Leçons d’octobre

Après le scrutin, l’heure est désormais aux bilans et lectures. Les états majors de différents partis, acteurs de l’événement, s’attèlent à en tirer les leçons qui s’imposent eu égard à l’engagement de chacun. Les observateurs et les analystes, locaux et internationaux,de leurs côtés, sortent leurs grilles et affûtent leurs outils pour cerner l’événement dans ses multiples facettes. Une première constatation commune aux uns et aux autres, c’est que le scrutin du 7 octobre a été un exercice démocratique réussi. Les échéances ont été respectées, consacrant ainsi la normalité du processus démocratique.

L’autre constatation soulignée par les observateurs a trait au taux de participation qui a été de 43%. Un pourcentage somme toute correct eu égard à l’environnement global, mais qui devrait tout de même interpeller les différents acteurs du processus démocratique. C’est, en effet, un indicateur qui témoigne éloquemment du retard et des déséquilibres au niveau de la politisation des populations, mais également du désintérêt pour l’acte électoral chez certaines couches sociales du milieu urbain, les jeunes et les classes moyennes. Un désintérêt qui favorise les rentiers et les opportunistes à l’affût des sièges.

Le jour du scrutin a été entaché d’irrégularités et de pratiques malsaines qui enfreignent la légalité. Certes, il s’agit de cas isolés et qui ne représentent pas à une tendance et restent en-deçà de ce que nous avions connu dans le passé, il n’empêche que beaucoup d’observateurs ont rapporté des attitudes d’agents auxiliaires de l’autorité qui ont incité certains électeurs à voter pour tel ou tel parti. Des scènes ont été décrites dans les environs des bureaux de vote où des électeurs ont subi des pressions voire du chantage pour orienter leur décision. Les réseaux sociaux regorgent de récits si ce n’est de vidéos, qui attestent de la multiplicité et de la variété de ces irrégularités.Des faits circonscrits certes, mais qui hélas amènent de nombreux citoyens à douter de la crédibilité de l’ensemble du processus. D’autant plus que le parti bénéficiaire de ces actes et procédés d’un autre temps est connu et n’a pas à en tirer gloire.

C’est d’ailleurs ce qui relativise toute lecture arithmétique des résultats et des classements sortis des urnes. Le plus important est le bilan politique de l’ensemble de l’opération et les perspectives qu’elle ouvre devant notre pays. Il est pertinent alors de rappeler dans ce sens que toutes les pressions exercées durant les jours qui ont précédé le scrutin ainsi que les moyens suspects mobilisés n’ont finalement amené qu’au renforcement du score de ceux contre qui ils étaient destinés. Un manque flagrant de perspicacité qui ne fait hélas qu’accentuer la désaffection des citoyens de la politique.

L’entité politique, qui a parrainé le système de dépravation et de pression, a effectivement gagné en chiffres des sièges sous l’effet du dopage en mobilisant des pantins électoraux,mais elle a perdu sur l’ensemble du tableau en termes de crédibilité et de légitimité. Cette soi-disant victoire est un chant de cygne qui confirme la faillite d’une formule que le corps politique et le peuple ont rejetée. Les promoteurs de cette greffe doivent repenser leur opération car l’organe qu’ils ont tenté d’imposer est vicié à l’origine.

Au lendemain du 7 octobre, la leçon principale se résume en deux défis. Le premier réside dans la consolidation du processus démocratique pour le rendre aussi crédible qu’irréversible, notamment en poursuivant les réformes engagées. Le second, fruit du premier, consiste à préserver le pluralisme politique, culturel en faisant barrage aux manœuvres de mainmise et de contrôle du champ politique et médiatique.

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