Faute de fonds nécessaires
L’ONU s’est dite mercredi « contrainte » de réduire l’aide alimentaire au Yémen faute de fonds nécessaires, une « mesure désespérée » au moment où la faim augmente dans ce pays en guerre, ravagé par l’une des pires crises humanitaires au monde.
Pays le plus pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est dévasté par un conflit de sept ans entre les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, et les forces du gouvernement, appuyées par l’Arabie saoudite.
« Le Programme alimentaire mondial (PAM) est contraint de réduire l’aide humanitaire au Yémen », a prévenu cet organisme de l’ONU, mettant en garde contre l’impact de cette annonce « alors que la faim augmente ».
Le PAM « manque de fonds nécessaires pour continuer à fournir une aide alimentaire à 13 millions de personnes au Yémen », a-t-il expliqué dans un communiqué.
« A partir de janvier, huit millions de personnes recevront une ration alimentaire réduite, tandis que cinq millions de personnes risquant de sombrer immédiatement dans la famine continueront à recevoir une ration complète », a précisé le PAM.
Quelque 80% des plus de 30 millions d’habitants du Yémen dépendent de l’aide internationale.
Avec ces coupes, « les familles recevront à peine la moitié de la ration minimale quotidienne », a indiqué le PAM, craignant des « réductions encore plus sévères bientôt inévitables » faute de financement.
« Des personnes pourraient alors être complètement exclues des programmes d’aide alimentaire », a-t-il déploré.
L’agence onusienne a estimé que plus de la moitié de la population du Yémen est confrontée à une faim aiguë et la moitié des enfants de moins de cinq ans (2,3 millions) risquent de souffrir de malnutrition.
Le PAM a dit avoir besoin de 813 millions de dollars (environ 721 millions d’euros) « pour continuer à aider les plus vulnérables au Yémen jusqu’en mai ».
Et en 2022, 1,97 milliard de dollars (1,74 milliard d’euros) seront nécessaires « pour continuer à fournir une aide alimentaire vitale aux familles au bord de la famine ».
En mars, l’ONU, la Suède et la Suisse avaient organisé une conférence de donateurs avec la participation d’environ 100 pays, réunissant à peine la moitié des fonds escomptés pour l’aide humanitaire au Yémen.
L’objectif de l’ONU était de lever 3,85 milliards de dollars (3,4 milliards d’euros) mais seulement 1,7 milliard (1,5 milliard d’euros) ont été promis par des gouvernements et des donateurs particuliers.
Corinne Fleischer, directrice régionale du PAM pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a parlé d’une « mesure désespérée » provoquée par une « situation désespérée », les « ressources limitées » de l’agence devant être prioritairement consacrées « aux personnes qui sont dans l’état le plus critique ».
« Les stocks alimentaires du PAM au Yémen sont dangereusement bas », a-t-elle expliqué dans le communiqué. « Nous avons désespérément besoin que les donateurs, qui ont été si généreux par le passé, travaillent avec nous pour éviter cette catastrophe alimentaire imminente », a-t-elle ajouté.
La mise en garde du PAM intervient au lendemain de l’annonce de la fermeture de l’aéroport de Sanaa, la capitale aux mains de rebelles, y compris aux vols humanitaires, les seuls autorisés jusqu’alors.
Cette fermeture a été provoquée par des raids aériens de l’Arabie saoudite, qui a dit riposter à des attaques de drones fomentées depuis l’aéroport.
Depuis la prise de Sanaa en 2014, les Houthis se sont emparés de la majeure partie du nord du Yémen, en dépit de l’intervention un an plus tard d’une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite en appui aux forces loyalistes.
Selon l’ONU, cette guerre aura causé la mort de 377.000 personnes d’ici la fin de l’année 2021, dont environ 227.000 décès dus aux conséquences indirectes du conflit, en particulier la faim, les maladies et le manque d’eau potable.