«Le confinement actuel n’a rien changé pour moi. Je suis habitué à rester de longues périodes sans mettre les pieds dehors même en temps «normal». Mes journées ne m’ont jamais suffit. J’ai besoin de journées de 48 heures pour lire et écrire autant que je le voudrais.
J’ai même pensé sérieusement au moyen d’inventer des livres en papier-plastique pour pouvoir les avoir sous la main à la plage, au bain ou sous la douche», confie l’écrivain et poète, Moha Souag. Et d’ajouter : «Je n’ai pas choisi ce mode de faire, mais dès que je commence à lire ou à écrire, le fait de consulter le dictionnaire m’entraîne vers une autre idée qui m’entraîne vers une autre.
Cela pouvait durer une journée. L’écriture et la lecture sont comme les dunes de sable, il suffit d’en toucher le sommet pour la voir couler. C’est un proverbe amazigh «awal zon d alkhilh». En ces temps de confinement, Moha Souag se consacre entièrement à la lecture.
«Je lis plusieurs livres en même temps .Mauvaise habitude prise à cause des recherches qui nécessitent la comparaison de plusieurs documents», a-t-il dit. En ce qui concerne les romans, le Prix Grand Atlas pour son roman «Nos plus beaux jours», il est en train de lire «Un jour la nuit », roman de Ghizlaine Chraibi, Editions Onze.
Ce sont deux monologues d’une femme et de son époux. Chacun ressasse ses griefs contre l’autre.
L’auteure va au profond des aspirations de chacun des protagonistes. Ghizlaine Chraibi met en exergue les difficultés d’un couple à communiquer et à marquer chacun son territoire. Les divorces viennent souvent d’une mauvaise communication et de la lutte pour le leadership dans un couple où dans un groupe.
Le second roman est celui de Ousmane Diarra (Mali), « La route des clameurs », Folio. L’auteur retrace les événements sanglants qui secouent encore le Mali aujourd’hui. Mais l’approche de l’auteur est assez originale: il oppose son père, un artiste peintre à l’humour ravageur, aux petits potentats de l’islamisme ambiant. C’est l’éternelle question du modernisme et de la tradition qui revient chaque fois depuis l’existence de l’être humain quand un changement le met au pied du mur, explique-t-il.
Le troisième roman est celui de Bouchra Boulouiz, Un parfum de menthe». Il s’agit de l’évocation du père à travers les souvenirs de la mère .Le père de la narratrice avait une personnalité imposante de par sa fonction de gouverneur et de par sa stature de père. La narratrice n’a gardé que l’image du chef, chef de famille, chef de la ville, mais elle découvre qu’elle ne savait rien de l’homme, de l’être humain que les fonctions cachaient derrière le costume officiel, a-t-il fait savoir. En outre, je viens de commencer deux romans en arabe. «Baridou a layl» de Houda Barakat et «Wali a niama » de Slma Mokhtar Amanatou Allah.
La première écrivaine est libanaise, la seconde est marocaine. Pour «courrier de nuit», ce sont d’improbables échanges imaginaires des migrants, des exilés, des errants sur les routes du monde. Des lettres jetées dans l’univers à la recherche de la paix conclut-il.
Mohamed Nait Youssef