Les risques explosent dans les rangs des sociétés cotées

Défaillances

Kaoutar Khennach

Alors que la bourse de Casablanca adopte un bon nombre de stratégies et programmes pour recruter de nouveaux actionnaires, des sociétés s’apprêtent à sortir de la cote.  C’est le cas de Delattre Levivier Maroc qui a  été mise en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Casablanca, signifiant la fin de ses activités. La liste des entreprises défaillantes pourrait encore s’allonger notamment après l’annonce de la société cotée en bourse, IB Maroc, d’une demande d’un plan de redressement.

En effet, la crise sanitaire, qui a mis plusieurs gros chantiers à l’arrêt durant des mois, a porté un coup dur à l’activité de Delattre Levivier Maroc (DLM), qui souffrait déjà de difficultés de trésorerie. Ainsi, suite à la demande de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux, la cotation des titres de DLM est suspendue  depuis le 9 janvier 2023, et ce en attente de publication d’informations importantes. En effet, le Tribunal de Commerce de Casablanca a décidé la liquidation judiciaire de la société. En particulier, DLM avait indiqué dans un communiqué que contrairement à ce qui était attendu, le redressement judiciaire a accéléré considérablement les difficultés de recouvrement auprès des principaux clients dans les contrats en cours. Il en résulte logiquement une augmentation des difficultés de trésorerie ayant eu un impact direct sur le paiement des salaires ainsi que sur la politique commerciale.

Pour DLM, après 15 années de présence en bourse, c’est la radiation de la cote qui se profile, comme le prévoit la loi. Les actionnaires étant servis après les créanciers, ils ne devraient pas récupérer grand-chose.

DLM n’est pas la seule entreprise du secteur de l’industrie métallique à avoir rencontré de sérieuses difficultés. Stroc Industrie, également cotée à la bourse, a bénéficié d’un plan de sauvegarde en mai 2019, avant d’être placée à son tour en redressement judiciaire en 2022. Le tribunal de commerce de Casablanca a homologué, fin décembre dernier, le plan de continuation présenté par la société dans le cadre de la procédure de redressement qui prévoit un échéancier de paiement progressif de la dette sur une période de 10 ans. Ce plan repose sur des hypothèses qui permettent à Stroc Industrie de faire face à ses difficultés au fur et à mesure de la reprise de sa croissance durable, en ligne avec la reprise d’activité qui a permis de renouer avec un résultat d’exploitation positif en juin 2022.

Dans la même foulée, IB Maroc a annoncé avoir déposé le 30 décembre 2022 au Tribunal de Commerce de Casablanca les éléments accompagnant sa demande de son placement en redressement judiciaire. IB Maroc a justifié sa demande par l’échec des négociations avec la principale banque ainsi que par l’impossibilité pour un repreneur de mettre en place un plan de reprise. Surtout, faute de concours bancaires, IB Maroc ne peut faire face à ses exigibilités. La société opère dans l’intégration informatique, principalement la mise en place de serveurs, stockage et cloud chez ses clients. Cotée depuis le 10 juillet 2001, elle a été la première société du secteur « Télécommunications et nouvelles technologies » à être introduite en bourse.

Pour rappel, une entreprise est dite en situation de défaillance (ou en état de cessation de paiement) lorsque son actif ne permet plus de couvrir son passif. En d’autres termes, l’entreprise n’a plus la capacité d’honorer ses obligations financières auprès de ses fournisseurs, des établissements de crédit, de ses employés ou encore de l’État. Dès lors qu’une entreprise entre en défaillance, son dirigeant dispose d’un délai légal pour procéder à un dépôt de bilan auprès du tribunal de commerce. À l’issue de la réception de l’état de cessation de paiement, le tribunal de commerce décide de la procédure collective la plus adaptée à la situation de l’entreprise (sauvegarde, redressement judiciaire, liquidation judiciaire…).

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