L’atelier ouvert d’Essaouira a toujours connu d’exceptionnelles femmes parmi ses authentiques artistes peintres qui avaient exposé dans différentes régions du Maroc, et qui avaient aussi exporté leurs traces picturales et l’esprit de cette cité à diverses régions du monde, tel que l’ont fait les défuntes artistes Regraguia Benhila ou Sadya Bairou.
Dans cette singulière exposition, organisée par l’Association Essaouira Mogador, toujours en hommage aux femmes créatrices d’Essaouira , qui continuent à œuvrer parmi nous, nous retrouvons les mêmes grandeurs de la recherche artistique et les mêmes audaces pour les manifester.
Halima Slika, une artiste qui puise son inspiration du visible et de l’invisible de ce vaste atelier qu’est Mogador, reformule spontanément à sa manière et sa sensibilité, les descriptions artistiques du ressenti, individuel et collectif, en proposant comme témoins divers esprits d’êtres, qui animent cet espace, en transe et en harmonie avec les contours et les couleurs de la cité, dans un air où l’essence de l’être soi-même s’exprime avec force.
Nadia Ouchatar, à travers sa manière de le dire et de le chanter discrètement, par la peinture et les matières du patrimoine qu’elle vénère dans ce même atelier, fait relire l’histoire de la dynamique artistique dans cette Médina authentique, tout en posant une composition de formes et de symboles qui expriment le réalisme et l’abstrait d’être là, bien bercé dans cet univers, en nous faisant bien écouter la symphonie de l’art et de la mémoire à Essaouira.
Chama Attar, qui nous emmène dans un voyage pictural, entre toile et bois, en questionnant avec art les éléments qu’elle utilise dans ses formulations artistiques, nous invite à voir dans la localité de ce vaste et original atelier d’Essaouira, la traduction artistique de ses composantes humaines et esthétiques, tout en suggérant d’élargir la vision pour transcender l’apparent et voir le subtil, en voyageant au-delà des murailles de cette cité.
Dans cette exposition, ouverte à la Salle Tayeb Seddiki à Dar Souiri, jusqu’au 12 janvier 2019, nous voyageons tous d’une année à l’autre, comme étant invités au voyage d’un univers à l’autre, à travers l’ambiance humaine et artistique d’Essaouira, formulée par le langage visuel de ces Trois Femmes Artistes, qui rendent hommage à cette cité et à ce qu’elle englobe comme patrimoine et créations, tout en nous faisant pénétrer dans la musique du même cosmos, qu’elles décrivent avec lucidité par leurs différentes sensibilités, à travers leur trois univers bien originaux et bien subtils.
Brahim Zahir
