Le management sportif bien lancé dans sa course vers la maturité

Dans son parcours vers la maturité, le Management sportif au Maroc s’attend à une course de fond. Un bilan respectable, une formation décente mais un long chemin reste à parcourir.

Le management sportif au Maroc, est-ce une réalité, un objectif ou une illusion ? Une question que chacun doit s’être posé au moins une fois, et qui s’interroge sur le degré de maturité de ce corps de métier. Les parties prenantes à la 3e édition du Forum des Managers du Sport, récemment tenue à l’ISCAE de Casablanca, se sont attelés à dépeindre le quotidien de cette discipline ainsi qu’à cerner les réalisations et les attentes.La soixantaine de convives de l’ISCAE était répartie entre membres de fédérations, dirigeants de clubs, acteurs associatifs et joueurs, à l’image de l’ex-latéral gauche des lions de l’Atlas Badr El Kaddouri.

Ainsi, en termes d’accomplissements au volet institutionnel, des cadres chevronnés se sont dûment exprimés autour de leurs carrières, à l’exemple de Nasser Larguet. Le directeur technique national (DTN) de la FRMF a exposé les avancées réalisées sous sa houlette et ce, au niveau de la formation en faveur des managers de stades et des responsables administratifs des clubs. D’autres intervenants institutionnels ont fait pareil. Samira Hemama, directrice du Complexe Prince Moulay Abdellah de Rabat, a mis en exergue la stratégie de son département en matière de développement des écoles de sport au sein des complexes sportifs. Il était aussi question de chiffrer les besoins de la médecine sportive. Alaeddine Rahali, médecin du sport et directeur du staff médical du WAC, a énuméré les récents cas de dopages qui ont entaché le paysage national en décortiquant leurs circonstances. Rahali a mis l’accent sur la nécessité urgente de disposer d’instance locale de référence, ainsi que la formation de juges spécialisés et même la création d’un tribunal dédié au Maroc.

De leur côté, les entreprises s’activant dans la gestion d’événements sportifs ont partagé certains témoignages intéressants. Anne Sophie Colly, directrice de l’Agence des mots (agence de relations publiques en charge de certains évènements tel que le rallye Oilibya) a salué les avancées du Maroc en terme de l’organisation des « méga-événements » sportifs internationaux, tout en insistant sur l’adoption et du rôle des outils de communication digitale dans la promotion et la vulgarisation du sport national. Amine Abouyoub, directeur général de Mercure International of Morocco, société qui gère de multiples enseignes et chaine de magasins de distribution de matériel et d’articles de sport, a enchainé sur l’importance du sponsoring. Il a démontré la vitalité de l’apport du parrainage au sport national ainsi que sa relation avec la communication des valeurs autour des événements sportifs, tout en rappelant à l’occasion le rôle de l’annonceur dans la moralisation du sport national. Mr Belaid Bouimid, journaliste sportif a mis en valeur la nouvelle mouvance de l’adoption du sport dans la recherche académique universitaire et a attiré l’attention sur l’absence des intellectuels Marocains du débat autour de la chose sportive locale comme phénomène sociétal.

Au final, les réflexions et interpellations soulevées ont permis l’élaboration d’une synthèse, dont on retient trois principales recommandations. D’abord, la formation doit constituer le prochain axe de développement stratégique du sport national. Elle doit être promue et généralisée à tous les acteurs nationaux par des mesures d’encouragement incitatives. Ensuite, il faut préparer le terrain pour le passage au professionnalisme par la formation des compétences. Ce sont ces derniers qui se doivent d’accompagner cette transition en marge des moyens consacrés et du cadre législatif repensé. Enfin, l’impératif des fédérations sportives et clubs nationaux est de s’inscrire dans cette démarche et d’adhérer dans ce processus de formation qualifiante.

D’ailleurs, la formation reste le premier pilier de la floraison de toute discipline. L’Institut dispense depuis 2011 un master en Management du sport, créé immédiatement après les assises nationales du sport de la même année et suite aux recommandations royales dans ce sens. Avant cette date, ces formations existaient pour combler un vide plutôt que de subvenir à un besoin du marché, et celles de qualité étaient rares. L’ISCAE a pu, en l’intervalle de 6 ans, hisser ce master à la 8e place au top 10 mondial des formations similaires.

Iliasse El Mesnaoui

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