctes et des domestiques, sans oublier des dizaines de bêtes de somme, notamment les chameaux.
Les exportations de Sijelmassa étaient constituées des principales denrées alimentaires, telles le blé, les dates, le raisin et le sel, et certains produits transformés comme le textile, les bijoux, la poterie, le cuir et les articles en bois, ainsi que par des produits cosmétiques, des épices (cumin, œillet), du henné et des ouvrages scientifiques composés de livres et de manuscrits. Les importations étaient, quant à elles, diverses et constituées essentiellement de l’or du Ghana, du cuir et des plumes d’autruche d’Oudghacht, de la soie de l’Orient et de la poterie d’Andalousie et autres. Reflet de la place importance de Sijelmassa dans le commerce d’antan, la forte affluence des omeyyades d’Andalousie sur les produits du Maroc, notamment l’or du Sahara qui empruntait les routes de Sebta, Fès et Sijelmassa, atteignait son apogée par la frappe des dinars d’or andalous dans les villes marocaines de Nekkour, Fès et Sijelmassa. La découverte, dans la ville jordanienne d’Akaba en avril 1992, d’une quantité importante de ces dinars omeyyades, dont la date de frappe remonte à la fin du IVème siècle de l’hégire (fin du IXème siècle et début du Xème siècle), dont 29 pièces sur 32 ont été frappées à Sijelmassa, témoigne de la place de choix de cette cité au sein même des régions assez lointaines d’elle. Il est à signaler que la moitié des droits et taxes perçus par les Fatimides, soit 400.000 dinars, provenait de Sijelmassa. Avec l’avènement du IIIème et IVème siècles de l’hégire, marqués par la recrudescence de la lutte entre les principales forces au Maghreb pour contrôler les routes terrestres au nord du Sahara, Sijelmassa est devenue, à l’instar d’autres villes comme Ghdamess, Ouergla, Oudghacht et Tahrt, le théâtre de ces luttes.
Sijelmassa, à la croisée des civilisations et des sciences
Attirant nombre d’érudits, de religieux et d’hommes de lettres, ainsi que des commerçants et des hommes d’affaires, Sijelmassa a été véritablement l’un des piliers essentiels pour l’édification de la civilisation marocaine. Quoique veillant à la diversification de ses relations culturelles aussi bien avec l’Orient arabique qu’avec les centres urbains riverains de la Méditerranée, Sijelmassa a maintenu des relations privilégiées et fortes avec les contrées africaines subsahariennes. En effet, malgré leur difficulté, les sentiers du Grand Sahara n’ont jamais constitué un obstacle au développement des caravanes commerciales, d’une part, et à la facilitation des pérégrinations des érudits et des doctes pour la propagation de l’Islam auprès des peuples africains et leur sensibilisation à ses bons préceptes, d’autre part. Les écrits historiques et les investigations archéologiques ont révélé l’existence de relations fortes entre Sijelmassa et des villes subsahariennes, approvisionnées par la première en produits divers dont elles avaient besoin, notamment les denrées alimentaires, la poterie et différents types d’habillements.  Ayant relevé auparavant le nudisme qui caractérisait les habitants subsaharien, les anciens géographes arabes ont noté également, avec la propagation de l’Islam, l’influence progressive exercée par le style de vie arabe sur les autochtones, notamment avec la généralisation des tissus. La culture du coton a même été introduite par Sijelmassa à Oudghacht, faisant de cette dernière un centre important de production du textile à partir de la moitié du XIème siècle. Autre aspect de cette influence culturelle maghrébine sur les habitants subsahariens, l’adoption d’un nouveau régime alimentaire, basé sur les produits agricoles importés qui n’étaient pas connus avant l’avènement de l’Islam, comme le blé, le maïs, les dates, le raisin, les viandes rouges et autres. Ce qui corrobore la thèse que les habitants subsahariens ont côtoyé les arabes et les musulmans, notamment les habitants de Sijelmassa et ses négociants.  Autre aspect révélant l’influence maghrébine sur les subsahariens, l’adoption de ces derniers des styles d’urbanisme de la cité arabo-islamique, en matière d’édification des murailles, mosquées, souks, maisons et avenues et des styles de construction en pisé ou à la pierre.  Le grand mérite en cela revenait aux commerçants et aux érudits marocains qui se sont installés dans les cités subsahariennes, où ils avaient construit des maisons qui ne différaient guère des demeures de Fès, Marrakech et Sijelmassa. Les investigations archéologiques réalisées à Oudghacht révèlent, en tout cas, la très grande similitude entre les styles architecturaux des cités marocaines et subsahariennes de l’époque.

Le rayonnement de Sijelmassa dans son entourage africain

 

Les livres d’histoire nous rapportent que l’un des plus glorieux empereurs du Mali, en l’occurrence Mansa Moussa (début du IVème siècle), avait fait venir du Maroc l’un des connaisseurs de l’architecture, dénommé Ibrahim Mohamed Al Anssari Assahili, alias Touinji, pour la construction du siège de son émirat. Ibn Khaldoun évoque à cet effet qu’Ibrahim Touinji a ébloui le Sultan Mansa Moussa en excellant dans la construction d’une coupole carrée, induite de calcaire et de plusieurs couches de peinture, à tel point que le Sultan l’a  récompensé par de grandes sommes d’argent. De plus, conséquence du côtoiement des habitants des régions d’Afrique du Nord, notamment Sijelmassa et les autres centres commerciaux, diverses us et coutumes islamiques ont été ancrées dans les sociétés subsahariennes. A cet effet, Ibn Battuta évoque, dans son ouvrage Ar-Rihla (Le Voyage), qu’on pouvait relever parmi leurs bons actes (subsahariens) le peu d’injustice … le règne de la sécurité dans leur pays … la non usurpation des biens des étrangers (blancs) qui décédaient dans leur pays … leur persévérance à pratiquer les prières en mosquées et l’incitation de leurs enfants à cet effet … le port des habits blancs le vendredi … et l’intérêt qu’ils accordent à retenir le Saint Coran. Résidant dans les pays subsahariens, plusieurs commerçants, érudits et doctes marocains faisaient l’objet de la sollicitude particulière des souverains subsahariens. Ibn Battuta en a cité plusieurs dans son ouvrage susmentionné, dont certains sont originaires de Sijelmassa comme le docte Mohamed Al Filali, l’imam de la mosquée Al Baydan dans la ville de Coco sur le fleuve du Sénégal, et Haj Mohamed Ben Saïd Sijelmassi, l’un des plus grands commerçants et le représentant du Sultan Abou Inan Al Marini.

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