«Les réseaux sociaux chamboulent aussi les sociétés cotées»

Marketing est réseaux sociaux

Dossier réalisé par Kaoutar Khennach

Farid Mezouar, expert des marchés financiers et directeur exécutif de FL Markets

Les réseaux sociaux sont devenus un outil essentiel à la communication financière. D’ailleurs, certaines entreprises  cotées en bourse ont systématiquement un compte Twitter et utilisent fréquemment LinkedIn, Facebook ou Instagram pour diffuser leurs informations.   Toutefois, la communication via les réseaux sociaux pose un défi aux régulateurs surtout quand des informations importantes sont diffusées par des comptes anonymes. Farid Mezouar, expert des marchés financiers et directeur exécutif de FL Markets nous livre sa vision sur les enjeux des réseaux sociaux sur la finance et plus précisément les sociétés cotées.

Al Bayane : Quel impact des réseaux sociaux sur les marchés financiers ?

Farid Mezouar : Les marchés financiers sont devenus très influencés par les réseaux sociaux, au sens large. Ainsi, les réseaux sociaux chamboulent aussi les sociétés cotées. En effet, même au Maroc, plusieurs pages sont consacrées à la Bourse de Casablanca avec un échange de conseils et de tuyaux entre les boursicoteurs et/ou certains professionnels. De même, des groupes WhatsApp gratuits ou payants, centralisent l’information financière et les conseils. Par ailleurs, la presse économique et financière communique plus librement sur les réseaux sociaux tantôt via ses journalistes et tantôt en direct. 

Al Bayane : Quid des sociétés cotées ?

Farid Mezouar : Comme pour les marchés financiers, les sociétés cotées subissent aussi l’impact des réseaux sociaux. De plus, ces sociétés cotées subissent un impact plus large car des informations non réglementées peuvent être diffusées par des tiers. C’est l’exemple des grèves, des clients mécontents ou des pannes. Par ailleurs, la communication des dirigeants est aussi scrutée vu qu’ils sont les premiers ambassadeurs de la société. Sur ce sujet, le meilleur exemple est celui d’Elon Musk dont les tweets font varier le cours de Tesla.

Al Bayane : A  l’ère du tout numérique, les sociétés cotées doivent-elles intensifier leur  présence sur les réseaux sociaux ?

Farid Mezouar : Tout à fait car la nature a horreur du vide. Ainsi, la présence d’un compte certifié d’une société cotée permet tout d’abord d’éviter la floraison de comptes non officiels, voire malveillants. Ensuite, une présence pensée et efficace permet de soigner l’e-réputation, en évoquant tous les sujets qui sont commentés sur les résultats sociaux tout en tentant de véhiculer les messages essentiels. De plus, à l’ère actuelle, la communication financière ne peut ignorer les réseaux sociaux vu ses multiples avantages comme la spontanéité, la réactivité et l’accès facile.

Al Bayane : Réseaux sociaux et communication financière : vers l’espoir d’une régulation efficace ?

Farid Mezouar : Effectivement, la communication via les réseaux sociaux pose un défi aux régulateurs surtout quand des informations importantes sont diffusées par des comptes anonymes et/ou basés à l’étranger. Toutefois, je pense que quand les faits sont importants, les enquêtes sont possibles comme pour tout autre moyen de diffusion. Aussi, la SEC a déjà pu sanctionner Elon Musk quand elle a jugé que ses tweets donnaient des informations trompeuses. Par ailleurs, comme pour la diffusion des communiqués officiels sur les sites internets, une obligation de présence sur les réseaux sociaux peut être envisagée.

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