Menara Holding: L’appel de l’Afrique subsaharienne se fait insistante…

Groupe marrakchi en vue dans le secteur des BTP depuis de longues années, Menara Holding ne cache pas ses ambitions de mettre le cap sur l’Afrique subsaharienne. L’entreprise discute actuellement avec des partenaires ivoiriens pour exporter dans ce pays son savoir-faire. Objectif : une implantation en propre, dans la droite ligne de son développement sur le marché national depuis une trentaine d’années.

C’est toujours le temps de la réflexion, mais les contours se précisent déjà. Mais en homme prudent, Mohamed Zahid, Président Directeur Général de Menara Holding, sait qu’il doit avancer à pas feutrés, sinon à pas de loup. Car l’Afrique, il y pense depuis des années. Et l’échéance d’une implantation semble plus proche qu’il ne voudrait le dire. D’ailleurs, le patron de cet acteur d’envergure national avance des discussions en Côte d’Ivoire dans ce sens dans les colonnes d’un confrère. «Nous menons, depuis plusieurs années, une réflexion pour nous implanter en Afrique. Mais il nous fallait pour cela être prêts et avoir un modèle économique duplicable avec son organisation. Récemment, nous avons été sollicités par un grand promoteur immobilier ivoirien, qui ne trouvait pas dans son propre pays les matériaux de construction dont il avait besoin. Après une visite de nos collaborateurs en Côte d’Ivoire, nous recevons à notre tour aujourd’hui au Maroc des représentants de ce grand groupe», explique-t-il. Entamer ses premières actions sur le reste du Continent à partir de la Côte d’Ivoire ne se refuse pas ! «C’est là une belle opportunité pour nous implanter dans un premier pays africain, sachant que nous y allons avec tout notre savoir-faire, nos compétences, nos unités de production et même notre dernier né, l’académie Ménara, qui forme des jeunes aux métiers du BTP», précise-t-il. En effet, le “géant“ marrakchi a frappé un grand coup cet été sur ce créneau.

Une Académie pour booster le secteur

Avec l’ambition de «relever le niveau du BTP», l’entreprise marocaine de BTP continue de dérouler sa vision dans le secteur. Dernière en date et non des moindres, Menara Holding a lancé une académie, «Académie Menara», dédiée aux métiers des BTP. L’inauguration de cette académie a eu lieu en septembre dernier, faisant de Menara Holding la première entreprise de son secteur à se lancer dans une telle aventure. L’académie marque aussi une nouvelle étape franchie dans le développement de l’entreprise. «Lorsque nous avions besoin de compétences, nous avions du mal à les trouver. Après une dizaine d’années de mauvaises expériences s’agissant de la formation continue, qui a englouti jusqu’à 450.000 euros, l’idée de fonder notre propre académie s’est imposée», explique Mohamed Zahid, PDG de Menara Holding dans la presse. L’ambition de cette académie, prévue pour évoluer vers une université pluridisciplinaire d’ici 2025 et qui devra toucher à tous les métiers du bâtiment, jusqu’au maçon, plâtrier ou carreleur, est de relever le niveau du secteur au Maroc et d’exporter le savoir-faire du groupe.

Pour l’instant, l’offre de formation de ce nouvel établissement tourne autour d’un enseignement pluridisciplinaire réparti sur deux années après le baccalauréat. Elle donne accès à un diplôme de technicien spécialisé en industrie du béton et du préfabriqué, ou en industrie des carrières et des granulats. La formation propose également des métiers annexes tels que la finance, la gestion des ressources humaines, la certification ISO ou encore le management industriel. Les futurs techniciens bénéficieront d’une formation de quatre semestres alliant apports théoriques et mises en situation pratiques, avec plus de 2.000 heures par cursus de formation et des stages. L’offre sera renforcée, d’ici 2020, par le lancement des diplômes d’ingénieur dans les mêmes métiers. En dehors des formations diplômantes, l’Académie Menara proposera également la formation continue ainsi que l’accompagnement aux industriels de la région. «Pour les entreprises qui le souhaitent, nous pouvons élaborer un diagnostic stratégique et les accompagner dans l’évaluation de leur performance», explique Mohamed Ait Benzaiter, Directeur Général d’Académie Ménara.

Le projet a nécessité près de 7 millions de dirhams d’investissement et peut accueillir jusqu’à 360 étudiants. L’académie, qui a été développée en accord avec les orientations du ministère de l’Emploi et de l’Insertion Professionnelle, a d’ores et déjà démarré ses activités avec une soixantaine d’étudiants. Quant aux coûts de ces formations, l’Académie Menara reste pour le moment silencieux sur la question. Même s’il faut admettre qu’une telle académie permettra, à coup sûr, de professionnaliser davantage les métiers du secteur. Mais les ambitions de Zahid ne s’arrêtent pas là.

Une réorganisation pour des objectifs ambitieux

«J’ai réussi pas mal de challenges, mais je dois continuer, car je n’ai pas encore atteint tous mes objectifs. Objectifs impossibles à atteindre d’ailleurs, car quand on a de l’ambition, on n’est jamais satisfait : on veut toujours faire mieux et plus. Alors, je veux doubler la taille du groupe à l’horizon 2020 et la tripler à l’horizon 2025, même si ces chiffres donnent un peu le vertige !», confiait le PDG. Autant dire le groupe familial vise très loin. Depuis la reprise de l’affaire familial par Mohamed, à la suite du décès du fondateur Abderrahmane Zahid, s’est beaucoup structuré. Aujourd’hui, le holding compte 10 filiales qui opèrent dans divers secteurs tels que le BTP, le transport et les énergies entre autres. Le groupe est implanté dans 6 villes du Maroc et emploie quelque 2.000 personnes. La réorganisation du groupe a débuté avec la naissance de la holding en 2006 et la création de la Direction des Ressources Humaines, les Hommes constituant le cœur du Groupe pour les dirigeants. «Il nous fallait une stratégie claire de recrutement, une vraie gestion des ressources humaines. Je voulais que l’on ait un œil sur les compétences de tous ceux qui nous rejoignaient, mais je voulais aussi que l’on pérennise toutes les anciennes compétences», explique Mohamed Zahid. Puis suivront la création des autres directions-support pour donner plus d’assise au groupe. Aujourd’hui que Menara Holding lorgne sur l’Afrique subsaharienne, cette structure dont l’efficacité a été éprouvé au Maroc constituera certaine sa rampe de lancement dans la réalisation de ses ambitions africaines.

Soumayya Douieb

 

Le BTP : quel état de santé ?

Les avis sont partagés quant à la situation actuelle du secteur des BTP. Pour certains, il se trouve dans le creux de la vague et avancent nombre d’arguments pour soutenir cette thèse. La baisse des investissements publics, qui représentent plus de 80% du carnet de commandes des entreprises, et les retards de paiement des administrations publiques seraient passés par là. Selon El Mouloudi Benhamane, Président de la Fédération Nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP) qui s’exprimait chez un confrère, le secteur qui créait entre 2002 et 2012 plus de 60.000 emplois nets en moyenne par an, commence à en perdre. « Ainsi, entre le 2ème trimestre 2017 et la même période de 2018, le secteur en a créé seulement 19.000 postes », explique-t-il. Le sous-secteur des matériaux de construction par exemple a vu ses ventes reculer de 2,7% à 9,8 millions de tonnes, et la baisse cumulée sur les 6 dernières années atteint les 20%. «Le marasme» dans le secteur immobilier, associé aux importations de certains matériaux tels que la céramique et à l’informel auront pris des parts conséquentes aux industriels. Chez d’autres, le son de cloche est bien différent. Le secteur de la construction connaîtrait une forte croissance en ce moment, portée essentiellement par les marchés publics ou encore la dynamique enclenchée par le Plan d’Accélération Industrielle (26 usines dans l’automobile, l’aéronautique, l’énergie, offshoring,…), rapporte un quotidien de la place. Les carnets de commandes seraient pleins auprès de la majorité des entreprises de référence et «il y a plus de 200 projets de construction en cours au Maroc, pour une valeur globale estimée à plus de 460 milliards de dirhams». Bref, des marchés à prendre à la pelle. Ces projets se réalisent dans presque toutes les grandes agglomérations du pays, avec en prime, des chantiers industriels de grande envergure pour la construction d’usines de nouvelle génération. Une demande tellement importante que le Ministre de l’Industrie situe finalement le challenge au niveau de la capacité des entreprises «à monter une usine clé en main en moins d’un an». Chacun prêche-t-il pour sa chapelle ? Dans tous les cas, avec le contrat-programme signé en septembre dernier entre le secteur et le gouvernement, les BTP seront amenés à retrouver leur performance. En effet, selon les termes de l’accord, le secteur devrait porter sa contribution au PIB national à hauteur de 81 milliards de dirhams (53 MMDH actuellement) et créer 1,21 millions d’emplois en 2022 (990.000 actuellement). En contrepartie, l’État devra favoriser la pérennité des entreprises en donnant de la visibilité à l’investissement et à la croissance, tout en accompagnant l’émergence de champions nationaux. En somme, il y a du pain sur la planche.

Du beau monde à la grand-messe du bâtiment

La 17ème édition du Salon International du Bâtiment (SIB), qui s’est achevée hier,  aura permis à la profession de mettre en avant les innovations dans ce secteur. Au total, 660 spécialisées dans les différentes activités en lien avec le bâtiment auront été attirées par cette rencontre. Venus de 45 pays, on retrouve parmi les exposants des entreprises venues de l’Allemagne, de la France, du Canada, de la Turquie, de la Chine, de l’Inde, du Japon, du Brésil, de la Russie,… Le salon aura également mis en lumière quelque 263 métiers du secteur et attirer des milliers de visiteurs. Selon le Commissaire du SIB, Reda El Haddaj, «à la fin du salon, 70% des exposants reconduisent les contrats pour l’édition suivante du SIB». Voilà qui promet déjà pour la 18ème édition.

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