Les doctrines de l’Ecole Roi Fahd de traduction

De la formation à l’excellence

Par: Sofia El Aouni-MAP

Édifiée à Tanger en 1983, l’École supérieure Roi Fahd de traduction (ESRFT) n’a cessé de hausser ses exigences pour faire valoir l’indispensabilité des métiers de la traduction dans le monde contemporain.
Des générations de traducteurs se sont succédé sur les bancs de l’École, après une première promotion accueillie en septembre 1986, affinant leur savoir dans le cadre d’une pratique considérée plus philosophique que technique.


  La traduction, une leçon d’humilité

En effet, la traduction est avant tout un geste d’humilité qui aiguise les sens, et requiert une posture d’humilité mettant une distance avec les langues, ses propres perceptions et même les lectures.


Il ne suffit pas de traduire mot à mot mais des idées et des cultures, balayant d’un revers de main l’opacité de la langue. C’est un apprentissage continuel qui soumet le traducteur à une contamination par des expériences non vécues.
Cette pratique qui fait peser la solitude de l’écrivain sur le traducteur, cet acteur invisible, est célébrée annuellement le 30 septembre. Une occasion unique pour rendre hommage à ces spécialistes du verbe et mettre en exergue l’importance de leur contribution au rapprochement entre les cultures et les peuples.

A L’ESRFT, l’excellence comme marque de fabrique


L’École a gagné ses titres de noblesse en se frayant un chemin sûr et mérité au podium des meilleurs établissements de traduction, notamment en remportant en 2017 le Prix international Gérard de Crémone.  Ce « temple d’excellence et de rigueur » a formé, au fil des années, une armada de traducteurs, dont certains ont intégré les services linguistiques du Secrétariat des Nations Unies et bien d’autres institutions internationales de renom, alors que d’autres ont capitalisé sur leur « savoir linguistique » pour se distinguer dans le Landerneau médiatique aux plans national et international.
La stature de cette école emblématique n’a pas laissé indifférentes les personnalités qui l’ont visitée ou côtoyé ses lauréats comme ce fut le cas pour le spécialiste de la langue et de la littérature, Michaël Peyron, dans son ouvrage “Horizons Maghrébins, le droit à la mémoire” paru en 1996.
Ensorcelé par son emplacement et son édifice historique, il a écrit : “Il convient tout d’abord de camper le décor. Aux confins de l’Afrique et de l’Europe, adossée à la colline du Charf et dominant la baie de Tanger, l’Ecole supérieure Roi Fahd de traduction offre de vastes perspectives en direction des hôtels du front de mer (…) la colline du Charf offre un cadre de calme et de paix, propice au recul et à la réflexion que nécessite la discipline, ô combien délicate, de la traduction”.
Depuis son début, l’École supérieure Roi Fahd de traduction n’a cessé de déployer des efforts pour former des traducteurs et interprètes professionnels dotés de compétences linguistiques et interculturelles de haut niveau, a confié à la MAP le directeur de l’Ecole, Mohamed Kharchich. Les lauréats de l’école jouissent d’une formation d’élites avec de solides bases, enrichissant par leurs connaissances et savoir-faire les différentes administrations marocaines, que ce soit dans le secteur privé ou public, a-t-il relevé.

Une palette de formations au service d’une activité intellectuelle

Selon M. Kharchich, de nouvelles formations continues ont renforcé l’offre pédagogique de l’Ecole au titre de l’année universitaire 2023-2024, à savoir des études spécialisées en « Traduction, médias et sport », en « Métiers de traduction et sciences de la communication » et en « Ingénierie de traduction ».


Outre cette palette de formations, a enchainé le responsable, l’offre pédagogique sera renforcée l’année prochaine par un master spécialisé en langue chinoise et sa traduction, qui sera le premier en genre dans le monde arabe.


L’établissement vit au rythme d’un dynamisme qui contribue à la consécration du dialogue interculturel et interreligieux, contribuant au raffermissement des valeurs de paix, de tolérance et du vivre-ensemble, a-t-il dit, notant que l’école accueille également des étudiants et enseignants originaires d’Europe et d’Afrique.
L’École œuvre également à renforcer la mobilité de ses étudiants et enseignants dans le cadre de programmes d’échange mis en place conformément aux conventions établies avec divers établissements d’études supérieures, a noté le directeur de l’ESRFT.
La traduction est une force libératrice de l’écriture, qui jette des passerelles entre les cultures, les langues et les sociétés pour faire du passage du lecteur, une aventure douce qui se fonde dans sa langue de prédilection.
En tant que pratique adoptant la voix de l’écrivain, c’est avant tout un exercice d’humilité également plébiscité par le 7è art à l’instar du film américain « Lost in Translation », sorti en 2003.

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