La mesure instaurant l’augmentation des droits de douanes sur l’importation de blé tendre est reconduite chaque année pour encourager la commercialisation et l’écrasement par les minoteries de la production nationale de blé.
Cette année la décision du gouvernement de faire passer les taxes douanières de 30% à 135% coïncide juste avec la fin de la récolte évaluée à quelques 61 millions de quintaux. La situation interpelle à plus d’un titre sur la politique de commercialisation, de stockage et de gestion de la production céréalière qui est encore loin de retrouver son chemin.
La valorisation de la production céréalière nationale nécessite-t-elle uniquement la hausse périodique des droits de douanes appliqués à l’importation du blé tendre ? le département de tutelle continue de croire que cette mesure reste efficace pour encourager les minoteries à écraser le blé locales dans leur production industrielle. Or, nous explique un grand opérateur agricole le jeu est déjà fait et c’est un jeu interminable. Les minoteries se sont déjà approvisionnées et ont fait le plein à l’avance. Notre interlocuteur précise aussi que cette année le rendement de la campagne agricole céréalière est moyen et s’élève à 61 millions de quintaux, soit la moitié des besoins de consommation de la population marocaine soit plus de 120 millions de quintaux. Du coup, le recours à l’importation reste automatique et nécessaire.
D’ailleurs, même si la production nationale de blé est au rendez vous, la préférence des minoteries du blé importé est déclarée et parfois justifiée. D’abord le facteur de la bonne qualité du blé importé joue pleinement dans ce choix. Ensuite, ils préfèrent écraser le blé importé subventionné et de calibrage exigé.
Il faut dire que la qualité du blé local inférieure à celui importé est expliqué en grande partie par les cycles récurrents de sécheresse qui donne un grain chétif et de mauvaise qualité. Le Maroc est situé dans une zone de stress hydrique. L’absence de la bonne qualité est attribuée aussi à la sous utilisation des engrais et des pesticides.
Malgré la mise en place du Plan Maroc Vert, la prise en charge de la céréaculture de l’amant à l’aval n’est pas encore au rendez-vous. La vulgarisation agricole et l’encadrement pour l’utilisation des semences certifiées et des engrais est quasi-absente et reste pénaliser par le coût des différents intrants. Conséquence : le Maroc n’arrive toujours pas à offrir un blé qui garanti une bonne qualité boulangère pour les minoteries. Le comble c’est que la recherche agronomique au niveau de l’INRA donne des variétés assez intéressantes mais qui sont sous-utilisées pour des raisons de marketing et de commercialisation des produits de l’Etat.
La valorisation du blé local et l’amélioration de la production nationale des céréales nécessite un effort plus engagé de la part du département de l’agriculture en termes d’encadrement, de vulgarisation et de révision des prix et des intrants et du blé vendu par le fellah. L’idée d’un compromis avec les minoteries est également nécessaire. Exigé un quota minimal par an et selon le rendement annuel avec ces derniers est vivement souhaité.
Fairouz El Mouden