Regard sur la révolution filmique des cinémas du continent africain

18e Festival de Cinéma Africain de Tarifa-Tanger

Une femme vêtue en blanc, suspendue dans l’air, sur fond bleu. C’est l’image qui accueille de son affiche la 18 édition du Festival de Cinéma Africain de Tarifa-Tanger (FCAT), qui se célébrera du 28 mai au 6 juin de manière hybride, présentielle à Tarifa, avec Espacio Escuela (rame pédagogique du FCAT) de Maroc et d’Espagne, en plus de plusieurs événements virtuels. La photographie est œuvre de l’artiste Omar Victor Diop, référence internationale de son pays par sa manière de capter la diversité des sociétés et styles de vie africains modernes, expliquent les organisateurs de l’événement. 

L’image, «un portrait mis en scène», selon son auteur, fait partie de la série «Bird stories». Diop a participé à la cérémonie de présentation du 18ème FCAT ce mardi depuis Dakar, célébrée au CICUS (Centre d’initiatives culturelles de l’Université de Séville), où il a dit se sentir «heureux et fier» de contribuer à l’effort du festival «d’enseigner l’Afrique dans toute sa diversité, de montrer les Africains dans leur vie quotidienne : leurs rêves, leurs peines, mais aussi leur joies », selon les mots d’Omar Victor Diop. Selon la directrice du festival, dans l’édition des 18 ans de ce rendez-vous avec les cinémas d’Afrique, «la philosophie est celle de toujours : être à cheval entre deux pays, deux continents, des langues différentes et entre diverses traditions culturelles, de nouveau adaptés avec certitude à la réalité dans laquelle nous nous trouvons ». Pour Mane Cisneros, «les profonds changements qui ont eu lieu dans les cinémas du continent africain ont mené ces cinématographies dans le passé largement ignorées par les festivals internationaux de cinéma à être aujourd’hui l’objet d’ambition et de compétition entre grands festivals ». La directrice du FCAT se réjouit de l’ouverture toujours plus grande à ces réalités qui sont «une pure révolution filmique et qui émergent comme une conquête esthétique unique dans le cinéma contemporain ». La cérémonie de présentation à Séville du 18 FCAT s’est terminé dans le patio du CICUS avec un mini concert d’Esther Weekes Jazz Flamenco Trio et son projet «Crossroads», une compilation des chansons emblématiques du blues passées par le flamenco qui franchit les limites culturelles pour explorer de nouveaux territoires artistiques. Les invités ont pu déguster un bissap, une boisson nationale du Sénégal, la patrie de l’auteur de l’affiche de cette année, dont la recette contient de la fleur d’hibiscus.

Soudan, pays invité

L’édition 2020 du Festival de Cinéma Africain Tarifa-Tanger sera marquée par l’accent mis sur le Soudan et sa cinématographie, très méconnue mais qui a acquis un nouveau dynamisme ces derniers temps avec une présence dans les festivals internationaux. La rétrospective unit des courts-métrages des premiers cinéastes du Sudanese Film Group, Ibrahim Shaddad, Eltayeb Mahdi et Suliman Elnour, qui sont également les personnages du film gagnant du prix AECID au FCAT 2020, Talking about trees (Suhaib Gasmelbari, 2019), qui sera de nouveau montré au festival. De plus, il parcourt aussi l’œuvre de Gadalla Gubara, le réalisateur le plus prolifique de l’histoire du cinéma au Soudan, de ses productions publicitaires aux quelques fictions qu’il a réalisées Tajouje et Les Miserables, terminée à titre posthume, en passant par ses nombreux documentaires.

Andalousie et Maroc

La rencontre avec le Maroc reste très importante pour le FCAT, où les centres culturels espagnols de différentes villes du pays accueilleront cette année Espacio Escuela (rame pédagogique) du festival, étant donné que les limitations actuelles à cause de la pandémie ne permettent pas de développer plus d’activités durant cette édition. Le pays maghrébin et la communauté autonome espagnole sont des régions avec une histoire commune, avec de profonds liens historiques et culturels que ce festival renoue en étendant un pont de cinéma et de culture dans le Détroit de Gibraltar.

Le cinéma espagnol regarde l’Afrique

Parmi les activités de cette année, le festival mettra l’accent sur le regard tourné vers l’Afrique que le cinéma espagnol commence à réaliser et qui s’est reflété cette année dans les listes de nominés et lauréats par l’Académie de cinéma espagnol. Une table de dialogue dans le forum El Árbol de las Palabras, et qui sera retransmise en streaming, « Le cinéma espagnol se diversifie : un regard (enfin) vers l’Afrique » réunira cinéastes et journalistes autour de questions telles que : À quoi répond ce changement dans le cinéma espagnol d’aujourd’hui ? Quelle image de l’Afrique est diffusée dans ces nouvelles productions ? Peut-on parler d’une nouvelle relation entre l’Espagne et l’Afrique à travers le cinéma ?

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