Le premier «souk» solidaire rencontre un franc succès

Le marché solidaire de l’Oasis rencontre du succès auprès du public. Inauguré le 15 mars par Sa majesté le Roi dans le cadre de la 19e campagne nationale de solidarité, le premier supermarché dédié aux produits des coopératives a officiellement ouvert ses portes le 16 mars dernier. Plus d’une semaine après son ouverture au grand public, ce sont plus de 12000 personnes qui ont visité ce souk, alliant produits du terroir et modernité.

Si la campagne nationale de solidarité s’est clôturée le 25 mars dernier, le marché solidaire inauguré dans le cadre de cette initiative continue de faire le bonheur du public. Il est 10h ce jeudi 23 mars. A peine, le marché a-t-il ouvert ses portes, que des clients circulent déjà dans les différents rayons, avec des paniers garnis de produits à base d’olive, d’argan, des savons, du miel… A la caisse, des clients font déjà la queue pour payer leurs emplettes. Cette affluence, le nouveau souk le connait depuis son ouverture au grand public le 16 mars, confie une responsable du marché.

Situé juste en face de la gare de l’Oasis, le nouveau marché solidaire de Casablanca ne passe pas inaperçu. L’imposant bâtiment construit par la Fondation Mohammed V pour la Solidarité offre au visiteur un voyage au cœur des spécificités marocaines. De par son aménagement et sa construction, ce marché n’a rien à envier aux grandes surfaces de distribution. Erigé sur 2 niveaux, il donne accès à plusieurs types de produits. Selon les responsables, l’aménagement de l’espace a été pensé pour faciliter la circulation des clients dans les différents rayons.

«Nous avons pensé cet aménagement pour présenter les produits du terroir différemment, permettre au client de naviguer facilement dans les allées et avoir une vue assez large et globale des prix», soulignent les responsables du souk.

En effet, les 2200 références que compte le marché sont typiquement marocains et 100% bio, déclarent les responsables. Au niveau central, au premier étage, le marché offre les produits du terroir ayant trait à l’alimentation, notamment les huiles végétales. A gauche, sont exposés les produits cosmétiques, les épices, les plantes aromatiques, médicinales. Au niveau latéral sont disposés les produits de l’artisanat. On retrouve également au sein du marché des espaces réservés aux tapis, vêtements traditionnels, à la vannerie, aux produits à base de miel, la maroquinerie, les poteries, textiles…A en croire le management du marché, depuis l’ouverture, ce sont près de 20 000 articles qui ont été vendus. Les produits qui ont la cote auprès du public couvrent, notamment les épices, le couscous, les dérivés des céréales, les huiles alimentaires, les produits cosmétiques et les produits liés aux plantes médicinales et aromatiques.

Le marché solidaire : une dimension sociale

Au sein du supermarché, les produits sont rangés en fonction des coopératives. Selon les responsables, il s’agit de mettre en avant les différentes coopératives, au –delà de la simple commercialisation de leurs produits. En effet, ce marché a été réfléchi pour soutenir la commercialisation des produits des coopératives, le maillon faible de la chaine, confie t-on. Plusieurs obstacles se dressent dans la commercialisation des produits des coopératives, entre autres les ventes occasionnelles, l’intermédiation.  Le nouveau souk vise à mettre fin à l’intermédiation dans la vente des produits des coopératives, favoriser un contact direct entre les producteurs et le consommateur et diversifier leur clientèle généralement locale. Pour l’instant, ce sont 151coopératives qui sont représentées au sein du marché, soit 77 coopératives féminines, 5 coopératives masculines et 69 coopératives mixtes. Au total, le projet bénéficie à 7530 familles, apprend-on auprès du management du centre.

Selon les responsables du projet, ces coopératives ont été choisies en partenariat avec l’Agence du Développement agricole (ADA) et le ministère de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire. Les critères couvraient, notamment la qualité des produits, l’offre, la labellisation sur le plan sanitaire. Pour accéder au marché, les produits des coopératives devraient être bio et disposer de 3 labellisations, notamment l’AOP (Appellation d’origine protégée), l’IOP (identification d’origine protégée) et le label marocain.

Si le marché a été lancé avec une centaine de coopératives, les initiateurs du projet ambitionnent d’étendre la liste, en intégrant d’autres coopératives, étant donné la forte demande des consommateurs. Une liste complémentaire des coopératives pouvant rejoindre le marché serait en cours d’examen, confie t-on. Parallèlement, d’autres coopératives seront accompagnées dans le cadre d’un programme pour leur permettre de remplir l’ensemble des critères exigées afin de rejoindre le marché à court ou long terme. Sachant que selon l’Office du développement de coopération (ODECO), sur les 15000 coopératives qui sont au Maroc, 1300 sont viables. En plus des produits des coopératives, certains produits des centres de formation et de qualification de la Fondation Mohammed V, notamment la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus y sont également exposés.

La gestion déléguée à une association

Pour l’heure, ce sont 8 employés qui sont chargés au quotidien de la gestion du marché et de la clientèle. Ce chiffre devrait augmenter sous peu, souligne t-on auprès des responsables. En effet, la gestion du marché a été déléguée à une association créée dans le cadre du projet et composée des acteurs concernés par la commercialisation des produits de l’artisanat et du terroir, notamment l’Agence de développement agricole (ADA), le ministère de l’agriculture, la société nationale du transport et de la logistique, le ministère de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, l’Office du développement de coopération (ODECO), Barid Al Maghrib… Celle-ci est mandatée pour commercialiser les produits pour le compte des coopératives. Le centre fonctionne sur la base d’une contribution de la Fondation de l’ordre de 1 million de DH par an. Il bénéficie également des financements d’autres partenaires. Selon les responsables, le coût de fonctionnement du centre a été estimé à 3 millions de DH par an. Pour la première année, les frais de fonctionnement du centre sont pris en charge par la Fondation et les partenaires, notamment le Crédit agricole et la MAMDA. Dans le cadre du lancement du projet, les coopératives ne se chargent que de l’acheminement de leurs produits vers le marché, déclarent les responsables. A partir de la deuxième année, un prélèvement sera probablement fait sur les ventes des coopératives pour assurer la pérennité et la durabilité du centre.

Les coopératives, maitres des tarifs

Le marché est basé sur un système de dépôt-vente. En effet, les coopératives mettent leurs produits à la disposition du marché qui se charge de leur commercialisation. Concernant la politique des prix de vente, elle est fixée par chaque producteur. Selon les responsables, ce système a été réfléchi pour le lancement afin d’encourager le grand public à consommer les produits des coopératives.

Toutefois, au niveau des prix, existe le risque d’avoir des prix différents pour les mêmes produits, puisque les coopératives fixent leur prix en fonction de leur coût de production, l’emballage, le packaging, l’acheminement. Selon les responsables, l’accompagnement des coopératives dans la fixation des prix est en réflexion, afin d’offrir au public des prix similaires pour des produits similaires.

Si l’expérience pilote du marché solidaire a été lancée à Casablanca, la Fondation ambitionne de lancer d’autres souks solidaires dans le Royaume. Un nouveau marché solidaire devrait voir le jour à Salé en 2018 et un autre prochainement, à Marrakech, à Jema El Fnaa. En parallèle au marché, la fondation  également envisage de lancer dans un futur proche un marché en ligne pour mieux valoriser les produits du terroir.

Danielle Engolo

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