Suède: Pourparlers de paix inter-yéménites

Désireuse de mettre un terme à cette interminable guerre qui a détruit le Yémen et dont paie les frais une population civile victime, depuis près de quatre années,  de famine et de raids aériens meurtriers, la Suède a accueilli, ce jeudi matin, des pourparlers de paix.

Ceux-ci se tiennent sous l’égide de l’O.N.U., entre, d’un côté, le gouvernement de Abd Rabbo Mansour Hadi soutenu par l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis et contrôlant le sud et une bonne partie du centre et, de l’autre, les «houtis», rebelles chiites aidés par Téhéran qui occupent Sanâa, le nord et une bonne partie de l’ouest.

Ces négociations, dont la durée n’a pas été fixée, se déroulent dans le centre de conférences du château de Johannesberg, à une soixantaine de kilomètres de la capitale suédoise.

Appelant les belligérants à «accepter le principe fondamental des concessions dans toute négociation» et se félicitant de l’acceptation du dialogue par les deux parties même si une source diplomatique au Conseil de Sécurité des Nations-Unies a déclaré à l’AFP nourrir de «très maigres espoirs » quant à l’aboutissement de ces discussions, l’émissaire onusien, Martin Griffiths, qui refuse de paraître «trop optimiste» mais qui se dit, tout de même, «ambitieux», estime, pour sa part, que ces pourparlers constituent une excellente opportunité à même de remettre, sur le chemin de la paix, un pays dévasté par quatre années de guerre et dont la population vit la pire crise humanitaire de son histoire.

D’après un rapport de l’ONU, ce sont 80% de la population yéménite, soit près de 24 millions de personnes qui, aujourd’hui, ont «besoin d’une protection et d’une assistance humanitaire».

Il y a lieu de préciser, par ailleurs, que ces pourparlers ont été favorisés, d’une part, par la forte pression internationale exercée sur l’Arabie Saoudite à la suite de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et, d’autre part, par l’évacuation vers Oman, lundi dernier, de 50 rebelles blessés en prélude à un prochain échange de prisonniers.

Peu avant l’ouverture de ces négociations de paix, les deux parties avaient  posé certains «préalables». Les représentants du gouvernement ont exigé «le retrait intégral» des rebelles de la ville de Hodeida, située à l’ouest du pays et d’où transite la plus grosse partie de l’aide humanitaire et, de leur côté, les «houtis» ont menacé d’empêcher les avions de l’ONU d’utiliser l’aéroport de la capitale Sanaa si les pourparlers ne permettent pas la reprise du trafic aérien civil.

Mohammed Abdessalam, qui dirige la délégation des «rebelles» a assuré que ces derniers «n’épargneront aucun effort pour faire réussir ces pourparlers» même s’il convient de «rester vigilants contre toute tentative d’escalade militaire sur le terrain» alors que Mouammar Al Iryani, le ministre yéménite de l’Information, a déclaré que la délégation gouvernementale «emmène avec elle les espoirs des Yéménites de mettre fin au putsch et de rétablir l’Etat».

Ainsi, même s’il n’est pas certain que ces pourparlers amèneront une paix définitive et durable dans le conflit yéménite, il faut reconnaître, tout de même, que les négociateurs des deux côtés se trouvent sous la pression de leurs parrains respectifs et que ces derniers, eux-mêmes, n’ont pas les coudées aussi franches qu’il y parait.

En effet, l’Arabie Saoudite, enlisée dans le conflit depuis mars 2015, va être obligée de faire des concessions d’abord parce qu’elle ne voit plus la nécessité de son intervention dans un tel bourbier puis à cause des pressions qu’exercent sur elle non seulement Washington mais les chancelleries du monde entier depuis le déclenchement de la sinistre affaire Khashoggi.

De l’autre côté, la République islamique d’Iran va, elle aussi, se trouver contrainte de lâcher du lest d’abord à cause des sanctions américaines puis parce que, comme l’a dit à France 24, Marc Goutalier, politologue et consultant à l’Observatoire des pays arabes, elle a «à cœur de jouer les bons élèves sur la scène régionale afin de convaincre ses partenaires européens qu’elle peut stabiliser la région».

Au vu de tout ce qui précède, est-il permis de croire à la paix ? Rien ne l’interdit même si le chemin qui y mène n’est pas parsemé de roses alors attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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