C’est une question classique voire harassante. Y a-t-il une rentrée littéraire au Maroc ? Dans quelques semaines, après bien entendu une saison estivale marquée par des dépenses faramineuses, les Marocains passeront directement à la fête d’Aïd al-Adha, ensuite à la rentrée scolaire qui vole chaque année la vedette aux autres évènements, tout en zappant la rentrée littéraire. Et pourtant, sous d’autres cieux, en fin août, cette rentrée du livre est fêtée en grande pompe.
La rentrée littéraire est une fête populaire, un événement culturel. Au Maroc, il faudrait attendre comme à l’accoutumée que la vague de la rentrée scolaire passe pour que les éditeurs et les écrivains puissent faire connaitre leurs nouveautés au grand public. Plusieurs maisons d’édition marocaines préfèrent attendre la veille du Salon International de l’Edition et du Livre (SIEL) de Casablanca, pour présenter leurs ouvrages. En cause, le livre scolaire est le plus rentable pour le libraire. «Au Maroc, on dirait que parler du livre est une perte de temps et d’argent», nous indique Nadia Essalmi, éditrice à Yomad, une maison d’édition marocaine spécialisée dans la littérature jeunesse. «La rentrée chez nous concerne majoritairement le livre scolaire. Les librairies ramassent tout ce qui a trait à la littérature et deviennent des commerçants du scolaire», déplore t’elle. Guillaume Jobin de Casa Express Editions n’y va pas quant à lui par quatre chemins et estime que «la rentrée littéraire en septembre au Maroc est polluée par la rentrée scolaire».
Quid des éditeurs qui ne font pas du livre scolaire?
D’après Nadia Essalmi, la frénésie pour le livre scolaire «commence le mois de juillet et se termine fin septembre, ce qui veut dire que nous devons nous les éditeurs, qui ne faisons pas le scolaire, nous croiser les bras entre trois à quatre mois. Triste réalité». Or, dans d’autres pays, on trouve des maisons d’éditions qui proposent aux lecteurs de nouvelles publications à lire durant la saison estivale. Un avant-goût avant la grande rentrée. Pour favoriser l’activité des maisons d’édition durant le mois de septembre réputé pour être le mois de la rentrée scolaire, le Maroc accueillera le mois de septembre un événement littéraire et culturel consacré au livre maghrébin. L’occasion de braquer les lumières sur quelques nouveautés de la «rentrée». Selon Abdelkader Retnani, fondateur des Éditions La Croisée des chemins, le salon maghrébin qui verra la participation de 130 écrivains venus du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, de Mauritanie se déroulera le 21 septembre. Pour l’heure, le lieu d’organisation de l’évènement n’a pas encore été décidé. «Je suis en train de voir la possibilité de lancer l’événement à Oujda ou retourner à Casablanca», a-t-il déclaré à Al Bayane.
Mohamed Nait Youssef
le livre asphyxié entre la fête du mouton et la rentrée scolaire !