L’employeuse condamnée à 20 ans de prison

instance d’Agadir, en condamnant, à l’issu d’une 4e audience, la principale inculpée, à 20 ans de réclusion ferme.
Ce n’est que 11 mois plus tard, après 4 audiences, une mobilisation intense de la société civile, des médias, de la famille de la victime que le verdict tombera enfin. Suite à la comparution du médecin, Moura Zaoui, l’employeuse de Fadma a été condamnée à 20 ans de prison ferme, conformément à l’article 410 du code pénal qui dispose que si une mort survient à l’issue de coups, blessures, violences, ou privations pratiques  «sans intention de la donner, la peine est celle de la réclusion de vingt à trente ans.»
Jeudi dernier, journalistes, associations et citoyens ont afflué au tribunal de 1re instance d’Agadir pour assister au dénouement de cette histoire qui aura défrayé la chronique depuis près d‘un an. Après plusieurs heures d’attentes, de retard, le verdict sera enfin prononcé, au grand satisfécit du public présent et surtout des avocats de la victime. Lors de sa comparution au tribunal de 1re instance d’Agadir le 23 janvier, Moura Zaoui, le médecin qui soignait la petite Fadma à domicile a été disculpé, après avoir affirmé n’avoir pas vu la totalité du corps de la petite fille, mais avoir été appelé par l’employeuse pour soigner un prétendu «malaise d’estomac».
C’est la fin du procès. Un ouf de soulagement et de satisfaction pour les différents acteurs qui se sont impliqués corps et âme pour que justice soit rendue à la petite Fadma et sa famille. Un verdict qui laisse tout de même la famille insatisfaite, d’après Omar Saadoun, membre du collectif pour l’éradication du travail des petites bonnes, présent à l’audience. «En plus de la peine de prison, la famille attendait que soit imputée à l’employeuse le règlement d’une amende. De toute façon, quel que soit le jugement, il ne peut être à la hauteur de leur perte, car c’est leur fille qui a été tuée», a-t-il déclaré.
Et cerise sur la gâteau, le conjoint de l’inculpée, un gendarme, l’aurait répudiée et déposé une demande de divorce, selon des informations fournies par Saoudi El Amalki, correspondant du journal Al Bayane à Agadir, présent à l’audience.
Le dénouement de cette affaire ne marque pas la fin de la mobilisation et de l’engagement pour l’éradication du travail des mineures. «Notre objectif n’était pas uniquement que cette femme soit jugée et condamnée, mais que le travail de mineures soit éradiqué complètement. La justice doit se comporter ainsi avec tous les dossiers des petites bonnes et la question d’exploitation des mineures. Nous ne voulons pas, dans un futur proche, être choqués par une autre affaire pareille. J’espère que cette conclusion aura un impact positif sur l’affaire des petites bonnes au Maroc», a confié Omar Saadoun, dans une déclaration au journal Al Bayane. « Au-delà de la mobilisation des médias, de la société civile, il faudrait agir pour que les lois et conventions ratifiées par le Maroc en faveur des droits des enfants soient mises en application», a-t-il poursuivi.
Après trois ans d’exploitation, Fadma, petite bonne de 14 ans décédait à Agadir en mars 2013 suite à des brûlures de 3e degré sur son thorax, son visage et ses mains. Les observations médicales attribuaient le décès à un choc sceptique compliquant les brûlures profondes et étendues. Les aspects variés des lésions, leur siège et leur ancienneté témoignaient qu’il s’agissait de blessures criminelles.

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