République dominicaine: L’opposition remporte la présidentielle

Nabil El Bousaadi

«Nous avons gagné, nous gagnons aujourd’hui mais nous n’oublierons jamais que nous devons cette victoire au peuple dominicain». Tels furent, en substance, les propos de Luis Abinader, un homme d’affaire de 52 ans, après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle qui s’est tenue ce dimanche en République dominicaine – sous le signe du coronavirus puisque les électeurs se sont rendus aux urnes le visage masqué – et, à l’issue de laquelle, il a été mis fin au pouvoir sans partage qu’a exercé sur le pays durant seize années, le Parti de la Libération dominicaine (PLD, Centre-gauche).

Candidat du Parti Révolutionnaire Moderne (PRM), Luis Abinader qui s’exprimait dimanche soir en présence de plusieurs dizaines de sympathisants réunis à son siège de campagne de Saint-Domingue, a recueilli 52,4% des suffrages exprimés au terme d’un scrutin marqué par la pandémie du coronavirus, a annoncé ce lundi la Commission Electorale Centrale. Son rival, Gonzalo Castillo, 59 ans, qui représente le PLD, le parti du président sortant Danilo Medina qui ne pouvait pas se représenter après avoir effectué deux mandats successifs de 4 années chacun, n’a recueilli, quant à lui, que 37,69% des voix.

Reconnaissant que le pays, qui compte près de 11 millions d’habitants et qui est, d’ordinaire, la première destination touristique des Caraïbes, fait face aux «défis les plus difficiles» de son histoire avec une économie bien mise à mal par la pandémie après 7 années de croissance à 5% et un tourisme qui génère 8% du PIB touché de plein fouet par la fermeture des frontières entre le 20 mars et le 30 juin, le nouveau président élu, qui ne  prendra ses fonctions le 16 Août prochain, s’est engagé à s’atteler à redonner à la population «la confiance dans les institutions démocratiques».

Et si, par ailleurs, les précédents scrutins avaient tous été émaillés de violence, il y a lieu de signaler que le vote de ce dimanche qui s’est tenu sous l’œil vigilant de 151 observateurs internationaux s’est, dans l’ensemble, déroulé dans le calme puisque seul un incident dans le quartier Simon Bolivar de la capitale ayant fait un mort et un blessé a été signalé par la police de Saint-Domingue.

L’ancien président dominicain, Leonel Fernandez (1996-2000, 2004-2008 et 2008-2012) qui a essayé de revenir au pouvoir après avoir quitté le PLD mais qui n’a obtenu, cette fois-ci, que 8,82% des voix, a immédiatement présenté ses félicitations au vainqueur.

A noter, également, que lors de ce scrutin, les 7,5 millions d’électeurs dominicains ont également désigné leur nouveau vice-président, les membres des deux chambres du Parlement (32 sénateurs et 190 députés) ainsi que 20 représentants au Parlement Centraméricain, le PARLACEN.

Enfin, si en dépit de la forte croissance qu’a connue ces dernières années la République dominicaine, le Parti de la Libération Dominicaine – au pouvoir depuis seize ans – a fait l’objet, ce dimanche, d’un vote-sanction qui l’a obligé à se dessaisir des rênes du pays, les différentes affaires de corruption et de détournement de fonds qui ont entaché sa conduite des affaires avant la pandémie du nouveau coronavirus, y sont pour beaucoup.

Le nouveau président élu, Luis Abinader, parviendra-t-il, enfin, à faire oublier ces sombres affaires de corruption, à redresser l’économie du pays et à faire retrouver à la République Dominicaine sa place de première destination touristique des Caraïbes ? Attendons pour voir…

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