Slovaquie : Peter Pellegrini accède à la présidence de la République

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Allié du gouvernement populiste du Premier ministre Robert Fico, l’économiste Peter Pellegrini est sorti victorieux, samedi 6 Avril, du deuxième tour de l’élection présidentielle slovaque en recueillant plus de 53,2% des suffrages exprimés et en devançant très largement le diplomate pro-européen Ivan Korcok qui, après le dépouillement de 99,8% des bulletins de vote, n’a obtenu que 46,8% des voix au terme d’une élection où le taux de participation a atteint 61,12%.

Agé de 48 ans, Peter Pellegrini qui succède, ainsi, à la libérale Zuzana Caputova, avait déjà été ministre dans les précédents gouvernements de Robert Fico et avait même remplacé ce dernier, en 2018, lorsque son gouvernement avait été mis en cause quand le journaliste d’investigation Jan Kuciak et sa fiancée furent abattus dans leur domicile et que, dans son dernier article publié, à titre posthume, le défunt avait mis à nu les liens qui unissaient le gouvernement slovaque à la mafia italienne.

En prenant la parole dès la proclamation officielle des résultats, Peter Pellegrini a déclaré que cette victoire lui confère « une grande satisfaction » car elle lui permet d’être « un président qui défendra les intérêts nationaux de la Slovaquie » et qui fera tout ce qu’il faut pour que la Slovaquie puisse rester « du côté de la paix et non du côté de la guerre ».

En acceptant sa défaite, Ivan Korcok, qui fut ministre des Affaire étrangères en 2021 et 2022, a tenu, pour sa part, « à féliciter le vainqueur de l’élection », émis le souhait de voir ce dernier agir « selon ses propres convictions et sans ordres » – faisant, par-là, une allusion claire et sans équivoque à l’alliance qui verra le jour entre le futur président et le Premier ministre Robert Fico – mais a, néanmoins, reproché à son adversaire d’avoir mené « une campagne non transparente » qui a démontré « qu’il est possible de devenir président de la République slovaque en propageant de la haine ».

Pour rappel, lors d’un débat télévisé entre les deux candidats, Peter Pellegrini avait tenu à préciser qu’il se « présente à la présidence pour sauver le gouvernement » ; ce à quoi Ivan Korcok avait rétorqué : « Vous voulez protéger le gouvernement, moi je veux protéger la Slovaquie ».

Mis en place en Octobre dernier, le gouvernement de Robert Pico qui comprend le parti SMER du Premier ministre, le Hlas-SD de Peter Pellegrini et le SNS, un petit parti d’extrême-droite, avait fini par appeler à la paix avec Moscou et, par voie de conséquence à remettre en cause la souveraineté de Kiev et interrompre l’aide militaire qu’il lui apportait à telle enseigne que la question de la guerre d’Ukraine a dominé cette campagne électorale.

Aussi, la victoire de Peter Pellegrini pourrait fort bien infléchir la position de la Slovaquie vis-à-vis de la Russie du moment que ce dernier a tenu à assurer que le pays continuera à être « un membre fort » de l’Union européenne et de l’OTAN car même si les pouvoirs du Président sont limités, ce dernier qui est le chef des armées, ratifie les traités internationaux, nomme les principaux juges et peut, également, opposer son véto aux lois adoptées par le Parlement.

Enfin, si, comme l’a rappelé Ivan Korcok, Peter Pellegrini a gagné parce que « son pari sur la guerre [d’Ukraine] a été payant et qu’il a su mobiliser les électeurs de la coalition », attendons pour voir…

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