Oujda, une ville qui regorge de potentialités culturelles

La ville d’Oujda, désignée capitale de la culture arabe pour l’année 2018, fut depuis la nuit des temps un haut lieu de rencontres et d’échanges.  Cette cité millénaire, bâtie en 994 sur la plaine d’Angad, par Ziri Ibn Attia, a connu la succession de plusieurs dynasties. Après avoir subi durant plus de quatre-vingts ans, la domination des Zénètes, la ville fut récupérée par la suite par les Almoravides en 1081, puis les Mérinides, les Saadiens et enfin, la dynastie chérifienne alaouite.

En fait, la position géographique de la ville en tant que carrefour commercial et passerelle principale vers l’Est l’a propulsée au rang de destination convoitée par les tribus. Au fil du temps, la perle de l’Oriental s’est transformée en un véritable kaléidoscope culturel. Les différentes tribus qui s’y sont installées ont formé une mosaïque sociale où toutes les parties prenantes ont tenu à constituer «une personnalité propre» à la ville, si l’on se permet de paraphraser l’heureuse expression de la très célèbre anthropologue américaine, Ruth Benedict.

Cela étant, cette ville du Maroc de l’Est a pu forger sa propre spécificité. Une spécificité culturelle qui est, à la fois plurielle et riche.  Autrement dit, la ville a constitué une sorte de «fabrique» de savoir et de culture. Sa position en tant que ville frontalière avec l’Algérie, l’occupation française, la présence des communauté juive et espagnole … sont autant de facteurs qui ont joué un rôle crucial dans le développement de l’esprit culturel de la cité de l’Est.  Ainsi, l’étude sociologique du phénomène d’acculturation nous renseigne amplement sur les bienfaits de cette diversité culturelle, marquée essentiellement par l’émergence des expressions musicales qui constituent le fondement identitaire de la ville.

D’ailleurs, la perle de l’Oriental est connue par la musique Gharnati. En témoigne l’exemple de l’association El Andaloussiya, qui demeure l’une des plus anciennes écoles de musique andalouse au Maghreb, fondée en 1921 par feu Cheikh Saleh.

On ne peut également parler d’Oujda sans évoquer le Rai. Cet art immortalisé par des chanteurs de renom, comme Cheb Mimoun El Oujdi, Rachid Berriah ou encore les frères Bouchnak…Des chanteurs qui, par leurs productions artistiques, ont fait le bonheur de plusieurs générations à travers tout le territoire du Royaume. Et ce n’est pas tout. La ville de l’Oriental ne cesse de fasciner par ses potentialités artistiques, comme ce fut le cas pour Reggada ou Laâlaoui. Un art ancestral ayant une connotation guerrière, dansée au rythme des percussions.

Un art culinaire

Sur le plan gastronomique, la capitale de l’Oriental a pu se distinguer par son savoir culinaire, inspiré des traditions berbère, andalouse, juive et berbère.  D’ailleurs, la ville s’est faite une réputation grâce à son célèbre plat, «bakbouka», préparé spécialement lors de la fête du sacrifice. Les visiteurs de la ville ne peuvent également se passer de «Karan», un plat cuisiné à base de farine, de pois chiches et parfumé de cumin, consommé abondamment par les habitants.  A cela s’ajoute, en outre, le Makroud, composé de semoule et de dattes et trempé dans un sirop à base de miel…

La ville d’Oujda est connue également par sa production littéraire et poétique. D’ailleurs, Mohammed Kasmi, professeur à l’Université Mohamed 1er, a publié une étude en 2005, qui considère que «l’Oriental est une région de la poésie par excellence vu le nombre de recueils publiés et qui constitue le cinquième de l’ensemble des publications à l’échelle nationale». Oujda, c’est aussi les arts plastiques, à l’exemple des artistes peintres comme Abderrahmane Zenati ou Lotfi Yacoubi, qui par leurs productions artistiques, cartonnent à l’étranger et font la fierté de tous les Oujdis.

Khalid Darfaf

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