SM le Roi Mohammed VI a fait une annonce heureuse parmi tant d’autres, lors du dernier discours du Trône. Un registre social unique sera lancé prochainement pour enregistrer, au niveau national, l’ensemble des familles marocaines qui pourront bénéficier des programmes d’appui social.
Une belle initiative qui devra, en fait, se baser sur la dernière carte de la pauvreté, actualisée en 2014 mais qui date quand même de 2004, avant la première actualisation de 2007.
Depuis, cette carte avait fait couler beaucoup d’encre et l’on s’en souvenait à chaque fois que l’Etat et les pouvoirs publics voulaient alléger la caisse de compensation dont profitent aussi bien les riches que les pauvres, et surtout les premiers…
Depuis le gouvernement Jettou, puis celui de El Fassi, ladite carte est évoquée pour préparer une aide frontale aux démunis, face à une éventuelle.
Les plus audacieux prônaient que cette aide à donner aux pauvres pour compenser les augmentations nées de la suppression de la caisse de compensation devraient être liées à deux conditions : la scolarisation des enfants et la vaccination de la mère et des enfants.
Une expérience pilote à Azilal a été lancée. Sans suite.
Des garde-fous …
Mais déjà au niveau de la carte de la pauvreté de 2004 et puis celle de 2007… les critères n’ont pas été suffisamment cernés. On y trouvait des pauvres et des moins pauvres, voire des riches et moins riches. Car laissé à la merci des agents de l’autorité locale, l’enregistrement des «pauvres» était une véritable passoire pour inscrire tous genres de citoyennes et de citoyens, dans le besoin ou pas…
SM le Roi, bien au fait, comme tous les Marocains, de ces dysfonctionnements qui font le «lit de la corruption» chez nous, anticipe et met les garde-fous contre la corruption et autres moyens de détourner les aides et les programmes sociaux.
Déjà, une première affirmation royale. De «rigoureux critères objectifs et grâce aux nouvelles technologies» seront mis en place pour établir le RSU.
Il est vrai que l’informatisation du Maroc, grâce à la «Carte d’identité nationale» fera déjà éviter les brèches ouvertes par certains habitués à la fraude.
Changer un dispositif faillible…
Mais, pour plus de transparence, les listes devront être affichées publiquement, afin de couper l’herbe sous les pieds des éventuels trafiquants qui guettent ces occasions et opportunités pour s’enrichir.
Il faudra dire que ce système corruptif existe depuis longtemps et il est fort connu des autorités territoriales…
On le retrouve dans toutes les opérations sociales destinées aux populations fragiles et déshéritées.
Il a cours dans la lutte contre les bidonvilles, le logement économique, dans le cadre de l’INDH, du RAMED, dans la distribution des aides sociales lors des événements nationaux, etc.
C’est pourquoi le Souverain a insisté sur «une restructuration globale et profonde des programmes et des politiques nationales d’appui et de protection sociale et à soumettre des propositions portant sur leurs modalités d’évaluation». Le gouvernement et les pouvoirs publics sont appelés à œuvrer à cette restructuration.
Les partis politiques, pour leur part, doivent faire entendre la voix des démunis qui crient aux détournements et aux scandales nés du favoritisme, du népotisme et de la corruption pure et dure.
Localiser parfaitement la pauvreté
La carte de 2014, établie par le HCP, a besoin d’une réactualisation sérieuse. Surtout que l’échantillon pris pour aboutir à une vue globale de la pauvreté s’était basée sur trois communes échantillons, intéressantes à analyser, mais qui ne sont pas représentatives de la pauvreté au Maroc. Car ni la commune rurale de Dar Bouazza (région de Casablanca), ni celle de Aghouatim (région de Marrakech) ou encore celle de Aïn Sfa (région de Oujda) ne présentent l’échantillon idéal, malgré les critères de choix liés notamment au taux de pauvreté.
Ces communes rurales ne sont pas les plus pauvres du pays. Il y a des communes enclavées que seuls les hélicoptères des FAR atteignent lors des opérations d’aide sociale durant les hivers durs…
Certes Dar Bouaza représente le paradoxe de la commune riche qui cache de la grande pauvreté, comme Aghouatim a du potentiel agricole et touristique, alors que Aïn Sfa ne représente qu’un intérêt limité à la fermeture des frontières avec l’Algérie.
C’est pourquoi, il va falloir redéfinir, d’abord, la «pauvreté aujourd’hui», en incluant tous les manquements qui tiennent aussi bien du manque de revenus à l’absence des infrastructures, des équipements et services publics (Eau potable, éducation, santé, logement, autres services sociaux d’équipements communaux…).
Ces manquements, il faudra les lister, commune par commune, en incluant le nombre mais aussi l’identité des populations qui vivent ces grandes difficultés. Ensuite il faudra s’attacher à la création des opportunités afin d’assurer des emplois ou générer des revenus.
Certes le travail de prospection et de compilation de l’information, juste et réelle, peut prendre quelques temps. Mais la volonté royale de parvenir à la solution de ces grandes problématiques nationales semble plus forte. Elle doit permettre, sans retard, de trouver les moyens idoines pour rendre justice à ces populations, longtemps délaissées et laissées pour compte.
En attendant la mise en place des programmes et mesures d’urgence que SM a clairement annoncés, l’heure est au travail sérieux pour donner la preuve que le Maroc ne laissera pas mourir ses pauvres et que la solidarité est nationale. Chacun à son poste et selon ses moyens…
Ce ne sera que justice rendue et une œuvre qui ressoudera la famille marocaine autour de valeurs de justice et de dignité.
Mohamed Khalil