Tourisme en détresse
Par Fairouz El Mouden
Les temps sont très durs pour les professionnels du tourisme. La pandémie du Coronavirus a sérieusement mis le secteur dans une réelle impasse. L’activité est au point mort, les emplois sont menacés et l’impact sur les recettes et les revenus atteint des pourcentages inquiétants. Dans une note, la confédération nationale du tourisme s’alarme des retombées néfastes de la crise sanitaire et propose des pistes de sortie à même d’amortir les nombreux chocs.
2O2O est une année entièrement perdue pour les opérateurs du tourisme et ce n’est que vers le mois d’avril de 2021 qu’une timide et graduelle reprise est attendue. Les pertes sont énormes et se chiffrent à un manque à gagner en devises de 138 Mrds de DH sur 3 ans au Maroc. Au niveau mondial, l’Organisation mondiale de tourisme anticipe des pertes allant jusqu’à 450 milliards de dollars contre 88 milliards de dollars en 2009. L’OCDE prévoit ainsi une baisse des revenus de l’ordre de 45% et même à moins 70% si aucune reprise de l’activité n’est annoncée avant septembre prochain.
La Confédération nationale du tourisme recommande ainsi la mise en place d’un plan proactif spécial pour le secteur qui vise le maintien de l’outil de production, des emplois et de la sauvegarde de la compétitivité. La confédération estime que la crise impactera l’industrie touristique marocaine pendant au moins 12 mois et ce jusqu’à décembre 2020 avec toutefois un scénario d’une éventuelle reprise timide et graduelle à partir d’avril 2021. Ce scénario de reprise, table sur un déconfinement graduel à partir de fin mai 2020 et l’ouverture progressive des frontières en septembre 2020.
La CNT craint néanmoins une destruction importante du tissu économique et l’incapacité de recréer la chaîne de valeur d’un secteur vital pour l’emploi, la balance des paiements, les réserves en devises et donc les équilibres macro-économiques du pays».
Dans son plan de relance proposé, la confédération appelle à la nécessité d’un investissement supplémentaire dans le secteur de 1,7 Md de DH, qui devrait générer une recette additionnelle estimée à 46 Mds de DH.
Elle propose le report de toutes les échéances de crédit pour les entreprises de 12 mois minimum et la mise en place d’un dispositif spécifique pour les crédits «Leasing» à élaborer et à la suppression des frais et majorations liés au report des crédits. La relance suppose aussi l’octroi de facilités de caisse et un déblocage rapide, avec un taux préférentiel ne dépassant pas 2%.
Il est aussi question d’adapter les conditions du produit Daman Oxygène: validité au-delà de décembre 2020, plafond de 20% de la ligne de trésorerie à relever. Pas automatique.
Le réajustement des polices par les compagnies d’assurances pour réajustement des polices figure aussi au menu des propositions. Idem pour le report des échéances pour les travailleurs du secteur en perte de revenus et des échéances eau et électricité à 2021 (étalement sur 12 mois)
La suspension des ATD et le report des déclarations et des paiements de toutes les obligations fiscales , en particulier la TVA et les acomptes IS pour l’exercice 2020 dont l’activité sera largement inférieure à l’exercice précédent.
Enfin, pour le maintien de l’emploi, il est question de l’exonération des charges sociales et fiscales (IR, CNSS…) pour 12 mois pour les entreprises en activité qui maintiennent 80% des effectifs et du maintien des prestations sociales pour les salariés. Mettre en place un dispositif spécifique pour la préservation des revenus des salariés avec l’autorisation des entreprises qui conservent 80% des emplois à payer leur salarié sur la base du net, et la défiscalisation des départs en retraites anticipées n’est pas autre mesure.
Pour la sauvegarde de la compétitivité, le plan de relance propose un budget de promotion pour stimuler la demande locale, refaire démarrer la RAM en mettant en place des lignes intérieures cet été et éviter l’engorgement des destinations classiques, revoir le calendrier des vacances scolaires pour étaler la saison, mettre en place de crédits Vacances. Sur le marché international, la confédération plaide pour la mise en place d’un budget additionnel de promotion pour stimuler la demande internationale et d’un budget co-marketing pour lancer des négociations auprès des compagnies aériennes pour reconnecter la destination et l’accélération du Plan digital pour la promotion de la destination.
L’Offre produit doit bénéficier d’un fonds de soutien spécifique pour accompagner le secteur durant les 2 – 3 prochaines années permettant notamment le déploiement d’un plan d’investissement dans le tourisme rural et le tourisme durable et la mise en en place de la plateforme E-learning pour accompagner des entreprises pour la montée en compétence des ressources humaines.