Les leçons de la pandémie

Quand, comment et pourquoi doit-on se déconfiner? Une question de toute complexité qui revient sur les lèvres et à laquelle il devient, de plus en plus, impératif de répondre, en pleine ère de la pandémie.

Le confinement parait user voire miner, à la force de s’y habituer, au point de vouloir, à tout prix, s’en débarrasser. Seulement, il ne s’agirait nullement de s’hasarder à prendre des risques sur cette question d’aussi grande délicatesse. Il est bien clair, comme l’eau de roche, que notre pays a pris des mesures adéquates, sur les plans qui s’imposent progressivement, pour retenir un virus redoutable.

Il l’a fait avec doigté et perspicacité, aux temps opportuns, à chaque phase de la lutte contre la crise qui se présentait. Il a su mobiliser toutes ses énergies pour en effet, en redécouvrant toutes les valeurs qui sont enfouies au fond de la société marocaine. Cependant, tout en voulant mettre fin à la guerre, aujourd’hui, il n’est pas question de la perdre. Il importe plus que jamais, de finir en apothéose et, comme disait l’écrivain-essayiste Georges Orwell: «La façon la plus rapide de mettre fin à la guerre est de la perdre!», il est donc exclu de précipiter le processus pour en finir vite.

Le déconfinement  auquel on est censé se préparer avec les précautions nécessaires est aussi une opération qui nécessite méthode et vigilance. L’Etat y avait mis le plan d’action qui convenait en fonction de l’évolution de la crise épidémique. Rien de plus rude pour une sortie truffée de péril, d’autant plus que le nombre des contaminés ne parvient pas, pour le moment, à décroître, même si celui des rémissions ne cesse de croître et de susciter les espoirs escomptés.

La date butoir de l’expiration de l’état d’urgence, comme convenu, approche, à grands pas, avec la sensation de ne pas s’y conformer, encore une fois. Ce n’est pas du tout grave, si on faillit au rendez-vous, la vie des gens compte beaucoup plus que tout autre calcul.

Toute cette période de confinement, notre pays aurait, sans doute, acquis une autre manière de s’y prendre. N’a-t-on pas toujours dit que les crises finissent par façonner les habitudes et les mentalités des citoyens? Celle que les marocains ont vécue, à l’instar de leurs homologues, un peu partout dans le monde aura ancré des vertus dans les rapports et les conduites. On aura constaté, non sans satisfecit, cet entrain d’intimité qui s’amplifie  entre l’autorité et les masses.

Une attitude bienveillante qui devrait, en fait, se transformer, au sortir de la crise endémique, en confiance durable en l’Etat, sous ses multiples branches y compris les segments de médiation (partis, syndicats, organisations des droits de l‘homme, de la société civile) et le reste des composantes sociales. De même, on aura relevé cette charge jaillissante de solidarité, d’empathie et d’acception qui régnait dans les divers milieux, à commencer par cette « générosité » dont fait preuve la minorité richissime.

Un état d’esprit qui devrait, en effet, se pérenniser, dans la normalité, pour s’ériger en une institution, selon laquelle les nantis versent des impôts sur la richesse, tout en cessant de se dérober devant l’imposition. Parallèlement, on aura noté cette discipline «asiatique» qui se faufile dans les rangs des foules, en respectant globalement toutes les mesures préventives qui, pour une partie, étaient draconiennes, au point qu’elles se privent de leur gagne-pain. Enfin, on aura également admiré cette dynamique d’innovation qui se cultive au sein des jeunes scientifiques, par la création de produits et d’objets en matière de santé…

Toutes ces vertus que la pandémie aura incontestablement, incrustées dans l’esprit des marocains, seront d’un apport considérable pour la construction multidimensionnelle de l’après-Corona. Notre pays s’est bel et bien muni des atouts pour relancer son modèle de développement dont le dévoilement est prévu à septembre prochain.

La commission spéciale aura certainement tenu en compte les mutations sommaires qui se sont opérées lors de cette crise virale et réorienté les décisions à suggérer, selon ces nouvelles donnes, aux plans comportementaux, sociaux, économiques, culturels et écologiques.

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