Polyfil tire la sonnette d’alarme sur le coût de l’énergie

D’abord l’écotaxe, puis la montée en flèche du coût de l’énergie : ce champion national de la filature semble s’étouffer dans ses coûts de production. Dans un reportage consacré à cette entreprise, on y apprend l’impact de la hausse des prix de l’électricité sur sa compétitivité.

En effet, pour sauver l’ONEE de la faillite au début cette dernière décennie, l’État avait conclu avec l’Office un contrat-programme fin 2013 dont un des axes concernait l’augmentation des prix, excepté pour les couches sociales “défavorisées“. Conséquence, hausse générale des prix aussi bien pour les particuliers que pour les industriels. Chez Polyfil, cette hausse du coût de l’énergie, élément qu’il considère comme un «intrant» dans sa production, a surenchéri ses coûts de production. L’énergie représente aujourd’hui pour l’entreprise 40% du coût de transformation hors matières premières. Pour 2018, la facture s’est élevée à 25 MDH, en hausse de 10%.

L’entreprise, qui génère 160 millions de dirhams de chiffre d’affaires dont la moitié à l’export, emploie 195 personnes et équiperaient annuellement près de 700.000 véhicules dans le monde. Mais depuis 2016, et du fait de cette hausse de ses coûts, l’entreprise a déjà eu à se séparer de 50 personnes. L’entreprise qui existe depuis 28 ans s’est donc retrouvée à perdre du terrain au moment même où des groupes industriels automobiles font du Maroc une plateforme de production de leurs voitures.

Et sans oublier la concurrence acharnée des importateurs et concurrents d’autres pays. Pour continuer de survivre, l’unique producteur de filature automobile en Afrique et dans le monde arabe en appelle à un soutien des industriels, notamment en détaxant l’énergie afin de redonner un peu de compétitivité aux acteurs. L’appel sera-t-il entendu ?

Déjà en 2014, l’entreprise avait poussé un premier cri de désespoir lorsque l’écotaxe avait été instituée, aggravant à l’époque la situation financière de Polyfil. Cette écotaxe de 1,5% touchait le granulé de polyester qui constitue la principale matière première de l’entreprise. Cette écotaxe était venue s’ajoutée aux droits de douanes de 2,5%, portant les taxes cumulées sur ce produit à 4%. Dans le même temps, les produits finis importés étaient taxés également 2,5%, rendant donc le produit local plus cher que le produit d’importation. L’entreprise avait à l’époque, et en deux ans, licencié 100 personnes. Sera-t-il entendu cette fois-ci ? Ou ce fleuron se dirige-t-il tout doucement vers la tombe, elle aussi ? Les prochaines années le diront.

Douieb Soumayya

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