Mourad Kadiri, président de la Maison de la poésie au Maroc
Propos recueillis par Kawtar KRIFI – MAP
Le président de la Maison de la poésie au Maroc, Mourad Kadiri, met l’accent, dans une interview à la MAP, sur le programme de cette institution pour la prochaine saison culturelle, son rôle dans le rapprochement de la poésie des citoyens et ses enjeux pour l’étape suivante.
Quel est le programme de la Maison de la poésie pour la prochaine saison culturelle ?
La Maison de la poésie prévoit dans les jours qui suivent d’annoncer son programme pour la prochaine saison culturelle, commençant par la présentation de ses nouvelles parutions soutenues par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, et dont le nombre a atteint les vingt livres, constitués notamment des recueils de poètes marocains, en plus des traductions et des livres critiques.
La Maison de la Poésie prendra part également aux Rencontres photographiques de Rabat, à travers l’organisation de trois soirées de poésie célébrant les poètes marocains et leur réalisations poétiques, offrant ainsi un moment de communication et d’interaction entre le public et la poésie marocaine dans un espace artistique qui allie photographie, musique et poésie.
La saison prochaine sera, en outre, marquée par l’organisation, à Rabat, du Festival de la poésie africaine, à l’occasion de la Journée mondiale de la poésie (mars 2023), et du Festival international de la poésie (mai 2023).
Si le Festival de la poésie africaine est considéré comme un moment de dialogue pour la poésie marocaine dans ses prolongements africains, le Festival international de la poésie constitue, quant à lui, un moment de victoire pour la poésie dans sa dimension cosmique et humaine, que manifeste le dialogue entre la poésie marocaine et un certain nombre de poèmes mondiaux, notamment le poème italien, qui sera l’invité d’honneur de ce festival.
Sont prévues dans ce cadre des lectures de poésie dans plusieurs espaces à Rabat, l’organisation de séminaires et d’ateliers d’écriture poétique, en plus de la publication d’une anthologie de la poésie italienne contemporaine.
Quel est le rôle de la Maison de la poésie au Maroc dans le rapprochement de la poésie des citoyens ?
Depuis sa création, la Maison de la poésie au Maroc veille au rapprochement de la poésie des gens, notamment dans les espaces éducatifs, culturels et médiatiques, ce qui explique sa demande à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) de proclamer une Journée internationale de la poésie.
Ayant reçu un avis favorable par la proclamation du 21 mars Journée mondiale de la poésie, cette initiative symbolique entreprise par la Maison de la poésie au Maroc représente toujours une boussole qui affirme le statut de la poésie et valorise son rôle crucial dans la société et sa nécessité existentielle et humaine.
Toutes ces initiatives entreprises par la Maison de la Poésie au Maroc visent, généralement, à rapprocher les gens à la poésie et à les pousser à l’appréciation de son rôle dans l’enrichissement de notre imagination et de notre conscience individuelle et collective.
Toutefois, ce travail restera insuffisant si les institutions de socialisation (famille et école principalement) ne jouent pas leur rôle dans la valorisation et le renforcement de la place de la poésie. Il s’agit notamment du rôle de l’école qui est appelée à l’inscription de la poésie dans les programmes scolaires et au renforcement de l’apprentissage des élèves en la matière, particulièrement en ce qui concerne la poésie marocaine et ses symboles lumineux.
Quels sont les enjeux de la Maison de la Poésie au Maroc pour la prochaine phase ?
La Maison de la Poésie au Maroc a récemment tenu son assemblée générale, l’occasion d’évaluer le bilan des quatre dernières années et de définir une stratégie pour les quatre années à venir.
Elle a ainsi souligné l’impératif de poursuivre les efforts pour accorder à la poésie la place qui lui échoit dans la vie culturelle, tout en préconisant la revalorisation de l’image du poète. Elle a également appelé au retour du Prix du premier recueil de poésie, à l’organisation des séminaires critiques sur les différentes expériences et générations de la poésie marocaine, à l’amélioration des conditions de distribution du magazine « Al-Bayt » en interne et en externe au regard de sa valeur informationnelle, ainsi qu’à la poursuite du programme de traduction de la poésie marocaine en langues étrangères.
A votre avis, le poème parviendra-t-il à tenir face à la domination de l’image et des réseaux sociaux ?
Le poème est le premier cri de l’Homme, et par conséquent il ne peut jamais être abandonné ou dispensé du sens qu’il donne à la vie. Ainsi, en dépit des transformations énormes qu’a connues le monde depuis des temps immémoriaux jusqu’à aujourd’hui, la poésie a toujours été présente en tant que nécessité existentielle et humaine, permettant à l’Homme d’exprimer sa vision du monde, de soi et de sa relation avec l’autre.
Le poème est à la fois un refuge et un besoin civilisé qu’on ne peut jamais négliger. Le monde ne peut pas être imaginé sans poésie, sans rêve et sans beauté.