L’ONU réclame 5 MM de dollars pour l’Afghanistan

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Au cours d’un point de presse donné, ce lundi 10 janvier à Genève, le sous-secrétaire général de l’ONU aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, a déclaré que, pour épargner à l’Afghanistan la catastrophe humanitaire qui le menace depuis le départ des troupes américaines, 5 milliards de dollars sont nécessaires faute de quoi « il n’y aura pas d’avenir » pour le pays alors que son économie est en chute libre, que la moitié de sa population est confrontée à la faim, qu’un « million d’enfants souffrent potentiellement de malnutrition aigüe sévère » et que les agriculteurs et les éleveurs font face à une sécheresse inédite.

«Il s’agit de l’appel le plus important jamais lancé pour un seul pays en matière d’aide humanitaire (…) Les évènements survenus en Afghanistan, au cours de l’année écoulée, se sont déroulés à une vitesse vertigineuse et ont eu de profondes conséquences pour le peuple afghan » a déclaré le responsable onusien.

En signalant, par ailleurs, que près de 22 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population totale du pays, ont un besoin urgent d’aide, le sous-secrétaire général de l’ONU aux affaires humanitaires a tenu à préciser que 4,4 milliards de dollars sont requis pour assurer l’alimentation, soutenir l’agriculture et l’éducation et financer des services de santé, des traitements contre la malnutrition, des refuges d’urgence, l’accès à l’eau et l’assainissement.

L’ONU aurait également besoin de 623 millions de dollars pour venir en aide aux 5,7 millions d’afghans qui vivent en tant que réfugiés, parfois depuis de longues années, dans les pays limitrophes et principalement en Iran et au Pakistan. Raison pour laquelle, Filippo Grandi, le haut-commissaire aux réfugiés a tenu à rappeler que « si le pays s’effondre, implose (…) alors on verra un exode beaucoup plus important » ; un mouvement de population qui sera « difficile à gérer » dès lors qu’il ne va pas se limiter à la région.

Soucieux de rassurer les donateurs du moment que les Talibans n’ont pas « bonne presse » aux yeux de la communauté internationale du fait notamment des restrictions des libertés qu’ils imposent à la gente féminine, Martin Griffiths a tenu, en outre, à préciser que ces fonds – qui représentent un quart du PIB officiel du pays – ne passeront pas par les talibans mais qu’ils seront utilisés directement par près de 160 organisations non-gouvernementales et agences onusiennes présentes en Afghanistan.

Ces fonds viseront, par exemple, à aider « des infirmières et des responsables de la santé » afin que ces services de base puissent continuer à fonctionner et ne seront pas destinés à soutenir des structures étatiques car « sans ce financement, il n’y aura pas d’avenir (…) il y aura des sorties, il y aura des souffrances » a déclaré le secrétaire général de l’ONU aux affaires humanitaires.

En rappelant, par ailleurs, que la communauté internationale est, depuis longtemps déjà, à la recherche d’un moyen de pression qui pourrait lui permettre de contraindre les talibans à changer leur manière de traiter les femmes qu’ils privent de l’essentiel des droits qu’elles ont arraché de « haute lutte » depuis des années, Filippo Grandi a estimé que cette importante aide financière peut aussi ouvrir la voie à la création d’un « espace de dialogue avec les talibans ».

Aussi, pour éviter l’émergence d’une crise régionale, les deux hauts responsables onusiens ont insisté sur l’impérieuse nécessité de « stabiliser  la situation à l’intérieur de l’Afghanistan » tout comme celle « des personnes déplacées ».

Ainsi, en réponse à l’appel  lancé par l’ONU, les Etats-Unis ont, dès mardi, promis d’effectuer un premier versement de 300 millions de dollars par l’entremise de l’Agence américaine d’aide internationale (USAID) pour l’alimentation, la santé et la protection des rigueurs de l’hiver alors qu’Israël a fait part de son intention d’octroyer une aide d’un demi-million de dollars aux réfugiés afghans par le biais du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) au titre de l’amélioration de leur sécurité alimentaire, de l’organisation des services de santé et de protection des enfants, de la localisation et la réunification des familles, de l’approvisionnement en eau et de l’éducation.

Cet important soutien financier va-t-il pousser le régime des talibans au pouvoir en Afghanistan à tempérer son ardeur et à mettre de l’eau dans son vin en matière de respect des droits des femmes notamment ?

Attendons pour voir…

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