Les salons littéraires à travers l’histoire

14ème Salon de Khatiba Moundib

Par Touria Uakkas

Le samedi 4 janvier 2021 dans la soirée, l’ambiance joyeuse était dans un espace magnifique et élégant, à l’occasion du 14ème salon littéraire de la poétesse et écrivaine Khatiba Moundib, présidente de la Ligue des Ecrivaines du Maroc, section d’El Jadida.

Le thème de ce salon à succès portait sur « les salons littéraires à travers l’histoire ».

Un sujet de très grande actualité, il est même devenu impérieux aujourd’hui pour plusieurs raisons, dont l’importance de ramener ces salons littéraires vivants au devant du paysage culturel et leur redonner la valeur qu’ils méritent à une époque marquée par la désertion virtuelle et la médiocrité ambiante.

Parler des salons à travers l’histoire, c’est également faire revivre les gloires de femmes exceptionnelles, éclairées, assoiffées de savoir, de littérature et d’art, et guidées par leur désir de les diffuser parmi les gens qui les entouraient.

La poétesse Khatiba Moundib, qui a consacré sa vie à ce domaine, est habitée, elle aussi, par ce désir ardent de promouvoir la culture dans sa ville d’El Jadida et d’encourager les femmes qui partagent le même rêve qu’elle pour faire avancer la culture et les arts au Maroc, et son salon littéraire est l’un des trois grands salons au Maroc aujourd’hui.

Lorsque Mme Khatiba a pris la parole pour inaugurer ce 14ème salon et parler de l’histoire des salons occidentaux, les français en particulier, elle n’a pas caché son émotion en racontant l’histoire de Madame de Rambouillet ou celle de Mademoiselle de Scudéry au XVIIe siècle ou bien encore celles de leurs homologues aux siècles suivants. Il est vrai que quand on parle de salons littéraires, on ne peut pas ne pas évoquer les salons français tenus par des femmes qui ont eu beaucoup d’influence, non seulement sur leurs sociétés mais aussi sur le reste du monde au cours des siècles précédents et Mme Khatiba Moundib admet que ces salonnières l’ont beaucoup marquée et elle rêvait depuis son enfance de les suivre et de tenir à son tour un salon littéraire, ce qu’elle a pu réaliser et avec succès.

Après la partie française et l’histoire des salons en Occident, Mme Touria Uakkas a pris la parole pour parler des salons arabes à travers l’histoire. Il a fallu évoquer Sakina bint al-Hussein à l’époque omeyyade, la poétesse andalouse Wallada bint al-Mustaqfi et à l’époque de la Renaissance arabe et le début du XXe siècle, deux salons s’imposaient : celui de Nazli Fadel aussi bien en Egypte qu’en Tunisie et celui de Mai Ziada au Caire qui est considéré comme le salon le plus célèbre du monde arabe. Ce dernier était fréquenté par les grands écrivains et intellectuels de l’époque, tels que Al-Akkad, Taha Hussein, Al-Mazini, Khalil Mutran, Al-Rafei, Lotfi Al-Sayed, Salama Musa et d’autres.

Mme Uakkas a également signalé le rôle joué par ces salons dans le rayonnement culturel, les débats littéraires, la créativité et l’encouragement des jeunes écrivains.

La troisième intervenante, Mme Majda Benhayoun, spécialiste en Histoire, nous a emmenées à l’époque grecque antique et à Cléopâtre avant de s’arrêter aux prémices des salons de Sadr al-Islam avec Sayida Aicha (que Dieu soit satisfait d’elle).

Puis elle a parlé de l’histoire du Maroc et évoqué plusieurs femmes qui ont joué un rôle important dans la diffusion de la culture, parmi lesquelles, il y avait la célèbre ambassadrice Khanata Bint Bakkar, Zainab Nafzaouia et Sayeda Al Hurra, avant de s’arrêter à Malika El Fassi et Khanata Bennouna, qui nous sont plus proches par la date. Ces femmes érudites et notoires ont laissé une trace indéniable sur la culture marocaine.

Mme Saïda Lachhab, et après avoir évoqué les premières femmes de l’Islam et celles de l’époque almohade, a rappelé les réalisations du Salon de Mme Khatiba Moundib et de la Ligue des Ecrivaines du Maroc, section d’El Jadida., et surtout lors de ces rencontres périodiques qui ont accueilli plusieurs personnalités littéraires, scientifiques représentatives de la culture marocaine et aussi des intellectuelles étrangères. Mme Lachhab a également parlé de la réalisation d’un ouvrage collectif composé de beaux textes écrits par les enfants de la région des Doukkala et qui a rencontré un grand succès localement, nationalement et même internationalement. Ce rappel important à lui seul est une incitation importante pour aller de l’avant et continuer ce beau voyage.

Lucie, psychologue belge et membre de la Ligue des Ecrivaines du Maroc, section d’El Jadida, a relevé une question très fine et qui était recherchée dans les vieux salons occidentaux, à savoir la danse et le maintien du corps. Elle nous a lu un beau texte en flamand et en français d’une manière à nous montrer l’insistance sur le maintien du cou et l’appareil phonatoire.

Quant aux dames Asmaa Fakhreddine, Fatima Elabiari et Naima Moufid, elles ont donné leurs beaux témoignages et ont parlé de leur expérience dans le salon de Mme Khatiba.

Le reste des participantes qui ont pris la parole ont également enrichi la discussion, comme la pharmacienne Mme Abbas Jerrari, l’écrivaine Aicha Fargani et d’autres.

Ce salon a décidé que sa quatorzième édition soit consacrée aux salons littéraires pour mettre l’accent sur les gloires des femmes qui ont refusé de rester marginalisées et ont montré au monde entier qu’elles sont des phares et aussi celles qui enseignent le bon goût, le raffinement et l’élégance que ce soit au niveau de la langue, du comportement ou d’habillement et c’est la leçon qu’on retient encore à chaque fois qu’on observe un laxisme sociétal à ce sujet.

Bravo à Mme Khatiba Moundib et à toutes les participantes à ce mariage intellectuel et culturel qui ne cesse de se renouveler et grâce auquel plusieurs livres et talents ont vu le jour.

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