SIAM

Sous le thème, une «Agriculture durable et résiliente», la capitale ismaélienne, Meknès, accueille du 26 avril au 1er mai, la 11ème édition du Salon International de l’Agriculture, le désormais célèbre SIAM. Un sigle né sous des auspices professionnels, destiné au secteur de l’agriculture mais qui a gagné en popularité, devenant très vite un grand événement médiatique et un véritable phénomène de société drainant chaque fois des milliers de visiteurs. Cette année, les organisateurs s’attendent à ce que la barre du million de visiteurs soit franchie.

L’édition de cette année, toujours très attendue, se tient néanmoins dans un environnement local et international très particulier du fait que cette année a été très irrégulière en termes de précipitations et de la perpétuation des changements climatiques devenus un souci mondial. Des donnes qui s’ajoutent aux autres contraintes et périls qui pèsent lourdement sur le rendement agricole, le niveau de vie des populations rurales et d’une manière plus générale sur la sécurité alimentaire.

Le SIAM constitue dans ce sens un moment privilégié pour prolonger la réflexion sur la situation du secteur agricole national en articulation avec les données régionales et internationales; un moment aussi pour s’arrêter sur les politiques publiques appliquées au secteur; explorer les pistes de nouvelles propositions et solutions. C’est aussi l’occasion d’évaluer l’expérience de l’ouverture de notre agriculture sur son environnement africain et de l’ensemble de ses relations internationales. Le SIAM en offre une opportunité surtout quand on apprend que cette année, ce sont plus de 1200 exposants qui sont attendus, représentant plus de 60 pays de différents continents. Et il est à rappeler aussi que le pays invité d’honneur de cette édition est les Emirats arabes unis.

435885444396-812234143588Certes, les dysfonctionnements structurels de notre agriculture sont connus et perçus de longue date. Le SIAM permet, cependant, de les remettre au-devant du débat public. Des dysfonctionnements inhérents à la nature des propriétés, des exploitations et de la gestion du foncier agricole d’une manière générale. A cela s’ajoutent d’autres aspects comme le défi des ressources hydrauliques qui appellent à repenser toute une nouvelle approche de leur économie; les conséquences négatives des mutations que connaît l’environnement sur les activités agricoles…le défi majeur étant l’amélioration du niveau de vie des populations du monde rural pour leur assurer les infrastructures adéquates ; les services sociaux répondant à leur besoin avec le droit à toutes les catégories de la population (enfants, femmes, troisième âge…)  dans une vie digne en faisant de l’agriculture une activité génératrice de revenus…Ces dysfonctionnements sont aujourd’hui doublés de facteurs aggravants que connaissent l’ensemble des pays du monde comme la rareté de l’eau, les défis de l’énergie renouvelable ; bref, une agriculture répondant aux normes d’une économie écologique et durable.

Notre pays a accumulé une politique qui a marqué des points positifs à plusieurs moments de son évolution. Des réformes et des stratégies sont mises en place depuis quelques années. Pour bâtir une nouvelle approche, on ne saurait ne pas apprécier les efforts fournis et les résultats importants obtenus ici et là, à un niveau ou un autre. Sauf que les défis que connaît ce secteur ou qu’il est appelé à connaître sont cruciaux : les paramètres environnementaux dont nous n’avons pas la maîtrise appellent à davantage de vigilance et de persévérance dans l’approche de la question agricole. Sa nature stratégique, en outre, dicte la nécessité de redoubler d’efforts en matière de politique publique pour mobiliser plus de moyens matériels et humains. Une ingénierie globale qui devrait interpeller également, au-delà des pouvoirs publics, le secteur privé, eu égard à l’importance des enjeux nationaux du secteur.

L’agriculture impacte directement la vie quotidienne de millions de marocains ; elle est fondamentale pour assurer la sécurité alimentaire du pays mais elle peut aussi, en tant qu’activité d’exportation, contribuer à dynamiser le secteur de l’emploi et être une source de devises, améliorer le niveau du produit intérieur brut…Autant d’arguments qui plaident en faveur de prolonger l’effort national pour une agriculture porteuse de valeur ajoutée pour l’ensemble du pays.

Et ce n’est pas la moindre des vertus du SIAM que de le rappeler. L’écho qu’il suscite chez l’ensemble des citoyens le conforte sur cette voie.

par Mahtat Rakas

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