Tanger: Face à un relâchement patent, les autorités durcissent les contrôles

Karim Ben Amar

Tanger est, déjà depuis quelques semaines, au centre de toutes les préoccupations. Depuis la levée du confinement obligatoire, un relâchement s’est fait ressentir dans les quatre coins de la ville. Les autorités compétentes n’ont eu donc d’autre choix que de répondre par la fermeté. Augmentation des contrôles, limitation de la circulation, déploiement d’effectif supplémentaire, contrôle de plus en plus exigeant, les forces de l’ordre, aujourd’hui plus que jamais, veillent à la préservation de la santé publique. Les détails.

Tanger la nocturne s’est découverte, en cette période d’état d’urgence sanitaire, un coté diurne. La ville, plus encore en période estivale, ne vit que la nuit, et se trouve à l’arrêt dès 23H. Une fois l’heure fatidique passée, il est impossible de se trouver ne serait-ce, qu’une miche de pain. Les épiciers ferment, tous, boutique.

Mais une fois n’est pas coutume, des commerçants totalement inconscients des répercussions juridiques, ainsi que des risques sanitaires que cela représente, bravent l’interdit en vendant leurs produits sous le manteau.

Dans plusieurs quartiers de la ville, quelques épiciers, cafés, sandwicheries ne respectent pas le couvre-feu en vigueur. Attirés par l’appât du gain, ces commerçants restent ouverts, rideaux baissés, jusqu’à très tard le soir.

L’équipe d’Al Bayane a repéré en cette fin d’août, vers minuit, une épicerie «clandestine», non loin du souk du quartier M’salah. Rideau presque entièrement baissé,  les clients, en se courbant, pénétraient, discrètement, dans l’épicerie et cela un par un. A l’intérieur, trois jeunes s’activaient pour servir en un temps record le client, afin d’éviter toute affluence et ainsi ne pas se faire prendre la main dans le sac par les forces de l’ordre.

Non respect des règles d’urgence sanitaire…

Le cas de ce commerce n’est pas isolé. Certains d’entre-deux, sans scrupule, n’hésitent même pas à pratiquer des tarifs non réglementaires, à l’image de la bouteille d’eau qui est vendue à 6 DH au lieu de 5DH.

Les cafés aussi ne sont pas en reste. Le dimanche 23 août, jour de finale de la Ligue des Champions, les autorités ont sommé les salons de thé à clôturer dès 18H au lieu de 22H afin d’éviter toute diffusion du choc européen. Mais voilà que le lendemain, soit le lundi 24 août, de nombreux aficionados du ballon rond se sont plaints du fait que certains cafés de la ville ont diffusé le match en catimini, violant ainsi la règle de la fermeture à 18H, édictée spécialement pour l’occasion. De plus, d’après une source présente dans un café «clandestin» dans le quartier «Playa», le prix de la consommation a été pour l’occasion, multiplié par deux.

Les pizzerias, shawarmas ou autres laiteries ont aussi une part de responsabilité. Toujours dans le quartier «Playa», et plus précisément dans l’avenue de New York, malgré les 23H passées, un commerce de type restauration rapide sert encore et toujours des casse-croûtes à la va-vite, générant un vacarme nuisible pour le voisinage ainsi qu’un attroupement malvenu en ces temps de pandémie.

Face à cet irrespect flagrant des règles de sécurité sanitaire, les autorités compétentes ont changé de ton avec ces «irréductibles». Les descentes dans les cafés sont désormais très fréquentes. Quotidiennement, les éléments des forces auxiliaires font des tournées dans les cafés afin de rappeler aux tenants des lieux les règles à respecter sous peine d’amende, ou pire encore, de fermeture.

Les sandwicheries, même les plus suspectes, ne servent plus à la vue de tous. Depuis quelques jours déjà, à Tanger, des commerces bravent l’interdit et servent les clients certes, mais la peur au ventre. Au moindre passage d’une voiture, c’est la panique à bord. La question qui se pose alors est : «est-ce la police?».

Masques : des PV à tout va…

Dans les rues aussi, il y a du changement dans l’air. Tout piéton ne portant pas le masque de protection risque de se faire dresser un PV à tout va. De nombreux Tangérois ont en effet payé l’amende de 300 DH pour défaut de port du masque. Aussi, pour les individus n’ayant pas respecté les mesures de sécurité sanitaire, et ne disposant pas de la somme de 300 DH, ils sont priés de suivre les agents de police jusqu’au commissariat afin d’y signer un engagement sur l’honneur. Après avoir relevé l’identité et les empruntes du contrevenant, il peut disposer en sachant pertinemment qu’à la prochaine infraction, il devra passer à la caisse.

A Tanger, depuis les tristes records des cas de contaminations survenus ces dernières semaines, des éléments supplémentaires sont venus garnir les rangs des forces de l’ordre. Sur le qui-vive de jour comme de nuit, ils exhortent les Tangéroises et Tangérois aux respects des mesures salutaires. Des véhicules de police, équipés de haut-parleur, sillonnent les rues de la perle du Détroit en rappelant à tout un chacun l’attitude à adopter en temps de pandémie.

Depuis le dimanche 23 août dans la soirée, une nouvelle règle est venue s’ajouter aux précédentes. Désormais, les piétons ne sont plus autorisés à se promener sur la Corniche à partir de 22H. Cette restriction de circulation a été mise en place afin d’éviter des rassemblements d’un bout à l’autre de la Marina de Tanger.

Le bilan des cas positifs à la Covid-19 a baissé considérablement ces derniers jours à Tanger. Le lundi 24 août, sept cas positifs ont été enregistrés. Ce chiffre a d’ailleurs réjoui de nombreux autochtones. Mais pour que la tendance reste à la baisse, peut-être que les forces de l’ordre doivent impérativement continuer sur leur lancée et serrer la vis…

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