Rebondissement dans l’affaire de l’assassinat du demi-frère du président

Ce lundi 11 mars 2019, un communiqué émanant du ministère malaisien de la justice a annoncé l’abandon des poursuites initialement engagées contre Siti Aysyah, cette indonésienne de 26 ans, accusée d’avoir participé à l’assassinat de Kim Jong-nam, le demi-frère du dirigeant nord coréen Kim Jong-un.

Les faits s’étaient produits dans la galerie marchande de l’aéroport de Kuala Lampur en Malaisie au moment où celui-ci s’apprêtait à prendre un vol à destination de Macao. Longtemps pressenti comme étant le dauphin potentiel de son père Kim Jong-il, ce dernier s’était exilé à Macao après sa tombée en disgrâce pour avoir appelé à la mise en place de réformes et contesté le mode de succession dynastique du pouvoir en Corée du Nord.

On dit aussi de lui qu’il était très proche de son oncle Jang Song-thaek exécuté en 2013 après avoir été le numéro deux officieux du régime de Kim Jong-il, père de l’actuel président de Corée du Nord et, dit-on, son mentor politique.

Mais la décision d’abandonner les poursuites pour meurtre engagées auparavant à l’encontre de Siti Aysyah et de la libérer alors même qu’il était convenu que ce lundi la justice malaysienne allait interroger sa coaccusée, Doan Thi Huong, une vietnamienne de 30 ans, a surpris tous les observateurs.

Pour rappel, le 13 Février 2017, la chaine de télévision malaysienne TV Chosun avait annoncé la mort, dans le hall de l’aéroport de Kuala Lampur, du demi-frère du dirigeant nord-coréen après que ce dernier ait été «empoisonné» par deux femmes qui avaient immédiatement quitté les lieux après avoir commis leur forfait. Un fait divers qui nous ramène quelques années en arrière, à cette époque de la «guerre froide» avec une réédition du fameux coup du “parapluie bulgare” mais avec l’aide d’une aiguille cette fois-ci. Aspergé par ces deux femmes de «VX», une version hautement mortelle du gaz sarin considérée comme étant une arme de destruction massive, le fils ainé de l’ancien homme fort de Corée du Nord aurait rendu l’âme pendant son transfert vers les urgences de l’hôpital de Putrajaya.

Mais les deux femmes ont toujours rejeté ces accusations en affirmant avoir servi de boucs émissaires aux véritables meurtriers qui seraient quatre nord-coréens venus de Pyongyang et qui les avaient recrutées pour participer à ce qu’elles croyaient être une farce «caméra cachée» pour la télévision mais qui s’est, par la suite, révélée être un complot fomenté par la Corée du Nord. Cette dernière a toujours nié son implication dans les faits.

Ouvert en Octobre 2017, le procès des deux femmes était sur le point de reprendre ce lundi après une interruption de plusieurs mois quand est tombée la nouvelle de l’abandon, par la justice malaysienne, des poursuites pour meurtre engagées, depuis le début de cette affaire, à l’encontre de la jeune indonésienne. Et si, pour l’accusation, les deux femmes étaient parfaitement «entraînées» pour commettre un «assassinat soigneusement planifié et exécuté», la défense dénonce, de son côté, une enquête «bâclée» et demande, à ce titre, l’acquittement des deux femmes.

Aussi, ne serait-il pas malvenu de voir en la libération de l’indonésienne un prélude à l’abandon des poursuites engagées contre sa co-accusée vietnamienne. Or, comme rien, pour l’heure, ne permet de le confirmer, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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